27/12/06 (B375) Les dépêches se multiplient concernant le conflit en Somalie et certaines sont contradictoires selon l’origine. (Info lectrice) 4 – La violence des combats et les conséquences

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Nouvel Obs

SOMALIE
Les combats ont fait plus de 1.000 morts et 3.000 blessés

Les combats entre les forces des tribunaux islamiques somaliens et
celles du gouvernement de transition appuyées par l’Ethiopie ont fait
plus de 1.000 morts et plus de 3.000 blessés, a affirmé mardi
26 décembre le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi à
la presse.

Meles
Zenawi a précisé que ses troupes ne visaient pas la capitale
somalienne Mogadiscio, contrôlée par les islamistes. « Nous
ne visons pas des villes particulières, Mogadiscio ou une autre (ville)
(…) Libérer des villes (sous tutelle islamiste) n’est pas notre objectif »,
a déclaré Meles Zenawi lors d’un point de presse.

« La
moitié de notre mission a été accomplie. Dès que
nous aurons accompli cette mission, et cela ne devrait pas prendre longtemps,
nous nous retirerons » de Somalie, a ajouté le Premier ministre.

Les forces
armées éthiopiennes et les troupes du gouvernement somalien
se trouvaient mardi à 100 km de la capitale somalienne, tenues par
les islamistes, et s’en rapprochaient, avait affirmé plus tôt
à la presse l’ambassadeur de Somalie à Addis Abeba, Abdelkarin
Farah, en faisant état de plus de mille tués dans les rangs
islamistes depuis le début des combats.

Bombardements

Lundi, des chasseurs de l’armée de l’air éthiopienne avaient
bombardé les deux principaux aéroports du pays, dont l’aéroport
international de la capitale, Mogadiscio, contrôlée par le Conseil
des tribunaux islamiques (CTI), le mouvement islamiste qui s’est emparé
d’une grande partie du pays aux dépens du fragile gouvernement de transition
reconnu par la communauté internationale.

Parallèlement,
les forces régulières somaliennes appuyées par des soldats
éthiopiens avaient pris la localité stratégique de Belet
Weyne, apportant au gouvernement légal l’assistance militaire dont
il a désespérément besoin pour repousser les islamistes.

Dimanche
soir, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi avait annoncé
que son pays était « forcé à entrer en guerre pour
se défendre contre les attaques des extrémistes » après
que le Conseil des tribunaux islamiques eut décrété la
guerre sainte contre ce pays à majorité chrétienne. Il
s’agissait de la première confirmation d’Addis Abeba de son engagement
en Somalie, alors que des témoins signalaient cette présence
depuis des semaines.

800 blessés

Les chasseurs éthiopiens de fabrication
russe ont effectué lundi matin des passages à très basse
altitude, larguant au moins deux bombes sur le plus grand aéroport
de Somalie qui venait de rouvrir après la prise de contrôle de
Mogadiscio par les miliciens des Tribunaux islamiques. Il s’agissait de la
première attaque directe sur le secteur où siège le CTI.
Peu après, l’aéroport de Baledogle, à une centaine de
kilomètres de Mogadiscio, a été bombardé, a annoncé
un membre de la milice islamiste.

« Le
gouvernement éthiopien bombarde des cibles non-civiles en Somalie pour
entraver et empêcher toute livraison d’arme et de matériel à
destination des Tribunaux islamiques », a affirmé Bereket Simon,
un conseiller du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi.

Les récents
combats en Somalie ont fait plus de 800 blessés et jeté des
milliers de civils sur les routes, a rapporté mardi le Comité
international de la Croix-Rouge (CICR), précisant que ce bilan n’était
que « la face visible » de la violence sur le terrain.

Le nombre
des blessés a été communiqué par les différentes
structures hospitalières avec lesquelles le CICR est en contact dans
l’ensemble du pays, a précisé à l’AFP la porte-parole
de l’institution à Genève, Antonella Notari.

Il s’agit
d’un chiffre partiel qui porte uniquement sur le nombre de blessés
qui ont été conduits vers ces centres de soins, a-t-elle souligné.

Ces frappes
aériennes ont été menées quelques heures seulement
après la prise par les troupes régulières somaliennes
-soutenues par des soldats éthiopiens- de la ville frontalière
clef de Belet Weyne, tôt lundi, à la grande joie des habitants.
Les forces somaliennes continuaient leur progression vers le sud à
la poursuite des miliciens islamistes, a déclaré un officier
somalien. Un couvre-feu s’étendant de 15h à 6h locales était
appliqué par les soldats. « Quiconque a une arme mais ne porte
pas d’uniforme militaire sera visé en tant que terroriste », a
expliqué Aden Garase, un militaire à Belet Weyne.

Dimanche,
la Somalie avait connu un regain de violence avec le bombardement par des
avions éthiopiens de plusieurs villes contrôlées par les
milices islamiques.

Le Conseil
des tribunaux islamiques, dont les forces ont pris le contrôle de Mogadiscio
et de la majeure partie du sud du pays depuis juin, entend chasser les troupes
éthiopiennes soutenant le gouvernement de transition appuyé
par les Nations unies.

Sans Etat depuis 1991

La Somalie,
livrée aux rivalités de clans, ne possède plus d’Etat
depuis le renversement du dictateur Mohamed Siad Barré en 1991. Les
Etats-Unis accusent les Tribunaux islamiques, qui rappellent les talibans
afghans, d’avoir des liens avec le réseau terroriste d’Al-Qaïda,
ce que les islamistes démentent.

Le gouvernement
somalien a commencé lundi à fermer ses frontières dans
l’espoir d’empêcher l’arrivée de combattants étrangers.
Mais cette mesure a peu de chance d’avoir un quelconque effet, le pays ne
disposant pas de marine ou de garde-côtes pour surveiller les 3.000km
de côtes. Dans le même temps, le Programme alimentaire mondial
(PAM) a mis en place un pont aérien pour livrer plusieurs tonnes de
vivres et d’aide en Somalie, selon Peter Smerdon, un porte-parole.

La question
des frontières a provoqué deux guerres en 45 ans entre l’Ethiopie
et la Somalie, et les Tribunaux islamiques insistent pour former une Grande
Somalie intégrant des groupes qui vivent dans l’est de l’Ethiopie,
le nord-est du Kenya et à Djibouti. (avec AFP, AP)