20/11/03 (B221) Une nouvelle expertise en faveur de la thèse de l’assassinat du juge Borrel (AOL : article signalé par un lecteur)


Par Michaëla CANCELA-KIEFFER

Une nouvelle expertise
versée à l’enquête sur les causes du décès
du juge français Bernard Borrel en 1995 à Djibouti affirme que
son corps a probablement été aspergé d’essence et estime
peu vraisemblable qu’il se soit immolé par le feu.

La thèse du suicide
du juge Borrel – dont le corps calciné avait été retrouvé
le 19 octobre 1995 à 80 km de Djibouti – avait été longtemps
privilégiée avant d’être mise à mal par une série
d’expertises remises depuis un an à la juge d’instruction de Paris
Sophie Clément, en charge de l’affaire.

Selon une source judiciaire,
dans un rapport remis le 4 novembre à la magistrate, trois experts
médicaux-légaux – Patrice Mangin, Daniel Malicier et Eric Baccino
– et un spécialiste de la propagation des incendies, le professeur
Jean-Claude Martin de l’université de Lausanne, relèvent que
le cadavre du magistrat présente une alternance de zones brûlées
et de zones préservées sur l’ensemble du corps.

Ils constatent notamment
que sa sandale droite est partiellement calcinée tandis que la pilosité
de ses deux jambes est préservée.

Or, de telles constatations
semblent peu compatibles, selon eux, avec le déplacement d’une personne
caractéristique des immolations par le feu.

Elle est en revanche compatible
avec un corps « immobile, en position couchée », sur lequel
le combustible a été « déversé de manière
aléatoire ».

Par ailleurs les experts,
qui restent prudents en évoquant des « hypothèses »,
notent la présence de deux types d’hydrocarbures différents.
Or un seul bidon d’essence a été retrouvé sur les lieux
et cette découverte pourrait signaler l’existence d’un deuxième
récipient, selon l’avocat de la veuve du juge Me Olivier Morice.

Demande de levée
du « secret défense »

« Ces dernières
expertises constituent une avancée considérable qui met définitivement
un terme à la controverse sur le point de savoir s’il s’agit d’un suicide
ou d’un assassinat », a-t-il affirmé.

La veuve du juge, Elisabeth
Borrel, a pour sa part toujours cru que son mari avait été assassiné
pour des raisons politiques.

Si plusieurs témoignages
vont dans ce sens, aucune piste n’est pour l’instant écartée.
Plusieurs témoins, dont l’identité n’a pas été
révélée, sont attendus dans le cabinet de la juge dans
les semaines à venir.

Selon Me Morice, dans
une lettre à la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie
datée du 14 novembre, la juge Clément a en outre demandé
la saisine de la Commission consultative du secret de la défense nationale
pour qu’elle rende un avis sur la levée du « secret défense »
couvrant douze documents relatifs au décès du juge, identifiés
par le ministère en août.

Le dernier rapport
remis à la justice, donne « incontestablement une nouvelle tournure
à l’instruction » ouverte depuis plus de six ans sur cette affaire,
a-t-on estimé de source judiciaire.