23/11/10 (B579) Les étudiants en médecine djiboutiens écrivent à leur Doyen pour exiger que les conditions d’étude et de stage soient conformes aux cursus pratiqués dans les autres pays, en particulier au niveau des stages

_________________________ 1 – Note de l’ARDHD

Que se passe-t-il à la faculté de médecine de Djibouti ?

Nous publions ci-après une lettre au Doyen de la faculté, que les étudiants en médecine ont signé collectivement. Plus qu’une demande de rétablissement de conditions normales d’études et de stages, les étudiants, probablement lassés que leurs demandes légitimes soient « classées sans suite », fixent un ulitmatum.

A la lecture de cette lettre, on ne peut que supposer que les fonds destinés au fonctionnement de cette université, financés par les Etats-Unis, l’OMS, la Banque mondiale, la France et tous les autres donateurs soient systèmatiquement détournés par certaines personnalités bien placées, proches du régime et probablement soutenues par le plus haut magistrat.

Si ces pratiques indignes sont vérifiées, on comprend à quel point, le régime dictatorial se moque à la fois du peuple et de sa jeunesse, en privant les uns, d’un système de santé digne de ce nom et les autres, des conditions d’étude, pour assurer la continuité de ce service public vital, dans tous les sens du terme.

___________________ 2 – Lettre ouverte des étudiants en médecine

Djibouti, le 06 Novembre 2010
A
Monsieur Le Doyen de l’Ecole de Médecine de Djibouti
Objet: demande de réponse officielle et définitive
Monsieur Le Doyen,
Nous vous écrivons la présente lettre pour recevoir une réponse officielle et définitive à nos requêtes au sujet de notre cursus médical.
En effet, l’existence de l’Ecole de Médecine de Djibouti grâce à la volonté politique engagée et à l’importance considérable qu’accorde notre gouvernement au développement des ressources humaines dans le but de garantir une homogénéité des compétences et une harmonisation de la formation des médecins capables de fournir des soins de santé de qualité et de contribuer au développement socio-économique de leur peuple constitue pour nous un motif de fierté et de confiance.
Cependant, nous affirmons que l’état actuel de notre système de soins en particulier le terrain de stage n’est pas en mesure d’accueillir des étudiants de médecine sur le plan pratique, technique et éducationnel en raison d’un manque des compétences et expertises professionnelles en qualité et en quantité qui seront détaillées, dans la feuille ci-jointe.

De ce fait, nous demandons, Monsieur Le Doyen:

  1. l’affectation des professeurs encadreurs permanents à l’externat, en dehors des 3 permanents présents, dans chaque service inscrit dans le carnet de stage des étudiants,
  2. le fait que notre internat de deux dernières années du cursus médical soit effectué en Tunisie ou en France,
  3. l’accréditation et la reconnaissance internationale de notre diplôme national de doctorat en médecine avec un acte officiel justificatif garantissant la crédibilité de notre diplôme.
A ce titre, en l’absence d’une réponse officielle et totale à nos requêtes au plus tard le samedi 13 Novembre 2010, nous serons dans l’obligation de faire un arrêt total et définitif des cours.

Dans l’attente d’une réponse favorable à. notre requête, veuillez agréer, Monsieur Le Doyen, l’assurance de nos considérations distinguées.

Signature
LES ETUDIANTS
DE L’ECOLE DE MEDECINE DE DJIBOUT
I

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Notre terrain de stage n’est pas en mesure d’accueillir des étudiants de médecine à cause de:

  1. un manque des professeurs encadreurs permanents et des spécialistes qui orientent, contrôlent et corrigent les actes médicaux des étudiants,
  2. une absence de disponibilité des spécialistes présents à cause de leurs charges professionnelles de soin des patients,
  3. un manque des staffs pour les étudiants dans le cadre de la discussion et l’apprentissage au raisonnement clinique des dossiers médicaux et des cas cliniques,
  4. une présence des spécialistes n’ayant pas les compétences requises sur le plan pédagogique et éducationnel pour enseigner des étudiants au cours de leur stage,
  5. un manque des moyens et des matériels techniques dans les services,
  6. une absence des protocoles standards intra-hospitaliers dans la prise en charge des cas urgents et d’un manque d’un savoir-faire sur le plan pratique dans la conduite à tenir devant les patients,
  7. une absence totale d’archivage des dossiers médicaux qui constitue une contrainte dans le cadre de Ta rédaction de notre thèse de doctorat de médecine.
  8. manque des services indispensables comme l’hématologie, l’urologie, l’anatomopathologie, l’endocrinologie, la dermatologie .. . etc.
Bien que le corps des enseignants dans l’enseignement théorique soit doté d’une haute compétence, nous affirmons encore que notre terrain de stage n’est pas adéquat étant donné que le stage constitue un élément fondamental et essentiel dans la formation du médecin.

Nous tenons à avoir une formation adéquate aux exigences d’un enseignement médical professionnalisé tant sur le plan théorique que sur le plan pratique dans un système de santé de qualité capable de répondre aux besoins de santé nationaux car nous serons demain des médecins sur le terrain et non des médecins sur les papiers.

Signature:

LES ETUDIANTS
DE L’ECOLE DE MEDECINE DE DJIBOUTI