25/05/07 (B396) IRIN SOMALIE: Les pressions économiques augmentent avec l’afflux des déplacés et action internationale contre la piraterie

NAIROBI,
24 mai 2007 (IRIN) – Le conflit somalien a gravement perturbé les activités
économiques, accru la concurrence, submergé des services sociaux,
déjà débordés, et réduit la disponibilité
alimentaire pour les communautés d’accueil et les populations
déplacées, selon un réseau d’alerte précoce.

D’après
les estimations de certains travailleurs humanitaires, quelque 400 000 personnes
auraient fui Mogadiscio, la capitale, depuis février pour chercher
refuge dans d’autres régions du pays. En conséquence,
dans beaucoup de nombreuses communautés d’accueil, le nombre
de personnes a plus que doublé.

« Le conflit
et le déplacement [des populations] ont gravement perturbé les
activités économiques, ce qui affecte notamment les foyers urbains
défavorisés qui dépendent du petit commerce et du travail
occasionnel, leurs principales sources de revenu », a expliqué
le Réseau du système d’alerte précoce contre la famine
(FEWS Net) dans un rapport conjoint avec l’Unité d’analyse
de la sécurité alimentaire de l’Organisation des Nations
unies pour l’alimentation et l’agriculture.

« Hors de
Mogadiscio, les services sociaux sont déjà surchargés,
les marchés ne suffisent pas à nourrir les communautés
d’accueil, les possibilités de logement et les offres d’emploi
sont trop peu nombreuses. Et l’afflux de PDIP [personnes déplacées
à l’intérieur de leur pays] a encore augmenté la
concurrence », a-t-il poursuivi.

Selon FEWS Net,
38 pour cent des déplacés de Mogadiscio se sont installés
dans la région de Shabelle, 38 pour cent à Mudug et à
Galgadud et le reste à Hiran, Bay, Gedo, Juba, Bakool et dans les régions
du nord. 3 500 autres déplacés se trouvent dans la ville de
Doble, près de la frontière kenyane fermée.

Flambée
des prix à la consommation

A Mogadiscio,
entre 30 et 40 pour cent de la population, en particulier les foyers défavorisés
et les anciens PDIP, se serait déplacée à l’intérieur
de la ville.

« La concurrence
accrue réduit surtout l’accès aux denrées alimentaires
dans le sud, où les populations rurales se remettent encore d’un
conflit et des sécheresses et inondations successives qui ont bouleversé
la région », a indiqué le rapport. Les prix à la
consommation ont grimpé en flèche tandis que les flux commerciaux
étaient restreints, et que l’offre augmentait substantiellement
sur les marchés, au sein des communautés d’accueil établies
aux alentours de Mogadiscio.

Dans les régions
de Shabelle et de Bay, les prix des produits importés ont augmenté
de 20 à 70 pour cent entre mars et avril, et les prix du maïs
produit dans le pays ont gonflé de 50 à 120 pour cent depuis
le mois de janvier.

« La perte
de revenus et la flambée des prix ont provoqué une réduction
considérable de l’accès des ménages, des PDIP et
des communautés d’accueil pauvres aux denrées alimentaires
», a révélé FEWS Net dans son rapport. «
Ces ménages sont à la limite de leur capacité ».

La Somalie, qui est sans gouvernement effectif depuis une quinzaine d’années,
a été le théâtre de violents affrontements entre
les insurgés et les soldats du gouvernement, soutenus par l’Ethiopie,
depuis le mois de février. Ces affrontements ont entravé la
distribution de l’aide humanitaire aux populations dans le besoin.

Action internationale
contre la piraterie

Dimanche,
le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a lancé un
appel pour une action internationale de haut niveau contre la piraterie maritime
dans les eaux somaliennes, et prévenu que l’acheminement de l’aide
alimentaire dans le pays était gravement menacé.

Cet appel est survenu
après qu’un agent de sécurité somalien ait été
tué par des pirates sur un bateau du PAM qui venait de livrer des denrées
alimentaires dans le port de Merka.

« Nous exhortons
les principaux pays à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour lutter
contre ce fléau qu’est la piraterie, qui à l’heure
actuelle met en péril notre capacité à nourrir un million
de Somaliens », a déclaré Josette Sheeran, directrice
exécutive du PAM, depuis le siège de l’agence, à
Rome.

Malgré la
persistance de graves problèmes opérationnels et sécuritaires,
le PAM continue d’approvisionner en denrées alimentaires des
milliers de Somaliens vulnérables, et a entamé vendredi dernier
un nouveau cycle de distributions ciblant les 122 500 personnes qui ont fui
Mogadiscio pour échapper aux affrontements.