16/10/04 (B268) Un lecteur nous propose une autre hypothèse au sujet du séjour de Guelleh à Cuba, qui curieusement n’a pas fait couler d’encre, ni dans La Nation, ni sur l’ADI, d’habitude si bavard pour couvrir les déplacements de Guelleh. A-t-il été cherché une coopération en matière de répression de l’opposition ? (Lecteur)

LES PRECIEUX CONSEILS
DE FIDEL CASTRO

Le 29 septembre, Ismaël
Omar Guelleh a effectué un voyage officiel de 2 jours à La Havane.
Il a été accueilli en grandes pompes par le plus grand tyran
du 20ème siècle, Fidel Castro. Pourtant, Cuba est un pays extrêment
pauvre, sous embargo économique depuis 1960.

Comment un Etat endetté
et miné par la corruption pourrait-il contribuer au développement
économique de Djibouti ?

Selon les communiqués
de la présidence, le voyage du chef de l’Etat à Cuba s’inscrit
dans une perspective d’établir des liens économiques et commerciaux.
Mais en réalité, le gouvernement djiboutien souhaite instaurer,
in fine, une coopération étroite en matière de répression
de l’opposition et de violations des Droits de l’Homme.

Le sarcasme du pouvoir
à Djibouti face à l’opposition de Bruxelles.

Au pouvoir depuis 1999,
le président Ismael Omar Guelleh sera candidat à sa propre succession
aux élections prévues en avril 2005. Nul ne doute de sa victoire.
Pourtant le harcèlement orchestré par la courageuse Mme Borrel
impliquant le chef de l’Etat à l’assassinat de son mari terni l’image
édulcorée que se donne le gouvernement djiboutien.

L’opposition, longtemps
réprimée à l’intérieur du pays, est très
active à Bruxelles où elle multiplie manifestations et colloques.
L’objectif ultime de l’opposition djiboutienne est de faire pression sur l’Union
européenne afin qu’elle réagisse aux violations de la liberté
d’expression, pierre angulaire d’une démocratie. Devant de telles agitations
et sous les condamnations des associations de défense des Droits de
l’Homme telle que la puissante Human Rights Watch (HRW), le pouvoir exécutif
connaît, urbi et orbi, un sérieux malaise.


Ismaël Omar Guelleh à l’école de Fidel Castro?

Cuba est dirigé par le plus grand tyran de ce monde. Personne, à
part le roi de Jordanie, n’a duré aussi longtemps au sommet d’un Etat.
Il faut rappeler que les citoyens cubains ne peuvent sortir de leurs pays
qu’à condition d’obtenir une autorisation délivrée par
les autorités. En 1998, un correspondant d’un magazine espagnol avait
révélé la disparition à La Havane de chats, mangés
par ces habitants qui mourraient de faim. Il fut chassé du pays par
Fidel Castro (voir Le monde Diplomatique, Décembre 1998, p.8). Bref,
Cuba est une " prison à ciel ouvert " et constitue, aujourd’hui,
la plus grande geôle au monde pour les journalistes (Reporters Sans
frontières).

La visite officielle du
président Ismaël Omar Guelleh à Cuba avait pour mission,
selon La Nation, l’organe du pouvoir, d’établir une coopération
entre les deux pays dans les " domaines-clés du développement,
tels que l’éducation, la santé, l’agriculture et la recherche
scientifique ". Un pays fermé sur lui-même, isolé
sur le plan international, brisé par le sous-développement et
le dénuement ne peut, selon le bon sens, contribuer à l’amélioration
des conditions de vie d’un autre pays tout aussi misérable. Les vraies
raisons de ce voyage sont ailleurs.

A la recherche d’une
nouvelle méthode de répression

Les agents de la répression au service du pouvoir djiboutien (la
SDS) ont souvent été formés auprès du service
israélien chargé de la sécurité générale,
le Shin Beth. Mais devant l’échec du service du renseignement dans
l’affaire Borrel et (surtout) le dilettantisme du plus haut gradé de
la Sécurité nationale, Hassan Saïd, qui s’est fait piéger
par la caméra cachée d’un journaliste de Canal+, ont fait naître
des nouvelles idées chez Ismaël O. Guelleh. Dés lors, il
s’imposait, in petto, de concevoir des nouvelles recettes pour soutenir le
verrouillage des espaces de liberté, de développer des capacités
d’influence, de surveillance et de " flicage " du pays (surtout
dans la diaspora).

A défaut de ne
pouvoir consulter Saddam Hussein, incarcéré dans un cachot,
Ismaël Omar Guelleh a choisi la méthode cubaine d’oppression des
peuples, peut-être plus sophistiquée que les dictatures des régimes
arabes, aujourd’hui sous les projecteurs. Son prochain voyage, ce sera sans
doute au chevet du sinistre nord-coréen Kim Jong-il, pour la version
asiatique de la répression des peuples. A présent, l’unique
plan du chef de l’Etat djiboutien consiste à rester au pouvoir, au
moins aussi longtemps que Fidel Castro.

C.h