16/02/07 (B382) Le Figaro : Les six dossiers qui empoisonnent les relations franco-africaines

ALAIN
BARLUET, TANGUY BERTHEMET, THIERRY OBERLÉ, PATRICK DE SAINT-EXUPÉRY.

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L’affaire Borrel à Djibouti

Le juge
Sophie Clément, chargé de l’enquête sur la mort du magistrat
français Bernard Borrel, vient de demander à entendre comme
témoin le président djiboutien, Ismaël Omar Guelleh, qui
pouvait espérer une arrivée plus digne au sommet de Cannes.

Depuis
que, le 19 octobre 1995, le corps du juge Bernard Borrel a été
retrouvé à demi brûlé au pied d’une petite falaise
à Djibouti, cette affaire n’a cessé de pourrir les relations
entre Paris et son ancienne colonie. Au départ, pourtant, rien ne semblait
mystérieux dans la mort de ce magistrat français détaché
auprès du gouvernement djiboutien. L’enquête, menée en
collaboration avec les autorités françaises, conclut très
vite à un suicide : dépression et immolation.

Mais la
veuve du juge conteste cette version et porte plainte. Les investigations
seront lentes, très lentes. En 2000, les choses s’accélèrent.
Un ancien garde du corps de la présidence djiboutienne assure devant
le juge d’instruction avoir été témoin d’une conversation
entre plusieurs hauts responsables djiboutiens, notamment Ismaël Omar
Guelleh devenu entre-temps chef de l’État, sur « la mort du juge
fouineur ».

Le
dossier Borrel devient dès lors affaire d’État.

Et ce,
d’autant plus que la thèse du suicide vole en éclats trois ans
plus tard. Une série d’expertises met en avant le rôle «
très probable » de « un ou plusieurs tiers » dans
la mort de Bernard Borrel. Le président Guelleh, qui a toujours nié
toute implication, s’agace. Il accuse « certains » à Paris
de vouloir le déstabiliser. Le gouvernement français garde le
silence.

Onze ans
après la mort du magistrat, le voile n’a toujours pas été
levé ni sur les circonstances ni sur les raisons de cet assassinat.
Mais le juge français en charge du dossier ne renonce pas.

(…)