21/10/02 Le bâton sans la carotte. Le Ministre menace, à nouveau, les enseignants djiboutiens en grève. Va-t-il faire appel à des renforts d’enseignants étrangers, au détriment des enfants djiboutiens, qu’il met en vacances anticipées et forcées, pour « briser » la grève ? (Voir la dépêche de l’ADI)

DJIBOUTI/DISCOURS DU MINISTRE DE L’EDUCATION
Le Ministre de l’Education nationale et de
l’Enseignement supérieur, M. Abdi Ibrahim Absieh a
lors d’une intervention télévisée exhorté les
enseignants à plus de pondération suite à un mouvement
de grève impromptu intervenu durant cette semaine.

Djibouti – (ADI) – 20 octobre – Le ministre de
l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur,
M. Abdi Ibrahim Absieh a lors d’une intervention
télévisée exhorté les enseignants à faire preuve de
plus de pondération. Et cela suite à un mouvement de
grève impromptu de la part de certains enseignants du
Premier et Second degrés.

Dans son allocution, le responsable a tout d’abord
tenu à rappeler que la sollicitude du Gouvernement
envers le corps pédagogique a été clairement affirmée
dès le début de cette rentrée scolaire 2002/2003 ;
particulièrement en ce qui concernait le versement des
salaires.

Le ministre a souligné à l’intention des enseignants
que  » depuis plus d’un an, le salaire vous a été régulièrement versé tous les trente à trente-cinq jours, et vous avez toujours été les premiers à être payés par rapport aux autres fonctionnaires de l’Etat. « 

Il a par ailleurs rappelé qu’il a toujours prôné le
dialogue et la concertation pour résoudre les
éventuelles difficultés susceptibles de perturber la
dynamique enclenchée cette année pour la Nouvelle
Ecole Djiboutienne, insistant sur sa disponibilité à
écouter l’ensemble des acteurs du système éducatif.

De ce fait le ministre a jugé inadmissible les
agissements et le comportement de certains pour la
circonstance. Il a indiqué par conséquent que  » le
Gouvernement a décidé d’avancer les vacances
interruptives de la première période de cette année
scolaire.  » En effet a t-il ajouté  » ces vacances
débuteront dès demain lundi 21 octobre et la reprise
aura lieu le lundi 28 octobre 2002 au matin.  »

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Le malaise des enseignants (Note de l’ARDHD)

Pourquoi
des grèves à répétition dans l’enseignement à
Djibouti ?

Réponse : parce
qu’il y a un malaise !

Quel est ce malaise
?

Réponse : il est
double.

1 – Le montant du
salaire et la régularité des paiements.

Les enseignants voudraient
être bien et mieux payés. En cela, le Ministre a raison de leur
dire qu’ils ne sont pas les seuls à avoir les mêmes ambitions
et à vouloir toucher leur salaire…

Mais est-ce une bonne
raison. Le métier d’enseignant est un métier qui demande une
formation, des compétences et un engagement. Il mérite donc
un salaire décent, ce qui n’est pas le cas à Djibouti, et un
salaire effectivement payé sans retard, ce qui n’est pas le cas non
plus.

2 – La considération.

Il est clair que
le régime se moque de l’enseignement comme de sa première barboteuse
… Nous l’écrivions, le plus haut personnage a du poursuivre ses études
qu’il n’a jamais réussi à rattraper. Enfin, bref.

Les enseignants ont besoin
de moyens : des classes acceptables et entretenues, des fournitures scolaires,
etc.. Le régime de Guelleh reçoit des aides importantes, mais
elles n’arrivent jamais dans l’enseignement. Où passent-elles ? Les
écoles sont dans un état de délabrement total. La photo
ci-dessous donne une vision exagérément embellie, car d’autres
quartiers, c’est bien pire encore et ne parlons pas du Nord du Pays.


École de Jamale

Que
se passe-t-il alors ?

Une majorité des
enseignants fuient le pays et se retrouve en majorité à Bruxelles
ou au Canada. Ceux qui restent doivent assumer une tâche de plus en
plus lourde, sous la tutelle d’ignorants qui les considèrent comme
un mal à peine nécessaire, uniquement pour la galerie internationale.
On interpelle, on emprisonne, on garde à vue …

Le gouvernement importe
des enseignants étrangers. Nous n’avons rien contre eux. Mais il faut
se demander s’ils ont le niveau suffisant pour prendre en charge la formation
de la jeunesse et le temps qu’il leur faudra pour s’imprégner de la
culture et des dialectes / langues locaux.

Comment réagit
le Ministre ?

Il brise la grève
en anticipant les vacances scolaires. Du jour au lendemain, les parents ont
appris que les enfants n’avaient plus classe, parce qu’un Ministre imbu de
lui-même, arrogant et inculte, a pensé tenir une bonne solution
pour changer le nom de la crise : la grève devient des vacances.

On verra ce que les enseignants
décideront, mais qu’ils soient assurés de notre sympathie et
de notre soutien.