24/03/2000 – Les clans somaliens divisés face à l’initiative de paix Djiboutienne. (Source AFP)
NAIROBI, 24 mars (Extrait AFP)
L’initiative de paix en Somalie lancée par le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh continue de diviser les chefs de guerre et la société civile de ce pays de la Corne de l’Afrique, privé de gouvernement central depuis 1991.
Vendredi, l’initiative du président djiboutien, soutenue par la communauté internationale, a reçu un nouveau coup.
Les communautés Digil et Mirifle, vivant dans les régions centre-sud du pays, ont décidé « de retirer leur soutien à l’initiative de paix djiboutienne en cours » lors d’une réunion à Addis Abeba, selon un fax reçu par l’AFP à Nairobi.
Ils rejoignent ainsi le clan des opposants à la conférence de réconciliation prévue le 20 avril à
Djibouti pour mettre sur pied un parlement chargé de nommer un président en Somalie.
« Il est inacceptable pour notre communauté de participer et de s’asseoir à la même table avec les occupants de notre terre ancestrale qui tuent, torturent et intimident les civils innocents de notre communauté », expliquent-ils dans le texte.
Pourtant, le plan du chef de l’Etat djiboutien qui a reçu le soutien de l’ONU, de la Ligue arabe, de l’OUA, de l’Union Européenne et des grands pays occidentaux, différait de ses prédécesseurs. Il insistait plus sur la participation de la société civile somalienne que sur les factions armées qui se sont partagées le pays par la force depuis la chute du président Siad Barre.
« Beaucoup ne comprennent pas qu’il n’agit pas de trouver un énième accord sur le partage du pouvoir entre les chefs de faction », a expliqué David Stephen, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Somalie.
« Jusqu’à présent, 12 accords entre les chefs de faction ont échoué et cette tentative vise à obtenir quelque chose de plus solide en mobilisant davantage les membres de la société que les chefs de faction », a ajouté M. Stephen dans une interview publiée par l’IRIN, le service d’information de l’ONU.
Jeudi, les dirigeants du territoire auto-proclamé autonome du Puntland (centre) avaient également retiré leur soutien au plan de paix et accusé Omar Guelleh d’avoir « kidnappé le processus de paix ».
La même décision a été prise au Somaliland (nord) auto-proclamé indépendant depuis mai 1991. Ses dirigeants ont affirmé qu’ils considèreront comme des « traîtres » les participants à la réunion de Djibouti.
Le clan des boycotteurs inclut également les chefs de guerre de Mogadiscio, Musa Sudi Yalhow, qui contrôle l’enclave de Madina au sud-ouest de la capitale, son rival de toujours, Hussein Mohamed Aidid, qui contrôle la majeure partie du sud, et Osman Hassan Ali « Atto », également présent au sud.
Néanmoins, le président djiboutien compte aussi des partisans à son plan, notamment dans la société civile, parmi les intellectuels, et dans l’émigration qui regroupe un million des huit millions de Somaliens.
Parmi les chefs de guerre, Hussein Haji Bod, au nord de Mogadiscio, a qualifié l’initiative de « pierre angulaire pour la fondation d’une Somalie unie et démocratique ».
L’autre homme fort du nord de la capitale, Ali Mahdi Mohamed, a dit vendredi à l’AFP que la conférence d’avril était « une opportunité en or ».
En attendant à Djibouti, le processus suit son cours. Depuis mardi une soixantaine d’intellectuels et de sages somaliens sont réunis dans un symposium sur les moyens de mettre en oeuvre le plan de paix d’Omar Guelleh.