Saïd Houssein MOUDEH
Partie 1
Les études
et l’intégration au SDS
Durée : 11,01 min
29/07/2025 (Brève 2509) Le témoignage d’un ancien officier du SDS, à visage découvert -Partie 1-
Dans ce témoignage authentique « à visage découvert » publié sous son entière responsabilitè, un ancien officier du SDS (qui a déserté parce qu’il savait qu’il n’y avait pas d’autre choix pour sortir du Service), nous livre des informations sur le SDS et son organisation.
Dans cette permière partie, il nous parle de ses études et des étapes de sélection du SDS, telles qu’il les a vécues. La suite de son récit dans les épisodes qui seront publiés régulièrement le mardi et le vendredi.
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Je m’appelle Saïd Houssein Moudeh
J’ai 34 ans, bientôt 35 ans dans un mois. Je suis né à Djibouti, Djibouti-Ville, le 25 août 1990. Je suis né et j’ai grandi dans la capitale.
J’ai suivi mes études primaires, secondaires et le lycée à Djibouti. Ensuite, je suis parti au Sénégal, à Dakar, pour faire un master, un master en énergie renouvelable.
Je suis rentré à Djibouti en mai 2019. Ce sont mes parents qui ont payé, je n’étais pas un boursier.
J’ai obtenu un master en énergie renouvelable au Sénégal, en 2019. Je suis rentré en mai 2019, juste après avoir soutenu le mémoire des fins d’études.
En octobre 2019, j’ai passé deux sélections dans le cadre du parcours d’entrée au SDS
J’ai intégré le SDS le 19 octobre 2019, quatre mois après mon retour à Djibouti
Un voisin qui connaissait mon père, et dont je m’étais lié d’amitiés avec le fils à Dakar, nous a pistonné pour rentrer au SDS
Son fils avait fait un master en informatique. Le SDS cherchait, à l’époque, des informaticiens et des électriciens pour installer et faire fonctionner les caméras de surveillance. Je vous expliquerai ensuite leur rôle et leur fonctionnement.
Comme j’étais pistonné par un ancien capitaine de la gendarmerie djiboutienne en retraite, ils m’ont contacté et j’ai passé les deux entretiens. Un entretien de moralité au cours duquel ils m’ont tout demandé sur ma vie privée depuis ma naissance jusqu’à l’âge adulte.
Ce que je faisais, si j’avais déjà été arrêté, si j’avais des opinions politiques contre l’État, ma tribu, la tribu de mon père et celle de ma mère. Ils m’ont aussi demandé si j’avais des idées religieuses, si je faisais partie d’un mouvement religieux. Ils m’ont aussi demandé si j’appartenais à un mouvement politique, si j’avais des opinions politiques.
J’ai répondu non. Ça a duré environ trois heures et demie. En face à face avec un officier du SDS, dont je ne sais pas le nom. Il avait un ordinateur portable devant lui.
Les questions qu’il me posait étaient des questions pré-écrites. C’est-à-dire qu’il avait avec lui les questions et il saisissait mes réponses sur son PC portable
Après ce premier entretien, il y en a eu un deuxième. Ce deuxième entretien, c’était un entretien académique. C’est-à-dire qu’il y avait un enseignant de l’Université de Djibouti qui travaillait à la fois à l’Université de Djibouti et à la SDS.
Il m’a posé des questions vraiment techniques sur mes parcours. Par exemple, en informatique, il m’a demandé si je connaissais le langage de programmation C++. Il m’a aussi posé certaines questions de physique. Bref, des questions techniques !.
Je lui ai répondu. A la fin, ils m’ont dit, c’est bon, la sélection est terminée.
Ils m’ont dit que si j’étais retenu, ils me contacteraient via mon téléphone portable.
Je suis rentré à la maison. Une semaine après, vers 11h, ils m’ont appelé.
C’était un mardi, si je me rappelle bien. Ils m’ont dit, M. Houssein Saïd, vous êtes retenu.
Félicitations. Maintenant, on va encore vous demander d’aller faire un bilan de santé, dans un hôpital appartenant aux gardes républicains a l’intérieur de leur caserne situé au boulaos
J’aimerais insister sur un point. Les services de renseignement djiboutiens n’ont pas de structures de santé, contrairement à la police ou l’armée. Ils n’ont pas d’hôpitaux.
En revanche, ils peuvent utiliser les structures sanitaires de la police ou de l’armée. Généralement de l’armée. Parce qu’ils ont beaucoup plus de moyens.
J’y suis allé et on m’a fait une visite générale, radio, des prises de sang…
J’ai fait un bilan de santé complet. Ils m’ont dit qu’ils allaient envoyer les résultats au bureau central, a Héron, au plateau des serpents, en face de la caisse nationale de la sécurité sociale. C’est là où siège, le directeur général de la SDS et le service général.
Puis après, vers 14h encore, le même jour, ils m’ont appelé une deuxième fois, disant que le résultat était bon, donc il fallait que je vienne maintenant, cette fois-ci, au QG du plateau des serpents.
C’est là où Hassan Saïd a son bureau. Pas uniquement lui, mais toute la direction, tous les principaux chefs.
C’est là où il siège. Lui, le directeur adjoint, le colonel Aboubaker. Je suis parti là-bas, où j’ai vu mes deux chefs.
Mon premier chef hiérarchique, le capitaine Mahdi Abdallah, de l’ethnie mamassan.
Et mon second chef, le colonel Mohamed Diarra. Ils nous ont briefé, ils nous ont parlé beaucoup de temps, ils nous ont dit que voilà, on était retenus, ils nous ont dit que dorénavant nous devions être discrets.
Ils nous ont dit que nous n’étions plus des civils mais des officiers parce qu’on avait commencé comme officiers grâce à nos diplômes.
Parce qu’à Djibouti, avec le baccalauréat, on commence comme sous-officiers, sergents, vous voyez, ils nous ont dit qu’avec un diplôme universitaire on était officiers, mais on n’allait pas faire une formation tout de suite puisqu’il y avait une urgence à accomplir.
Qu’est-ce qu’il y avait ? Il y avait une urgence puisque durant les 6 prochains mois nous devions beaucoup travailler pour faire avancer le projet.
En fait, ils nous ont même rassurés. Ils nous ont dit que vous, vous êtes des diplômés. Vous serez bien payés. On va vous considérer comme des officiers.
Ils nous ont fait rêver.
A Djibouti, la lettre d’embauche n’existe pas. Ni même le C-V.
Personnellement, je ne l’avais pas envoyé parce qu’ils ne me l’ont même pas demandé…