22/07/10 (B561) Nouvelles de Somalie – L’ONU tire la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire en Somalie – deux kamikazes et un réseau local pour les attentats de Kampala – un Américain inculpé pour avoir tenté de rejoindre les shebab somaliens – Les Etats-Unis envisagent de renforcer son soutien à la force de l’Union africaine en Somalie – Un policier kenyan abattu par des présumés miliciens somaliens – Menaces des shebab prises au sérieux au Burundi – Malédiction africaine (7 articles)
________ 7 – Quotidien du Peuple (Chine) avec XINHUA
L’ONU tire la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire en Somalie
Avec environ 3,2 millions de personnes, soit 43% de la population, dépendantes de l’aide humanitaire, la Somalie continue d’être confrontée à une situation très difficile, a rappelé mercredi le coordonnateur humanitaire de l’ONU dans ce pays, Mark Bowden, lors d’un point de presse organisé au siège de l’ONU, à New York.
Pour lui, la Somalie constitue « l’une des crises humanitaires les plus compliquées au monde ». Les principales raisons sont la guerre civile, qui se poursuit et continue de jeter sur les routes des centaines de milliers de civils, et les sécheresses successives, qui ont décimé les récoltes et les troupeaux et privé les civils de tout moyen de subsistance.
En Somalie aujourd’hui, un enfant sur cinq est victime de malnutrition, 1,4 million de personnes ont été déplacées et 595. 000 autres sont réfugiées dans les pays limitrophes.
« Les déplacés internes vivent dans des conditions parmi les plus difficiles que j’ai jamais observées au cours des 20 années d’expérience que j’ai accumulées dans l’humanitaire », a expliqué Mark Bowden, qui a en particulier mis en avant la dégradation de la situation dans la capitale, Mogadiscio.
Pour le coordonnateur humanitaire de l’ONU, les civils sont pris en étau entre les factions rebelles et les forces du gouvernement de transition. « Depuis mars, il y a eu 3.000 victimes civiles collatérales des combats dans la capitale. Plus de 700 blessés civils ont été recensés en un après midi », a-t-il indiqué.
« La situation à Mogadiscio exacerbe le problème des déplacés internes », selon lui. En juillet, sur les 14.200 nouveaux déplacés internes recensés dans le pays, 11.500 venaient de la capitale. En juin, ils étaient 20.000. Depuis le début de l’année, leur nombre avoisine les 200.000. L’écrasante majorité de ces déplacés vivent dans des camps de fortune, le long du corridor d’Afgooye, la route reliant Mogadiscio à Afgooye, au sud-est.
« Près de 400.000 personnes s’entassent dans cette zone, coincés par les combats entre factions rebelles rivales d’un côté et le gouvernement de transition, à Mogadiscio, de l’autre », a encore précisé Mark Bowden, avant de rappeler qu’elles n’avaient « aucune alternative pour trouver un environnement dans lequel elles soient en sécurité».
Le coordonnateur humanitaire de l’ONU a également souligné que ces six derniers mois, les structures médicales qui viennent en aide aux déplacés internes de cette zone ont été occupées par des milices ou pris pour cible à plusieurs reprises.
« En réponse à cette situation, l’ONU a formé 800 assistants médicaux et accru son aide aux civils blessés qui arrivent de Mogadiscio », a-t-il indiqué, ajoutant que les distributions de rations alimentaires ou de repas par les agences de l’ONU déployées sur le terrain avaient aussi augmentées. Dans la capitale, 16 cantines distribuent quotidiennement 80.000 repas. 260.000 rations alimentaires y ont également été offertes le mois dernier.
Dans le reste du pays, 350.000 personnes ont bénéficié d’une aide alimentaire quotidienne, dont 329.000 dans le centre de la Somalie, 140.000 dans la province du Puntland et 70.000 au Somaliland. En tout, 1,7 million de Somaliens reçoivent à l’heure actuelle de l’aide alimentaire des agences onusiennes ou de leurs partenaires.
Mark Bowden a également souhaité mettre en avant d’autres progrès réalisés sur le terrain, en dépit de la situation très difficile. « Nous sommes parvenus à empêcher l’apparition de la polio, au moment même où la maladie réapparait dans de nombreux pays d’Afrique », a-t-il ainsi souligné, précisant que des campagnes de vaccinations se poursuivaient dans tout le pays, y compris les zones contrôlées par des factions rebelles.
Il s’est également réjouit de la bonne saison des pluies cette année, « qui met fin à un cycle de sécheresse de cinq ans qui a appauvri un peu plus les populations en décimant les récoltes et les troupeaux ».
Estimant que « des progrès considérables » avaient été réalisés sur le terrain, au regard de la situation qui prévalait il y a encore peu de temps, le coordonnateur humanitaire a insisté sur « l’importance de continuer à disposer de fonds adéquats pour que ces progrès deviennent pérennes ».
« Ma préoccupation majeure à cette époque de l’année, c’est de savoir si nous allons disposer des fonds dont nous avons besoin pour poursuivre nos opérations et rendre durables les progrès que nous avons réalisés », a-t-il indiqué. Selon lui, le manque de fonds concerne certains domaines d’actions essentiels, en premier lieu la santé, l’eau et l’assainissement et la nutrition.
______________ 6 – AFP
Ouganda: deux kamikazes et un réseau local pour les attentats de Kampala
Ben SIMON
Les récents attentats de Kampala (76 morts) revendiqués par des islamistes somaliens ont sans doute été perpetrés par deux kamikazes soutenus par un réseau local, a déclaré dimanche la police ougandaise qui a dit détenir une vingtaine de suspects, dont des Pakistanais.
La police a diffusé les portraits reconstitués des deux kamikazes présumés, réalisés avec l’aide des experts, notamment américains et britanniques, qui l’assistent dans l’enquête.
« Il y a des indices solides pour dire que ces attaques ont été menées par des kamikazes », a déclaré le chef de la police ougandaise Kale Kayihura lors d’une conférence de presse organisée après sept jours d’enquête.
« Personne n’a réclamé ni identifié ces deux corps », a déclaré le responsable policier, en présentant les portraits reconstitués de deux jeunes hommes, apparemment originaires l’un d’Afrique noire et l’autre de la Corne de l’Afrique, « sans aucun doute somali ».
Les islamistes somaliens shebab, qui ont fait voeu d’allégeance à Al-Qaïda, ont revendiqué lundi dernier ces attentats, les premiers qu’ils aient perpetrés hors de leur territoire national, et censés constituer des représailles à la participation de l’Ouganda à la force de paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom).
Kampala accueille à partir de lundi des experts de l’Union africaine, puis à partir de dimanche 25 juillet les chefs d’Etat de cette organisation, pour un sommet prévu de longue date mais qui devrait être dominé par la Somalie.
Le bilan des attentats de dimanche dernier, les plus meurtriers commis en Afrique de l’Est depuis les attaques contre les ambassades des Etats-Unis d’août 1998, ont fait 76 morts, selon un nouveau bilan communiqué par la police et incluant trois nouveaux décès.
Les victimes s’étaient réunies dans deux restaurants bondés de Kampala pour assister à la finale du Mondial.
La police n’avait établi jusqu’à présent la participation que d’un seul kamikaze, alors que trois explosions au total ont retenti dans ces deux lieux publics. Elle a également retrouvé une ceinture d’explosifs, qui n’a pas été déclenchée pour une raison inconnue, dans un troisième lieu, une discothèque.
Outre le fait que personne n’ait réclamé leurs corps, des éléments d’autopsie paraissent accuser les deux jeunes hommes dont la police ougandaise, puis Interpol, ont diffusé les portraits reconstitués, y compris le fait que l’un d’eux ait été décapité dans l’explosion, a précisé la police.
Pour ce premier attentat commis à des centaines de kilomètres du territoire somalien, les shebab ont bénéficié d’un soutien à Kampala, a relevé le chef de la police.
« Il devait y avoir un réseau local », a déclaré M. Kayihura, « de toute évidence il y a eu collaboration entre les shebab et quelques fous ici ».
Plus de vingt suspects sont détenus et interrogés, selon le responsable policier qui n’a pas précisé leur degré d’implication présumée.
Parmi eux figurent plusieurs Pakistanais installés dans la banlieue de Kampala, dont l’un aurait été cité, dans un courriel envoyé par un porte-parole présumé des shebab, comme ayant des liens avec cette organisation.
Ces Pakistanais et plusieurs Ougandais formaient un groupe de huit personnes qui tenaient une petite entreprise et étaient sous surveillance policière dès avant l’attentat, selon M. Kayihura.
Le chef de la police a enfin à nouveau estimé « qu’il y avait un lien entre les shebab et les Forces démocratiques alliées (ADF) », un groupe rebelle ougandais musulman, car les deux organisations « partagent des liens avec Al-Qaïda ».
______________ 5 – AFP
USA : un Américain inculpé pour avoir tenté de rejoindre les shebab somaliens
Un Américain a été inculpé mercredi pour « soutien matériel au terrorisme » par les autorités américaines qui lui reprochent d’avoir tenté de rejoindre les insurgés somaliens shebab, a indiqué le ministère américain de la Justice.
Zachary Adam Chesser, 20 ans, originaire de Virginie (est des Etats-Unis) a été arrêté par des agents fédéraux le 10 juillet dernier alors qu’il tentait d’embarquer à bord d’un avion à destination de l’Ouganda.
« Ce cas révèle la réalité inquiétante que la radicalisation extrême peut survenir n’importe où, y compris en Virginie », a déclaré le procureur américain Neil MacBride.
« Ce jeune homme est accusé d’avoir tenté de rejoindre les shebab, une organisation terroriste brutale, liée à Al-Qaïda », a ajouté le procureur. Cette affaire « souligne la nécessité de continuer à se montrer vigilants face à des menaces terroristes qui peuvent venir de l’intérieur ».
Chesser, qui apparaît aussi dans des documents judiciaires sous le nom de Abu Talhah Al-Amrikee, a reconnu après son arrestation qu’il avait tenté à deux reprises de se rendre en Somalie pour rejoindre les shebab en tant que combattant étranger, selon l’acte d’inculpation.
______________ 4 – Batoto avec XINHUA
Somalie – Les Etats-Unis envisagent de renforcer son soutien à la force de l’Union africaine en Somalie
Les Etats-Unis envisagent de renforcer son soutien à la force de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie suite aux attentats de Kampala renvendiqués par les insurgés somaliens, a déclaré mardi un responsable militaire américain.
Willam Ward, un responsable du commandment africain de l’armée américaine, a déclaré que le Pentagone examinait les moyens de renforcer son soutien à des pays africains participant dans la mission de l’UA en Somalie, expliquant que l’aide comprend la formation, la fourniture d’équipements et de soutien logistique.
Dans son discours devant le Centre des études stratégiques internationales de Washington, Ward a dit que si rien ne faisait, l’extrémisme pourrait se développer sans contrôle dans la Corne de l’Afrique, conduisant à des attaques contre le personnel et les intérêts américains partout dans le monde.
En renforçant les liens avec les pays africains, les intérêts américains sur le continent seront plus stables, a-t-il affirmé.
Les insurgés islamistes somaliens shebab ont revendiqué les attentats de Kampala de dimanche dernier qui ont fait 76 morts, dont un Américain.
___________________ 3 – Casafree (Maroc)
Kenya – Somalie : Un policier kenyan abattu par des présumés miliciens somaliens
Un membre de la police paramilitaire kenyane a été abattu à Liboi, 18 kilomètres des frontières avec la somalie, par des présumés miliciens du groupe somalien Al Shabab.
Sept membres des insurgés islamistes ont tendu une embuscade près de la ville de Liboi à une patrouille blessant un deuxième membre de cette unité paramilitaire, rapporte la chaîne de télévision kenyane NTV.
Les forces de sécurité kenyanes ont renforcé la sécurité en déployant plus d’hommes aux frontières avec la Somalie après le double attentat ayant tué plus de 70 personnes suivant, le 11 juillet, la finale de la coupe du monde dans un club de rugby et un restaurant éthiopien dans la capitale ougandaise Kampala.
En avril dernier, des membres soupçonnés faire partie d’Al Shabab avait attaqué une patrouille kenyane avant de mener un raid deux semaines plus tard dans un hôtel à Liboi.
Les insurgés d’Al shabab avaient menacé, l’année dernière, de perpétrer des attaques au Kenya si ce pays n’arrête pas de former les forces de police du gouvernement somalien fédéral de transition et d’entraîner dix mille soldats essentiellement des jeunes somaliens dans les camps du Kenya pour combattre les groupes islamiques, selon le porte-parole de ce groupe Sheikh Ali Mohamoud.
Ces insurgés, très actifs au sud de la Somalie, avaient pris le contrô le de la ville de Dhobley, proche de la frontière commune, alors que plusieurs miliciens islamistes ont fait des incursions à plusieurs reprises au Kenya.
_______ 2 – Quotidien du Peuple (Chine) avec XINHUA
Menaces des shebab prises au sérieux au Burundi
Les autorités de Bujumbura ont pris au sérieux les menaces du mouvement somalien « les Shebab » d’attaquer à tout moment la capitale du Burundi.
De nouvelles mesures de sécurité ont été prises à cet effet. La vente de fruits et légumes autour du marché central de Bujumbura a été réorganisée pour permettre plus de visibilité pendant que les forces de l’ordre contrôlent l’accès aux lieux très fréquentés comme les églises, les marchés, les plages, les terrains de sport, etc..
Alors que d’habitude on voyait seulement des concertinas à côté des ponts sur des rivières traversant la capitale Bujumbura, aujourd’hui ils ont été dressés dans plusieurs autres endroits stratégiques comme devant les bâtiments abritant la Radio Télévision Nationale.
En plus de ces mesures, les autorités militaires ont appelé récemment tous les Burundais de rester vigilants et de dénoncer toute personne qu’ils suspecteraient de collaborer avec un quelconque malfaiteur.
Jean-Claude Kavumbagu, directeur du journal en ligne Net press est quant à lui sous les verrous à la prison centrale de Mpimba depuis vendredi dernier pour avoir critiqué l’armée sur sa capacité de défendre le pays en cas d’attaque des shebab.
Le mouvement somalien avait menacé d’attaquer si le contingent burundais n’était pas retiré de l’ AMISOM (Mission de l’Union africaine en Somalie), composée des troupes du Burundi et de l’Ouganda.
____________________ 1 – La Tribune d’Algérie
Malédiction africaine
Par Ali Boukhlef
En Centrafrique, des combats opposent, depuis hier, les militaires à des troupes rebelles dans une des plus importantes villes du Nord. Au même moment, des dizaines de personnes sont tuées dans des combats au centre de Mogadiscio, en Somalie.
Quelques jours auparavant, des rapports d’organisations humanitaires faisaient état de graves risques de famine dans plusieurs pays du Sahel africain. Cette menace concerne des pays comme la Centrafrique et la Somalie, auxquels il faut ajouter le Niger, la Mauritanie et même un des pays les plus prospères d’Afrique centrale, le Nigeria. Ce pays connaît également des luttes pour le pouvoir.
Il faut convenir que la situation est tragi-comique. Puisque, en plus des retards de développement qu’ils connaissent, ces pays enregistrent des luttes intestines pour le pouvoir dévastatrices.
Est-il en effet étrange de constater que les deux phénomènes, à savoir pauvreté et lutte contre le pouvoir, riment ensemble ? Pas totalement. Puisque, si on regarde de près, ce sont les pays les plus pauvres et n’ayant pas de richesses qui connaissent l’instabilité politique.
Même dans les Etats qui ont connu une relative stabilité de par le passé et pour une raison ou une autre, le problème de la distribution des richesses pose un sérieux problème. Il en ainsi de la Côte d’Ivoire. Ce beau pays de l’Afrique de l’Ouest avait connu, durant trois décennies, des moments de stabilité inégalables. On parlait même de la «Perle de l’Afrique». Mais la disparition de l’ancien chef d’Etat, Félix Houphouët-Boigny -considéré comme le père de l’indépendance- et la baisse des cours du cacao, principale source de devises du pays, ont fini par déclencher plusieurs guerres civiles. Les problèmes ne sont toujours pas résolus, malgré un relatif retour au calme.
L’exemple est encore plus frappant pour le Nigeria, un pays très riche, notamment en hydrocarbures, qui connaît d’énormes problèmes d’instabilité politique. Les raisons de ces soulèvements sont essentiellement liées à la distribution des richesses. Sans oublier, bien entendu, les innombrables luttes confessionnelles qui ont parfois d’autres explications.
Dans d’autres pays, comme la Centrafrique ou le Tchad voisin, où les richesses font défaut, les luttes pour le pouvoir sont là. Il n’y a même pas de rente à se partager. C’est à se demander comment les peuples de ces pays et la communauté internationale laissent les choses se faire sans se réveiller. Car, il est anormal que des groupes armés, ainsi que des Etats, dépensent autant d’argent pour acheter des armes, alors que des populations entières meurent de faim. C’est la seule et véritable question qui doit être posée. Le reste n’est que littérature.
A. B.