14/01/03 (B180/2) AFP : Les espoirs déçus des premières élections multipartites de Djibouti
14 jan (AFP) – Les élections législatives du 10 janvier à
Djibouti, premier scrutin vraiment multipartite depuis l’indépendance
en 1977, n’ont guère changé le paysage politique: l’Assemblée
nationale reste aux couleurs exclusives des partisans du chef de l’Etat.
Et l’opposition crie à
la fraude. Avec plus d’un tiers des voix, selon les résultats du gouvernement,
elle n’est pas représentée au Parlement, assemblée monocolore
qui ressemble fort à celles de l’époque du parti unique (1977-1992).
Le Conseil constitutionnel
a confirmé mardi les résultats donnés le 11 janvier par
le ministère de l’Intérieur: 65 sièges à l’Union
pour la majorité présidentielle (UMP) qui soutient le président
Ismaël Omar Guelleh, un Issa de 55 ans.
Aucun pour l’Union pour
l’alternance démocratique (UAD), la coalition de quatre partis de l’opposition
menée par l’ancien chef de la rébellion afar, Ahmed Dini, 70
ans.
Depuis l’indépendance
de cette ancienne colonie française de la Corne de l’Afrique, en proie
à une rébellion afar de 1991 à 2001, l’opposition n’a
jamais été représentée à l’Assemblée.
De 1992 à 2002,
alors qu’une vague d’élections démocratiques balayaient le continent,
Djibouti avait choisi d’avancer lentement. Pendant toute cette période,
seuls quatre partis étaient autorisés.
Ils sont tous progressivement
entrés dans la majorité présidentielle, empêchant
de facto la création d’un vrai mouvement d’opposition.
Interrogé par l’AFP
le 12 janvier, le président Guelleh s’était adressé en
ces termes à l’opposition: « calmez-vous et attendez le prochain
scrutin en travaillant dur ».
« La représentativité
n’est pas politique, idéologique mais tribale. Les gens sont représentés
par la tribu », avait assuré M. Guelleh, président d’un
pays où les alliances claniques sont très fortes.
« Pour nous, être
démocratique, c’est représenter toute la nation. Dans notre
liste, le pays est représenté dans toutes ses composantes. Il
n’y a pas plus démocratique que ça. Si l’opposition et la majorité
étaient tous de la même tribu, on ne serait pas content »,
avait-il affirmé.
Malgré cette démocratie
balbutiante, ces espoirs déçus du multipartisme, le chef de
l’opposition, Ahmed Dini, joue la carte de la légalité.
« Pour arriver au
pouvoir, il y a une voie normale. On passera par la voie légale »,
a-t-il expliqué lundi à plusieurs milliers de personnes rassemblées
dans un quartier de la capitale.
« N’attendez pas de
nous qu’on vous donne des consignes de violence, a-t-il poursuivi. On mène
un combat pacifique, on ne veut pas que le sang coule. Il faut être
un peuple responsable », a-t-il martelé.
Après les élections
régionales prévues avant l’été, le prochain scrutin
majeur à Djibouti sera la présidentielle de mai 2005.
Elu en 1999, le président
Guelleh avait auparavant été le chef de cabinet et l’homme de
confiance, pendant 22 longues années, du « Père de l’indépendance »,
Hassan Gouled Aptidon.