03/09/2019 (Brève 1455) En savoir plus : un point complet sur la situation judiciaire ahurissante des 6 enseignants.

Avec l’aide du Président de la LDDH, nous avons essayé de regrouper toutes les informations concernant les faits qui seraient reprochés aux 6 enseignants incarcérés à Gabode et aussi leur parcours judiciaire « impossible » dans un pays de Droit ….

En effet, sachant que l’audition devant la Cour suprême est le troisième niveau de juridiction, nous voulions connaître les étapes précédentes…. Eh bien, encore une fois le Procureur de la République et le parquet ne vont pas ressortir « grandis » par leur inféodation au service du clan mafieux au pouvoir.

++ 1°) D’abord les faits qui seraient reprochés aux enseignants.
Déjà sur ce point les motivations de leur accusation ne sont pas claires, car les versions divergent suivant les jours.

  • A l’origine ils étaient accusés d’avoir voulu déstabiliser LE MENFOP au moment du BAC.
  • Parfois l’accusation porterait sur des soupçons de vente des sujets du Bac à des candidats.
  • Mais à d’autres moments ils seraient accusés de harcèlement sexuel sur des élèves. Curieusement les victimes supposées qui ont été interrogées « efficacement » par les services de Police ont refusé de déposer plainte et n’ont jamais cessé d’affirmer que les relations dont il est question était parfaitement consentie.

Bref comme toujours dans ce régime ou l’impréparation domine, on tergiverse et on prend des décisions sur l’instant. Au final, c’est la cacophonie, avec pour principale sanction, la perte totale de crédibilité.

Chacun pourra se faire sa propre idée, mais à notre avis (qui est aussi celui des avocats consultés), le dossier est vide de toute preuve qui pourrait même démontrer le début d’une faute de la part des étudiants.

Cependant, comme cela est la règle en Principauté de Pacotilles, les services spécialisées (suivez mon regard…) auraient torturé affreusement ces six enseignants pour tenter d’obtenir des aveux. Malgré cela les tortionnaires dévoués du régime n’auraient rien obtenu … parce qu’il n’y avait rien à obtenir….

++ 2°) Maintenant le parcours judiciaire est hallucinant.
Dire que Guelleh ose prétendre qu’il assume la Présidence d’un pays de Droit, il y aurait de quoi se tordre de rire, si la liberté et la vie d’honnêtes fonctionnaires au service de la Nation et de l’instruction de sa jeunesse, n’étaient pas concernées.

Lisez attentivement ce qui suit et à la fin si vous estimiez que ce n’est pas de l’acharnement éhonté, il serait grand temps de rallier de toute urgence les proches de Guelleh, car comme eux vous seriez totalement et désespérément irrécupérable…. (Sic)

D’abord les accusations de vente des sujets du Bac ont été désavoués … par le Secrétaire général du MENFOP. C’est dire combien la crédibilité de cette accusation est infondée et sans preuve. Alors pour justifier l’accusation, le Secrétaire général a déclaré qu’en fait, les six étudiants auraient tenté de déstabiliser le MENFOP. Terme bien vague qui permet d’accuser sans preuve …

Ils ont donc été incarcérés sur demande du Parquet. Lors d’une audience devant le
juge de premier niveau, ils ont obtenu de ce dernier leur remise en liberté. Aussitôt le Procureur, balayant la décision souveraine du juge les a fait replacer en détention. Illégal bien sûr.

Selon la procédure, ils ont été convoqués ensuite par un Juge d’appel (niveau 2) qui n’a pu que confirmer le premier jugement (puisque le dossier est vide) et prononcer la remise en liberté. Eh bien, tenez-vous bien, le Procureur ignorant volontairement ce jugement, les avait fait rentrer de nouveau à Gabode…. en toute illégalité et en plus pour les humilier davantage ils les a fait incarcérer avec les prisonniers de droit commun …

L’affaire est tellement énorme et le déni de justice tellement flagrant que les avocats des enseignants ont jeté l’éponge, estimant qu’ils ne pouvaient pas exercer leur métier de défense des inculpés dans la mesure où le Procureur prenait toutes ces décisions sans aucun respect pour le caractère contradictoire, propre à l’exercice d’une justice libre et transparente

Au final, confrontés au dictat d’un Procureur particulièrement irascible,
peu scrupuleux et qui ne respecte pas les décisions de Justice, les six enseignants ont décidé une grève de la faim.

Tant qu’il a pu le faire, le régime a volontairement occulté cette information qui n’a été connue que lors de la visite hebdomadaire autorisée pour les familles, d’où un certain affolement dans les coulisses du Palais et la décision, en urgence absolue d’une nouvelle convocation devant la Cour suprême (niveau 3)

Après trois jours de grève l’un d’eux Kassim Abdoulkader Mohamed a perdu connaissance
et son évanouissement a duré 4 heures. En dépit de cette alerte vitale, la direction de Gabode n’avait pas jugé nécessaire de le faire transférer d’urgence à l’hôpital…..

++ 3°) la suite et ce que peut faire la diaspora
Il convient d’attendre le jugement de la Cour suprême après la nouvelle comparution programmée (rappelons-le dans l’urgence, compte-tenu de l’impact international de cette affaire pour le dimanche 8 septembre. Entre temps, chacun doit se mobiliser pour médiatiser l’affaire auprès des autorités et de la presse de son pays d’accueil, sans oublier les ONG.

Guelleh ne comprend que cela et nous savons que le régime tient à éviter à tout prix, que la communauté internationale se saisisse du problème, ce qui nuirait à l’image de son régime déjà tellement dévalorisé.

La Cour peut décider leur relaxe pure et simple, leur remise en liberté mais avec convocation pour être jugés sur des faits qui sont bien flous ou leur condamnation
pour ces mêmes faits.

La mobilisation de la diaspora et de l’opinion internationale est capitale pour faire appliquer la Justice. On sait que le régime de Guelleh est très sensible à tous les événements qui pourraient ajouter une nouvelle défiance sur son régime discrédité.

Chacun doit alerter les autorités, les ONG et la presse de son pays d’accueil sur ces faits qui se déroulent à Djibouti et qui impliquent l’incarcération d’honnêtes enseignants