18/02/2019 (Brève 1298) La commission rogatoire sur Mohamed Kadamy, une parade de Guelleh pour emmerder la justice française. (Hassan Cher site HCH24)

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Djibouti / France : La commission rogatoire sur Mohamed Kadamy, une parade de Guelleh pour emmerder la justice française.

L’Enquête sur le supposé financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy a été et est toujours largement relatée dans les médias occidentaux et particulièrement français.

Mais ce qui nous intéresse dans cet article n’est pas le pourquoi et comment de cette enquête, mais plutôt l’influence indirecte d’Ismaël Omar Guelleh dans l’instruction du dossier.

Dans un échange téléphonique entre Dominique de Villepin et Alexandre Djouhri datant de 2017, ce dernier avait formellement savoir que Wahib Nacer, un témoin clé de l’enquête sur le supposé financement libyen de Sarkozy, ne tomberait pas dans la main de la justice française, un extrait de cette conversation : « L’un des virements qui a été effectué viendrait d’un certain Monsieur… d’un certain compte “Bedos”, qui serait un compte qui aurait servi, enfin, qui serait une coquille pour… une société offshore panaméenne par laquelle auraient transité des montants qui auraient servi à l’opération de la villa de Mougins, poursuit l’ancien premier ministre.

— Qui s’appelle Bedos ? Comme Guy Bedos ? Bedos ? répond sans rire Djouhri.

— Écoute, oui, dans mon souvenir, c’est ça qu’ils m’ont dit, oui. Bedos. Et donc, évidemment, ça alimente des questions, voire le soupçon sur la nature même de la relation contractuelle. Ça donne le sentiment d’une confusion.

— Alors là, je vais te dire, tu risques absolument rien, interrompt Djouhri. Parce que Monsieur Bughsan comme Monsieur Wahib sont absolument pas résidents français…

— C’est pas le sujet, tente de corriger Villepin. — Ça, c’est du baratin ! s’exclame l’intermédiaire. Parce que t’as toujours traité avec Khaled Bugshan. Donc, de toute façon, quoi qu’il arrive, d’un compte, c’est Khaled Bugshan qui a donné l’autorisation…

— C’est évident puisque moi j’ai traité avec lui…, poursuit Dominique de Villepin. Mais c’est quand même désagréable.

— Je comprends que tu penses que c’est désagréable, et à juste titre, rebondit Djouhri, parce qu’en fait, ils ont juste une ambition, c’est de nourrir le soupçon. Parce que je peux te dire que dans tout ce qu’ils racontent, et j’en sais beaucoup, il y a aucun délit, ils racontent n’importe quoi, y a absolument pas d’argent illicite, y a jamais eu de vol de qui que ce soit, de la part de qui que ce soit… »

Cette assurance d’Alexandre Djouhri confirme que Wahib Nacer a la garantie du régime clanico-mafieux de Djibouti et en particulier du patron Guelleh.

++ Pourquoi ?

D’après des proches de Guelleh, déjà enlisé jusqu’au cou dans l’assassinat du feu juge Borrel, le président djiboutien ne fait plus confiance à la justice française et préfère ainsi garder Wahib Nacer auprès de lui, à Djibouti. Vu que Wahib Nacer a aidé Guelleh et son entourage dans plusieurs affaires louches, tel que le projet de la centrale solaire de 300 MW du Grand Bara dont le marché a été attribué de gré à gré à une société dont le siège social s’est avéré être une boîte aux lettres. La société « Green Enesys » de 18 000 euros de capital est basée dans la ville de Baar du canton de Zoug en Suisse. C’est projet, qui n’est qu’un éléphant blanc, engloutira 360 millions d’euros de dette. Les proches de Guelleh rajoutent qu’il existe pleins d’autres affaires en occident, particulièrement en France — Suisse et Angleterre, qui lient le régime clanico-mafieux de Djibouti et Wahib Nacer et ce dernier a l’assurance qu’il ne sera pas livré à la justice française.

La preuve, dans l’instruction de l’enquête sur le supposé financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, la demande d’entraide pénale internationale des juges Serge Tournaire, Clémont Herbo et madame Aude Buresi a été délivrée le 24 avril 2017. par la justice française. Cette demande d’entraide judiciaire entre Djibouti et la France avait été gardée depuis dans un tiroir du bureau de Guelleh et non à la justice djiboutienne comme toute affaire d’instruction pénale.

Pour bloquer cette demande d’entraide pénale internationale de la justice française, Guelleh ordonne à tous les membres de son cercle restreint de se creuser les méninges pour trouver une parade qui lui permettrait de rejeter la demande française susmentionnée. Ainsi, la demande d’entraide pénale de la justice française voyage d’un mabraz (salon qu’on se retrouve pour mâcher le khat) à un autre. La solution pour Guelleh viendra au début 2018 suite à une crise entre la progéniture de Dabalé.

Cette affaire fait tilt chez Guelleh qui ordonne de faire ressortir l’instruction de l’affaire de l’attaque de Marawleh. Sachant bien qu’il sera difficile, pour plusieurs raisons, que la justice française exécute une demande rogatoire concernant un réfugié politique, la juge Lamisse Mohamed, sur ordre de la présidence djiboutienne, émet le 3 juin 2018 une commission rogatoire internationale contre Mohamed Kadamy, le président du FRUD armé, vivant à Paris.

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La justice française convoque Mohamed Kadamy, pour une première comparution, le 13 février 2019 et la justice djiboutienne convoque, à son tour, Wahib Nacer le 17 février 2019.

À cette stade et suite aux informations circulantes dans les milieux de la mafia djiboutienne, si la France n’exécute pas la doléance de Guelleh qui est de lui livrer sur un plateau le vieux Mohamed Kadamy, l’instruction de l’enquête sur le supposé financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy devra s’en passer un des témoins clés de l’affaire, en l’occurrence Wahib Nacer, un djiboutien arabe et de mère Hassoba/Afar.

Tout le monde pense à Djibouti que l’affaire de Kadamy est une parade de Guelleh pour emmerder la justice française contre laquelle, il a une dent depuis l’affaire de l’assassinat du juge Borrel à Djibouti.

D’ailleurs, un de ces proches m’avait dit en 2005 qu’Ismaël Omar Guelleh avait tenu les propos suivants au cours d’une séance de Khat : « J’allais débourser tout l’argent que ça me coûterait pour tuer la justice française si elle était une entité physique, mais malheureusement c’est une entité morale. »