26/05/2019 (Brève 1397) La voix au chapitre -Djibouti : les voix de notre diaspora (Nantes, journée Panafrikaine)

LA VOIX AU CHAPITRE : AÏNACHÉ – le 25/05/2019 à Nantes
LES VOIX DE NOTRE DIASPORA

++ La diaspora Djiboutienne est très active et très vigilante.

Grâce aux réseaux sociaux, nous suivons quotidiennement ce qui se passe au pays dans tous les domaines : politiques, économiques et sociaux.

A chaque fois que nous avons connaissance de nouveaux agissements anti démocratiques du pouvoir en place, nous les dénonçons avec fermeté et diffusons le plus largement possible ces informations pour pallier au silence ou à la désinformation du pouvoir en place.

La diaspora est ainsi solidaire de ces femmes et de ces hommes demeurés au pays et qui ne peuvent s’exprimer sans mettre leurs vies en péril.

Nous venons d’un pays
de 23 200 kilomètres carrés et de moins d’un million
d’habitants.

Nous venons d’un pays
où la démocratie est morte avant de naître.

Le mois de juin prochain, nous célébrerons notre quarante-deuxième année d’indépendance sous une même dynastie qui ne cache plus sa volonté de se maintenir au pouvoir, un pouvoir dont elle profite grassement en pillant son peuple.

Notre pays a la chance d’être jeune avec un âge moyen de vingt ans.

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Quel contraste avec la vieille dynastie au pouvoir.

Pratiquant le népotisme, le premier Président a installé son neveu à défaut du fils qu’il n’a pas eu.

Les Djiboutiens n’ont jamais connu l’espoir, ils n’ont pas connu la grande allégresse de voir arriver l’homme nouveau, le jeune dirigeant  qui placerait leur pays à la lumière de la liberté, du développement et du partage.

Un vent de démocratie souffle
aujourd’hui en Afrique,  un grand souffle inhabituel est d’abord venu de notre grand voisin l’Ethiopie.

Un frémissement annonciateur de temps nouveaux est en train de naître au Soudan.

L’Algérie nous montre la voie en refusant une cinquième réélection qui bafoue les lois de la décence…

J’émets le vœu que, de ces justes révolutions, naissent l’aube d’un pouvoir digne et intègre.

++ Et nous, Djiboutiens ? que faisons-nous ?
Alors qu’ailleurs, se lèvent les femmes et les hommes pour prendre leur destin en mains.

  • Nos dirigeants sont figés dans leurs positions.
  • Toute voix discordante est muselée.
  • Aucun organe d’information n’est autorisé hors celui du pouvoir.
  • Les sites internet, critiques envers le pouvoir, sont systématiquement  censurés.
  • Les manifestants sont tirés à bout portant.
  • Les opposants sont pourchassés jusqu’à l’étranger.

Alors que notre pays adhère à toutes les conventions et les organisations internationales, le pouvoir djiboutien  foule au pied les droits de l’homme.

Nous venons d’un pays
où le pouvoir se gargarise d’une croissance de 7%.

Cette croissance dépend presque exclusivement de l’activité portuaire, de la présence militaire et des financements internationaux.

Le plus grave, le plus indigne, c’est que cette rente colossale ne profite pas à la population.

Plus de 80 % environ des 940 000 Djiboutiens, vivent encore et toujours sous le seuil d’une pauvreté criante.

Les jeunes sont désespérés.  Diplômés ou pas, ils cherchent à quitter leur pays à tout prix et au risque insensé de perdre leurs vies.

++ Les grandes puissances convoitent notre pays.
Cinq bases militaires pour sept pays : France , Allemagne , Espagne, Italie, États-Unis d’Amérique, Japon et la Chine.

D’autres nations frappent à notre porte.

Ces grandes puissances permettent au régime en place d’avoir les coudées franches pour se maintenir au pouvoir.  Elles ferment les yeux sur les exactions commises sur la population.

Le pouvoir profite aussi pour se maintenir des différents trafics illicites, de l’endormissent du peuple avec le khat (plante euphorisante) et malheureusement de la division des opposants.

La cohabitation d’un petit territoire de 23.200 km2 avec ces grandes puissances ne peut pas rester sans conséquence.

++
Alors, quel espoir pour notre pays ? 

Quelle marge de manœuvre pour nos concitoyens ?

Nos parents, nos amis restés au pays sont désinformés, manipulés, bâillonnés, menacés, méprisés et désenchantés. Ils comptent sur nous,  leur diaspora.

C’est pourquoi, sans relâche, nous parlons, comme ici, lors de ces rencontres de la 15ème journée Panafrikaine à Nantes.

Merci de m’avoir donné cette opportunité.

AÏNACHÉ