07/02/2000 – Courrier des lecteurs : affaire BORREL – UN ACCOUCHEMENT DIFFICILE
Je ne suis ni témoin à charge, ni à décharge. Je souhaite tout simplement apporter mon point de vue sur une affaire qui commence à faire beaucoup de bruits et surtout à gêner beaucoup d’intérêts. Un article du quotidien » Libération » du 04 février 2000 a relaté cette affaire en récapitulant les termes du témoignage du seul témoin dans l’affaire BORREL ainsi que l’atmosphère dans laquelle s’est déroulé cette audition.
Tout laisse penser que cette affaire n’arrange personne. Elle tombe dans un contexte diplomatique très tendu entre la France et Djibouti (cf. signature d’un protocole de coopération dans le domaine militaire entre Djibouti et l’Ethiopie; un rapport défavorable – c’est un euphémisme- sur les conditions de détention dans la prison de Gabode sur un appareil et uni corps judiciaire en décomposition très avancée ; les voix de certaines personnalités politiques – parlementaires – françaises pour dénoncer les pratiques médiévales du régime Djiboutien).
N’arrangeant les affaires de personnes, chacun des protagonistes y met du sien pour nous dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. La France de son côté a déjà essayé de noyer le poisson. Quant au régime djiboutien, qui risque très gros dans cette affaire, il a jugé quand même nécessaire de recruter un ténor du Barreau de Paris: Me SZPINER.
Il est presque normal de douter dans toute procédure judiciaire. C’est le travail du magistral instructeur. Le témoignage de Mohamed Alhoumeikani doit être vérifié, recoupé et confronté avec d’autres éléments (témoignages, preuves matérielles, autopsie… etc).
Au final et après analyses des différents éléments, ce témoignage devrait être accueilli avec un peu moins de scepticisme et un peu plus de sérieux. En effet, l’autopsie qui aurait été réalisée par un éminent professeur de médecine légale (Pr. LAZZARINI) ne laisse la place à aucun doute. Les conclusions sont claires et nettes: le juge BORREL, aurait été brûlé après sa mort. Par contre, il aurait été très intéressant de connaître la cause directe de la mort. Est-ce encore un oubli ou une lacune dans une procédure quelque peu bâclée.
Le comportement de la justice française et particulièrement des magistrats instructeurs est plus que troublant dans cette affaire (absence d’autopsie, inertie et lenteur injustifiées…).
Un autre point du dossier a retenu notre attention. Il s’agit des pièces versées par Me SZPINER. En effet, il aurait remis aux juges d’instruction le dossier militaire du témoin (lieutenant Alhoumeikani) ainsi que la fiche d’écrou de Awaleh Gelleh. Il est plus que légitime de se poser des questions sur la force probante de tels documents. Quelle est la fiabilité de telles pièces, surtout quand on connaît l’intégrité des fonctionnaires du Ministère de la Justice et ceux du Ministère de la Défense. Non, Me SZPINER, la ficelle est trop grosse. C’est commsi, vous reconnaissez, à toute personne mis en cause, le Droit de s’auto fabriquer les preuves de son innocence. J’espère que les juges accorderont la valeur quelle mérite aux éléments versés par Me SZPINER. C’est à dire nulle.
En conclusion, il y a dans cette affaire une personne qui mérite le soutien et le respect pour sa force de caractère et son courage dans la recherche de la vérité.
Madame BORREL, nous sommes avec vous. Votre combat est honorable et mériterait que vos collègues des différents syndicats de la Magistrature affichent beaucoup plus leur soutien et leur détermination dans la recherche de la vérité. Bernard BORREL était quand même leur confrère.
Un djiboutien