24/07/06 (B360) LIBERATION L’Ethiopie menace d’«écraser» les islamistes somaliens (Avec AFP et Reuters – Info lecteur)

Elle a franchi la frontière et disposé des troupes au nord de Mogadiscio.
Par MARIE-LAURE COLSON

La Somalie est au bord d’une nouvelle guerre. Alors que les islamistes somaliens qui tiennent la capitale et une partie du pays depuis juin se rapprochent de Baïdoa où s’est réfugié le gouvernement de transition, l’Ethiopie a élevé le ton ce week-end contre les nouveaux maîtres de Mogadiscio, menaçant d’ «écraser» les miliciens du Conseil suprême islamique de Somalie (Sics).

Fondamentalistes.

La puissance régionale de la corne de l’Afrique a joint l’acte à la parole. Selon de nombreux témoins, une centaine de camions militaires éthiopiens avait déjà traversé la frontière mercredi pour se positionner près de Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio). Samedi, Addis-Abeba, qui possède l’une des armées les plus aguerries et les mieux équipées d’Afrique, a encore envoyé environ 250 soldats et de l’armement lourd à Wajid, sur l’un des axes routiers reliant l’Ethiopie à Baïdoa. De tradition chrétienne, l’Ethiopie redoute de voir son voisin somalien, dévasté par quinze années de guerre civile, tomber aux mains de fondamentalistes qui veulent instaurer la loi coranique et que Washington soupçonne d’être liés à Al-Qaeda.

Pour les autorités éthiopiennes, il s’agit de lancer un avertissement : «Je pense qu’ils [les islamistes somaliens, ndlr] n’oseront rien faire, car ils savent qu’il y a une force [l’armée éthiopienne, ndlr] capable de faire ce qu’elle a dit, une force capable d’écraser quiconque, au sens propre du terme», a déclaré sous couvert d’anonymat un haut responsable gouvernemental éthiopien, interrogé par l’AFP. Mais vendredi, dans un message diffusé sur une radio de Mogadiscio, le chef du Sics, cheikh Hassan Dahir Aweys a appelé les Somaliens à se rebeller : «Les Ethiopiens ont envahi notre pays et nous devons les forcer à le quitter et cela sera une guerre sainte.»

Des manifestations contre l’Ethiopie ont été organisées dans la capitale et des miliciens islamistes ont tiré sur des Somaliens qui avaient osé organiser une contre-manifestation, tuant deux personnes. Le lendemain, un bref accrochage a opposé près de Baïdoa, les forces gouvernementales somaliennes à des combattants proches des groupes islamistes. C’est le premier affrontement depuis que les islamistes ont pris le contrôle de la capitale aux dépens d’une alliance de chefs de guerre soutenue par Washington. Le 22 juin, le Sics et le gouvernement de transition avaient signé à Khartoum un accord de cessation des hostilités et de reconnaissance mutuelle.

Accord violé.

Parallèlement, l’espoir d’un règlement diplomatique s’amenuise. Une seconde série de négociations entre le Sics et le gouvernement qui devaient se tenir ce week-end à Khartoum, a été suspendue.

Estimant que les islamistes avaient violé l’accord du 22 juin, le gouvernement de transition somalien conditionne désormais toute négociation à «une garantie internationale» que les résultats d’éventuels pourparlers soient effectivement mis en oeuvre. Les islamistes, quant à eux, refusent de négocier «avec un gouvernement qui reçoit l’aide de l’ennemi de la Somalie», entendre l’Ethiopie, selon le cheikh Sharif Ahmed, l’un des dirigeants de l’Union des tribunaux islamiques.

avec AFP, Reuters