17/12/07 (B426) AFP : Un journaliste français enlevé en Somalie par des inconnus.
Un journaliste français a été enlevé dimanche matin par des inconnus armés à Bosasso, dans le nord de la Somalie, où des négociations étaient en cours avec les ravisseurs, qui ont demandé une rançon, a-t-on appris de sources concordantes.
« Je peux vous dire qu’il a été enlevé ce matin vers 11H00 (08H00 GMT). Le journaliste était arrivé hier à Bosasso », a indiqué à l’AFP sous couvert de l’anonymat une source humanitaire travaillant à Bosasso, ajoutant qu’il s’agissait de Gwenlaouen Le Gouil.
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a annoncé dimanche que la France était en contact avec de possibles ravisseurs du reporter.
« Dès que nous l’avons appris, nous avons alerté nos services et contacté ceux qui semblent être les ravisseurs », a déclaré M. Kouchner sur la chaîne française i-Télé.
« J’espère que le contact ne sera pas perdu et qu’il ne s’agira que d’une demande de rançon », a-t-il poursuivi, précisant qu’il privilégiait la thèse d’un acte crapuleux sur celle d’un enlèvement politique.
Contactés par l’AFP, des chefs coutumiers somaliens proche des négociations et le maire-adjoint de Bosasso ont assuré que le journaliste était en bonne santé.
« Nous avons vu le journaliste et il va bien. Il se trouve dans la zone autour de Shimbiro et Mararo », à environ 15 km à l’est de Bosasso, la capitale économique du Puntland, a déclaré à l’AFP le chef coutumier Abdihadir Ibrahim Haji, précisant que les ravisseurs avaient demandé une rançon.
« Des efforts sont en cours pour obtenir la libération du journaliste. Nous espérons qu’il sera libéré prochainement. Selon nos informations, il va bien et est en bonne santé », a pour sa part indiqué à l’AFP le maire-adjoint de Bosasso, Abdulkadir Muhamoud Adne.
« L’interprète du journaliste a été relâché et il nous a rapporté que les ravisseurs demandaient 70.000 dollars », a pour sa part expliqué à l’AFP un autre chef coutumier proche des négociations, Awale Jama.
L’organisation de défense des journalistes, Reporters sans frontières, s’est déclarée « particulièrement inquiète » et a demandé « aux autorités locales de tout mettre en oeuvre pour que le journaliste retrouve au plus vite sa liberté », dans un communiqué reçu à Nairobi.
Le journaliste, qui a récemment créé avec deux autres confrères une société de production audiovisuelle en France, s’était rendu à Bosasso pour y effectuer un reportage sur le trafic d’émigrants illégaux traversant au péril de leur vie le golfe d’Aden pour le Yémen.
Bosasso est la capitale économique du Puntland, région semi-autonome située au nord-est de la Somalie, pays en guerre civile depuis 1991.
Ce port situé en face de la côte yéménite est en train de devenir une plaque tournante de l’émigration clandestine pour l’Est et la Corne de l’Afrique.
Aux déplacés de Mogadiscio qui fuient les violences quasi-quotidiennes depuis le début de l’année viennent s’ajouter des groupes d’Ethiopiens-Somalis originaires de l’Ogaden (sud-est de l’Ethiopie), où des combats opposent l’armée éthiopienne et le mouvement rebelle du Front national de libération de l’Ogaden (ONLF).
Ce trafic, alimenté par une mafia d’agents et de propriétaires de bateaux, génère au minimum trois millions de dollars par an, selon l’ONG Danish Refugee Council qui travaille sur place.
Plus de 26.000 réfugiés et migrants sont ainsi parvenus au Yémen en 2006, selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies.
Soixante-quatre d’entre eux sont morts noyés le 21 novembre au large des côtes du Yémen, à l’entrée du golfe d’Aden, après que leur bateau eut chaviré.
Début novembre, les autorités yéménites avaient fait état de la mort de 40 Somaliens, jetés à la mer par des passeurs au large du Yémen.