21/10/05 (B321-A) Reuters : confirmation de la décision du régime djiboutien de ne plus coopérer avec la Justice française. Reuters laisse entendre que Djama aurait proposé de l’argent au(x) témoin(s) établi(s) en Belgique pour qu’il(s) revienne(nt) sur leur déposition. (Info transmise par un lecteur)
PARIS (Reuters) – Djibouti refusera désormais toute coopération judiciaire avec la France dans l’enquête sur la mort du magistrat français Bernard Borrel en 1995 à Djibouti.
« L’affaire Borrel exaspère au plus haut niveau les autorités de notre pays, surtout son traitement médiatique partisan ainsi que la lenteur dans l’instruction du dossier », déclare la présidence djiboutienne dans un communiqué diffusé par son ambassade à Paris.
La veuve du juge et des dizaines de personnalités ont réitéré mercredi à Paris, à l’occasion du 10e anniversaire de la mort du magistrat, leur conviction d’avoir affaire à un assassinat politique impliquant les autorités djiboutiennes.
Ils ont réclamé à l’Etat français la levée du « secret défense » sur le dossier.
« Toute coopération judiciaire entre Djibouti et la France est pour l’instant suspendue », a déclaré dans un autre communiqué le procureur général de Djibouti, Djama Souleiman.
« Aussi longtemps que nous n’aurons pas reçu les copies du dossier d’instruction, aucune nouvelle commission rogatoire dépêchée par Paris ne foulera la sol djiboutien », dit-il dans ce texte, également diffusé par l’ambassade de Djibouti.
La juge française chargée de l’enquête, Sophie Clément, a refusé en février la remise d’une copie du dossier à Djibouti.
Le cadavre à demi carbonisé du juge Borrel, conseiller technique auprès du ministère de la Justice djiboutien dans le cadre de la coopération technique entre les deux pays, a été retrouvé le 19 octobre 1995 à 80 km de la capitale.
L’hypothèse du suicide avait été initialement avancée mais la justice se dit aujourd’hui sûre de l’assassinat. Des expertises médico-légales ont décelé des traces de coups et une combustion du corps par deux substances différentes.
Les témoignages de deux anciens membres de la garde présidentielle djiboutienne versés au dossier laissent penser qu’Ismaël Omar Guelleh, ancien chef des services secrets et président de Djibouti depuis 1999, pourrait être impliqué.
Le procureur général Djama Souleiman est mis en cause dans une information judiciaire distincte ouverte à Versailles pour « subornation de témoin ». Il aurait proposé de l’argent à ces personnes pour rétracter leurs déclarations.