05/11/05 (B323) Question : pourrait-il y avoir des liens ou une communauté d’intérêt éventuels entre l’Ambassadeur de France et les dignitaires de la dictature ? Bien que nous nous refusions même à le supposer, nous sommes extrêmement surpris que l’original du discours de Jean-Paul Angelier, Ambassadeur de France, avec ses corrections manuscrites, ait été transmis au Président de la 17ème chambre ? (ARDHD)

Nous avons été absolument ahuris de découvrir, parmi les pièces complémentaires envoyées par la Partie civile, l’original du discours de Jean-Paul Angelier, annotés de sa main.

Nous en avons la preuve formelle, car une copie de l’ensemble de ces pièces, (comme il se doit), a été envoyée à la Défense et au Procureur de la République

On peut comprendre que la Partie civile ait estimé qu’elle avait intérêt à produire la copie du discours de Jean-Paul Angelier, pour tenter de faire pression ou au moins d’influencer le verdict.

Tout le monde sait bien que le Président Chirac et les services diplomatiques ont décerné la médaille honorifique(*) au Général Zakaria pour lui apporter leur soutien officiel dans ce procès … où sa personnalité et son passé ont été évoqués par les témoins de bonne foi.. procès qui, contrairement aux cris djiboutiens anticipés de victoire, n’est pas gagné d’avance. La preuve en est, ce besoin d’envoyer des informations complémentaires et la propre version de l’Ambassadeur.

Alors que la copie du texte intégral était disponible sur différents supports publiques : ADI, RTD, La Nation, la Partie civile a tenu à produire l’original du discours avec les notes manuscrites de Jean-Paul Angelier : c’est extrêmement différent ! Pour quelles raisons ?

Mainteant, il faudra déterminer dans quelles conditions et dans quel but, ces documents sont sortis de l’Ambassade. Sauf à vouloir transformer ce procès en affaire politique, ni l’Ambassadeur de France, ni ses services ne sont directement concernés et à aucun titre (hormis le devoir d’information). L’Ambassadeur aurait-il tenu à remettre ses documents personnels pour ajouter le poids du prestige de sa fonction à la démarche de la partie civile, ou lui auraient-ils été subtilisés par ruse, ce que nous ne pourrions même pas imaginer ?

Les conséquences sont significatives et revêtent à nos yeux un caractère d’extrême gravité qui concernerait une implication personnelle de l’Ambassadeur.

Ce ne peut être le fruit du hasard, ni d’une « regrettable erreur » administrative. Un Ambassadeur en exercice ne laisse pas trainer ses papiers et son accord personnel est nécessaire, pour qu’ils puissent sortir de l’Ambassade afin d’être utilisés par les plus hauts responsables militaires d’une puissance étrangère … et de plus, pour être utilisés contre un citoyen français.

Comme si le fait d’organiser « en plein ramadan » et en urgence absolue, la remise d’un médaille de bonne conduite au Général Zakaria, n’avait pas eu une portée suffisante à ses yeux.

Nous nous réservons, avec notre Conseil, de dénoncer ces faits et de solliciter une enquête, voire de participer au dépôt éventuel d’une plainte, pour faire établir les responsabilités.

Devrions-nous considérer désormais, que l’Ambassadeur de France a pris fait et cause en faveur d’une puissance étrangère contre un citoyen français et surtout une organisation humanitaire, qui a redonné la parole aux Djiboutiens et qui se limite à dénoncer les multiples violations des Droits de l’Homme commises dans ce pays et à tenter d’établir les responsabilités individuelles ?


SCANDALE : Hassan Saïd, qui a refusé à deux reprises de se présenter aux convocations de la Justice française, était invité à cette cérémonie dans les locaux de l’Ambassade de France.

Comme en témoigne cette photo extraite des actualités de la RTD, l’Ambassadeur de France a bien accueilli dans sa résidence, le fameux Hassan Saïd, soupçonné par la Justice française :
– de détenir des informations capitales sur le meurtre du Juge Borrel,
– d’avoir participé à la subornation du témoin Ali Iftin.
– d’avoir participé à la réunion décrite par Alhoumekani, ce qu’il a confirmé au micro câché de Canal +, diffusé publiquement.

Cela n’empêchait pourtant pas l’Ambassadeur de France de l’accueillir en territoire français, puisque sa Résidence a le privilège de l’extra territorialité.

En fonction du résultat de l’enquête éventuelle, ces faits seraient-ils susceptibles de poser des interrogations légitimes sur la nature des liens qui pourraient exister entre l’Ambassadeur, les dignitaires du régime dictatorial et une puissance étrangère souveraine … ?

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Serions-nous placés dans un contexte similaire à celui de l’Affaire Borrel, où manifestement le Quai d’Orsay ne fait rien pour soutenir Mme Borrel dans son combat légitime.

Bien au contraire, on a l’impression qu’il a voulu freiner l’instruction et même dicter l’action des magistrats.

Prenons à titre d’exemple, le jour où le Quai a affirmé que rien ne s’opposait à ce que la copie du dossier d’instruction soit envoyé au Procureur de la République de Djibouti.



Selon les informations que nous avons mais qui restent à vérifier, une plainte pourrait avoir été déposée contre le porte-parole du Ministre, à ce propos …

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(*) Un ordre à deux vitesses !

Rappelons que seul un citoyen français peut-être reçu dans l’Ordre de la Légion d’Honneur. Cette réception fait l’objet d’une publication au Journal officiel de la République et d’un procès-verbal lors de la remise.

De plus, on ne peut sauter un grade. Il faut les franchir un par un : officier, commandeur, …

La distinction remise au Général Zakaria procède d’une autre procédure, réservée aux personnalités étrangères : elle est purement honorifique, mais sans plus. Le décoré n’est pas reçu dans l’ordre. Pas de publication au Journal officiel, ni de PV. La distinction étant purement honorifique, le récipiendaire peut être décoré dans des grades supérieurs sans passer par la case départ.

En principe, tous les chefs d’Etats qui ont fait une visite officielle en France ou qui ont reçu officiellement le Président de la République française, reçoivent automatiquement la médaille de Grand-Croix. C’est une vieille coutume diplomatique.

On mesure bien que la valeur des décorations obtenues selon cette procédure, n’est pas la même que pour les autres. Il y a effectivement deux vitesses. Certains la qualifient parfois de « médaille version chocolat ». Par respect, nous ne nous permettrons pas de les suivre.

S’il y avait un choix à faire, nul doute que nous lui préférerions l’appellation de « médaille diplomatique » qui est plus conforme.

Il est clair cependant que les brosses à reluire des média de Guelleh ont oublié de signaler ce détail ….