08/05/02 De l’usage de l’adjectif « auto-proclamé » : un cas d’école, la République du Somaliland.

La récente
disparition du Président Egal a suscité de nombreux
messages de condoléances et de soutien à sa
famille, aux Autorités du Somaliland et au Peuple somalilandais.

L’analyse
des textes montrent que certains messages utilisent le mot
de République du Somaliland, d’autres celui de République
auto-proclamée du Somaliland, ou de Région administrative
du Nord-Ouest, etc..

Perplexes
sur le choix du terme approprié, nous nous sommes penchés
sur la question.

1
– Un Président auto-proclamé

Auto-proclamé
est souvent utilisé pour qualifier un personnage qui
s’est auto-désigné d’une manière ou d’une
autre à la tête d’un État. Cela veut dire
qu’il n’a pas été élu par la majorité
de la population.

Soit à
l’issue d’une élection fraudée, soit après
un coup d’Etat, on désigne ainsi le nouvel homme ‘dit
fort’ d’un pays. Nul doute, par exemple, que Guelleh en fasse
partie, puisque les élections de 1999 ont fait l’objet
d’une fraude électorale massive.

2
– Une République auto-proclamée

Nous étions,
en revanche, beaucoup plus perplexes sur l’utilisation de
cet adjectif dès lors qu’il qualifiait une République.
Nous ne savions pas quel terme nous devions employer pour
parler du Somaliland et nous nous sommes posés des
questions.

Qui a
le pouvoir de proclamer la République ? La réponse
est simple : le peuple souverain et personne d’autre !

A notre
connaissance, il n’y a pas de pouvoir supérieur à
celui du Peuple. Donc une République auto-proclamée
est une République qui a été proclamée
par son peuple.

Par définition,
toutes les Républiques sont auto-proclamées
puisqu’elles sont issues du choix de la majorité au
sein d’un Peuple ! La République française,
la République de Djibouti, les USA, comme toutes les
autres !

Les Républiques
auto-proclamées sont incontestablement légitimes
! Elles constituent l’aboutissement du principe sacré
au nom duquel les Peuples ont le pouvoir (et le devoir) de
s’auto-déterminer et de choisir le mode de gouvernement
qui leur convient.

Quelles
sont les limites ?

On pourrait
poursuivre le raisonnement à l’infini. L’usage a donc
fixé (probablement de façon arbitraire) des
limites. C’est ainsi qu’il semblerait inconcevable aujourd’hui,
que les Bretons, les Basques ou les Corses puissent auto-proclamer
leur République. Mais au nom de quels principes ?

Il faut
revenir à la notion de Peuple. Qu’est-ce qu’un Peuple
?

Par exemple,
il est admis aujourd’hui que le Peuple français regroupait,
lorsque la République française a été
auto-proclamée, un ensemble de régions parmi
lesquelles les Bretons, les Basques et/ou les Corses (pour
ne citer qu’eux) s’étaient associés (fondus)
dans un ensemble plus vaste : le Peuple français.

C’est
cet ensemble qui a constitué une République
et qui l’a déclaré "Une et indivisible".
La République est une sorte de copropriété
dont aucun copropriétaire ne peut plus sortir. Jusqu’à
quand ?

Le
cas du Somaliland

A la fin
de l’époque coloniale, la communauté internationale
a favorisé la création d’une vaste République
: la (grande) Somalie a regroupé des entités
territoriales qui avaient été colonisées
par différents pays européens : Angleterre,
Italie, ..

Peut-on
dire que le Peuple somalien constituait à cet époque,
un ensemble homogène qui a choisi de s’ériger
en République ? La question mérite d’être
posée. Nous ne sommes par certains que la réponse
soit OUI.

Ensuite,
la gestion de cette (soi-disant) République a été
tellement désastreuse et antidémocratique qu’il
semble admissible que certaines régions aient (auto-)choisi
de ne plus participer à une mascarade ruineuse et génératrice
de conflits internes.

C’est
le cas du Somaliland, dont il semble que les habitants se
soient retrouvés autour d’une même idée.
Ont-ils alors constitué un Peuple ? Certainement, d’autant
plus que rien ne prouve qu’ils auraient été
choisi majoritairement de participer à la constitution
de la grande Somalie.

En acceptant
cette hypothèse, on peut dire maintenant que le Peuple
du Somaliland a bien choisi et proclamé la République.
Elle est donc une République à part entière.

Pourquoi
devrait-on alors dire, par différenciation à
d’autres, la République auto-proclamée du Somaliland
: ce serait commettre un pléonasme puisque toutes les
Républiques ont la même origine : l’auto-proclamation.

Cessons
d’utiliser des faux-semblants et parlons des réalités
: tout simplement la République du Somaliland. Et tant
pis, si la communauté internationale ne veut pas encore
la reconnaître comme un État. indépendant.
La République du Somaliland existe et les citoyens
ont voté pour élire leur chef.

Nous n’avons
pas suffisamment d’information au sein de l’Association pour
émettre un jugement sur la réussite ou sur l’échec
de la République du Somaliland.

Certains
vantent ses mérites, d’autres affirment que c’est une
expérience catastrophique. Chacun se fera son idée
!

Ce que
nous voyons de l’extérieur, c’est un État. qui
fonctionne, qui prend des décisions et qui communique.
La situation (toujours vue de l’extérieur) semble meilleure
que celle de nombreuses autres régions de la Grande
Somalie. Pourquoi devrait-on n’en parler qu’en prenant des
gants et des pincettes ?

Appelons
les choses par leur nom ! Et ce n’est pas à nous, étrangers,
qu’il échoit de juger les décisions d’un peuple
souverain. Pour toutes ces raisons, l’ARDHD parlera, à
compter de cet instant, de République du Somaliland,
parce que c’est une réalité.

Cette
décision ne sera certainement pas du goût de
tous et nous nous attendons à recevoir des critiques
et des rectificatifs dont nous prendrons connaissance avec
intérêt.

En tout
cas, nous savons déjà que Guelleh sera très
hostile, lui qui tient tellement à la réussite
d’Arta, parce qu’il a beaucoup d’argent à y gagner
et de pouvoir à conserver !! Ce qui explique son attitude
injurieuse envers la République du Somaliland et de
ses dirigeants.