27/04/2000 – ENFANTS PRISONNIERS : UN DEMENTI TRAGIQUE DU PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE DE DJIBOUTI.

Nous publions ci-dessous le texte d’un communique de M Ali Mohamed Abdou, procureur de la République de Djibouti. Non seulement ce démenti est consternant, mais il soulève de nombreuses interrogations dont nous nous faisons l’écho à la fin de l’article

RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI, DJIBOUTI

LA NATION DU 27 AVRIL 2000

JUSTICE

Démenti du procureur général

Dans une déclaration faite à la presse, le procureur général, M. Ali Mohamed Abdou, a apporté un démenti formel et catégorique contre les allégations mensongères qui font état de procédure illégale à la Prison Civile de Gabode, dernièrement par RFI et certains Sites internet :

‘En Réalité, il s’agit dans cette affaire des jeunes personnes qui ont été arrêté à la suite d’une opération de rafle des délinquants et des attaquants des passants entreprise par la FNP aux quartiers 1et 2’. Ces jeunes qui avaient siniffé ‘de la colle et des produits psychotropes, étaient également en possession des stupéfiants en l’occurrence du cannabis. Ils étaient aussi en situation de séjours irrégulières’.

M. Ali Mohamed Abdou précise, en outre, que le Code de Procédure pénal djiboutien permet à la Justice djiboutienne l’incarcération des personnes âgées de moins de 18 ans. Si elles ont agis avec discernement et c’étaient leur cas, c’était des récidivistes. Ils ont été placé, poursuit-il, suivant l’ordonnance de placement provisoire comme le texte le permet au Centre d’Éducation surveillé de la prison et traduit devant le Tribunal de flagrant délit suivant la procédure réservée aux mineurs à l’issue du procès, ces jeunes ont reconnus la matérialité des faits qui leurs étaient reproché.

Le Tribunal correctionnel a délibéré et a condamné chacun d’eux à la peine d’un an d’emprisonnement ferme, le 14 juillet 1999, ils ont été placé détention préventive et condamné le 8 juillet 1999.

Le procureur général informe que la peine prévue pour ce genre de délit est de 5 ans de prison ferme et que ces jeunes ont bénéficié de circonstance atténuantes.

Actuellement, ils jouissent d’un traitement qui les mets à l’écart des adultes et ils sont assisté par un enseignement, ils font du sport, des promenades et reçoivent même la visite de leur famille.

A propos des allégations, le procureur générale a lancé une mise en garde : ‘La justice ne peut laisser passer ce genre d’information et ce pourquoi, désormais, la justice djiboutienne et notamment le Parquet de Djibouti se réserve le droit d’intenter des poursuites contre toute personne qui propage des fausses nouvelles ou porte le discrédit sur la Justice Djiboutienne telle qu’elle est prévue par le Code Pénal et le Code des Procédures djiboutiens’.

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Note de l’ARDHD :

C’est la première fois, à notre connaissance, que les autorités djiboutiennes s’expriment sur la condamnation de ces enfants mineurs. C’est un premier pas que nous saluons, car il tranche avec le silence observé depuis six semaines.

Monsieur Ali Mohamed Abdou raconte comment ces enfants ont été condamnés en flagrant délit à UN AN DE PRISON FERME, pour avoir « SNIFFE DE LA COLLE » et avoir été surpris avec du Canabis. Il estime qu’ils ont agi avec discernement, certainement le discernement de leur âge : rappelons-nous que ces enfants sont âgés de 10 à 15 ans ; leur capacité de discernement a certainement été vérifié par les forces spéciales de police !

Ces enfants seraient traités dans des conditions en relation avec leur âge dans un centre de détention pour mineurs : le seul problème, c’est que ce centre n’existe pas à Djibouti et qu’ils sont incarcérés avec les prisonniers de droit commun auxquels ils servent de « bonne à tout faire » et probablement plus …

En poursuivant la lecture de ce tableau idyllique, nous apprenons que ces enfants disposent d’un enseignant et qu’il recoivent la visite de leur famille. Le seul petit problème, c’est que le Procureur avait affirmé quelques lignes plus haut, qu’ils étaient en situation irrégulière. Légitimement, on peut se demander par quel miracle, le juge aurait accordé des permis de visite à des familles en situation irrégulière…

Le Procureur fait certainement un amalgamme entre les enfants djiboutiens et les Oromo …

Les enfants auraint été condamnés en flagrant délit après avoir reconnu les faits : ont-ils été assisté d’un avocat indépendant qui a eu le temps d’étudier leur dossier ? Comment ont-ils avoué : sous la torture ou sur la base de pressions psychologiques « amicales » ? Ont-ils signé des dépositions qu’ils ne pouvaient pas comprendre ? En quelle langue (CERTAINS ONT DIX ANS ET SONT REFUGIES ! ) Ont-ils été informés du fait qu’ils pouvaient interjeter appel de la décision ? etc …..

Il y a fort à parier que toutes les réponses à ces questions sont « NON » !

Lorsqu’elles sont poussées dans leur retranchement, les dictatures aiment à se draper dans la dignité juridique, pour couvrir des actes ignobles et scandaleux. Et lorsqu’elles n’ont plus d’arguments, elles menacent les tiers des « foudres de la Loi ». Le scénario est respecté…