23/11/10 (B579) L’UAD rappelle les termes de la lettre qu’elle avait adressée en 2004 au Président de la République et qui est restée sans réponse.

UNION POUR L’ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE
ARD, UDJ, MRD ET PDD

à Monsieur le Président de la République
Chef de Gouvernement, Palais Présidentiel Djibouti

Djibouti, le 21 mai 2004

Monsieur le Président de la République,

Depuis l’instauration du multipartisme intégral consécutif aux accords de paix définitive du 12 mai 2001, nous n’avons à aucun moment manqué de nous conformer aux dispositions légales en vigueur afin de respecter pleinement les règles qu’impose toute démocratie. Nous nous permettons de vous rappeler que nous vous avions saisi, en votre qualité de Président de la République et Chef de Gouvernement, avant et après les élections législatives, sur l’énorme décalage entre la démocratisation affichée et les dispositions de la loi relatives aux élections.

A cet effet, c’est par souci de transparence électorale, que nous vous avions d’ailleurs écrit le 9 novembre 2002, sur l’impérieuse nécessité d’une modification du décret n° 2002/198/PR/MID du 30 septembre de la même année relatif à la composition et au fonctionnement de la Commission Electorale
Nationale Indépendante en vous y exposant nos observations et nos propositions afin que ladite commission puisse disposer de toutes les attributions et compétences nécessaires pour bénéficier de l’indispensable indépendance que requiert sa mission, seule garantie pour l’organisation d’élections libres et transparentes.

De l’annonce des résultats du scrutin du 10 janvier 2003 à ce jour, nous avions entrepris et épuisé toutes les démarches légales, pour le remboursement de la caution de 32,5 millions fd déposée au Trésor Public par les 65 candidats de notre liste aux dernières élections. Du Trésorier payeur, en passant par le Ministre de l’Intérieur, du Tribunal Civil et Commercial, du Tribunal du Contentieux Administratif enfin du Ministre de la Justice chargé des Droits de l’Homme, nos doléances sont restées sans réponse. Notre dernière tentative, avec pour objectif le déblocage de la situation politique de notre pays, fut notre entrevue du 24 mars dernier avec votre Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation.

Cette rencontre devait permettre la concrétisation effective, puisque légale, des engagements relatifs à la démocratisation de la vie politique, tant pour les consultations nationales que régionales.

A ce sujet, nous n’avions pas manqué de faire remarquer au Ministre en charge de la Décentralisation, que la loi n° 174/AN/02/4ème L portant décentralisation et statut des régions du 7 juillet 2002 promulguée par vous-mêmes et publiée au journal officiel du 15 juillet 2002 a été tout simplement violée, au regard de son article 5 aliéna 2 lequel dispose : « dans les trois mois qui suivront la promulgation de la présente loi, un décret précisera un calendrier pour l’installation et la mise en place effective des collectivités régionales élues ainsi que les transferts de compétences qui leur sont dévolus par la loi ».

Par conséquent, cette réunion n’ayant débouché sur aucune conclusion honorable et considérant qu’à défaut d’une issue responsable pour notre pays, nous, Union pour l’Alternance Démocratique regroupant les quatre partis de l’opposition, toujours soucieuse de l’intérêt général, réitérons avant toute consultation électorale nos exigences légales et légitimes pour :

– La refonte des listes électorales qui doivent refléter la réalité du corps électoral tel qu’il est actuellement. Sur ce point, votre Ministre de l’Intérieur avait reconnu en présence des observateurs internationaux lors des dernières législatives que les listes électorales étaient décalées de la réalité du corps électoral national

– L’établissement de ces listes par bureau de vote dans les régions de l’Intérieur ;

– La mise en place d’une véritable Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), composée à parité de représentants de l’Opposition et de représentants des partis au pouvoir, sous la présidence d’une personnalité indépendante acceptée par les deux parties ;

– L’élaboration conjointe (Opposition/Gouvernement) du Statut Spécial de la Capitale Djibouti ;

– La modification de la Loi relative aux élections dans ses articles 27 et 54, portant sur la proclamation des résultats et la remise des Procès-verbaux, consécutives au dépouillement du résultat des scrutins. Désormais, nous considérons que pour une transparence réelle des élections, chaque liste doit disposer de son exemplaire de PV et les résultats proclamés par la CENI ;

– L’abandon pur et simple des pratiques de l’ancien système du parti unique dans la désignation des assesseurs par le pouvoir. Ces assesseurs doivent désormais représenter les listes en compétition ;

– L’accès libre et équitable des partis politiques aux médias publics;

– L’amendement et l’application effective de la loi de 1992 sur lacommunication
qui autorise l’ouverture de radios et de télévisions libres.

Monsieur le Président de la République, la légitimité du pouvoir, la transparence et la stabilité resident dans la loyale application des points ci-dessus. Dans le cas contraire, nous prenons à témoins l’opinion nationale et internationale sur les dangers que fait courir votre gouvernement à la fragile stabilité que nous avons su préserver jusqu’à ce jour. Conditions pour la Démocratisation de la vie politique.