22/03/07 (B387-B) Etat de Guerre en Somalie. Toutes les informations que nous recevons font état d’une aggravation de la situation et de la violence qui gagne différents secteurs. On accuse généralement les islamistes et même Al Quaida, mais certains observateurs soupçonnent aussi les anciens chefs de Guerre. (4 dépêches – Infos lectrice)

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1 – AFP

Somalie : les combats ont gagné
le nord de Mogadiscio

Par Mustafa
HAJI ABDINUR

MOGADISCIO (AFP) – De violent combats ont opposé jeudi insurgés
et forces somaliennes et éthiopiennes dans Mogadiscio, s’étendant
au nord de la capitale somalienne jusqu’ici assez préservé par
les violences, au deuxième jour d’une opération de "ratissage"
déclenchée par le gouvernement.

Trois civils ont été tués dans un quartier nord de la
ville par un obus de mortier qui a explosé dans leur maison, ont indiqué
à l’AFP des habitants. Plus de 170 blessés, dont des femmes
et des enfants, ont été admis depuis mercredi dans le principal
hôpital de la capitale, dont près de cent admissions dans la
seule nuit de mercredi à jeudi, selon une source médicale.

Selon des témoins et des journalistes de l’AFP, des combats ont eu
lieu à la fois dans le sud de la capitale, cible régulière
d’attaques depuis deux mois et demi, mais également dans le nord, ce
qui constitue une nouveauté.

"Des violents tirs d’artillerie lourde sont effectués par les
forces de gouvernement et les insurgés (…) Nous sommes terrorisés
dans nos maisons et nous voyons des balles fuser partout", a raconté
à l’AFP Bashir Mohamed, résident du quartier de Gupta (nord).

"Il y a des tirs de mitrailleuses et de batteries anti-aériennes.
Les deux camps utilisent toutes les armes à leur disposition. Les gens
fuient", a rapporté Hassan Mohamed, habitant du quartier Wadajir.

Mogadiscio subit quasi quotidiennement des attaques meurtrières depuis
que les tribunaux islamiques ont été chassés fin décembre
2006-début janvier des régions qu’ils contrôlaient (soit
une grande partie du sud et du centre de la Somalie) lors d’une offensive
éclair de l’armée éthiopienne alliée aux forces
somaliennes.

Ces attaques, menées par des insurgés non identifiés
et qui visent essentiellement des positions gouvernementales, ont été
attribuées aux islamistes par le gouvernement somalien.

L’extension des combats dans le nord de la capitale intervient au deuxième
jour d’une opération de "ratissage" à la recherche
de miliciens et d’armes, lancée mercredi par le gouvernement.

Mercredi, au moins 14 personnes, dont six soldats, ont été tuées
dans des violences entre insurgés et troupes somaliennes et éthiopiennes
qui ont éclaté peu après le déclenchement de l’opération.
Selon des journalistes de l’AFP, des centaines d’habitants fuyaient jeudi
le sud de la capitale.

Jeudi, les autorités somaliennes ont juré de mener à
bien leur plan d’"éradication" des insurgés.

"Le gouvernement combat les terroristes à Mogadiscio (…) Les
combats ne cesseront pas à Mogadiscio tant que nous ne les aurons pas
défaits (…) Ce plan ne sera pas empêché par ces individus",
a lancé le vice-ministre somalien de la Défense, Salad Ali Jelle.

M. Jelle a attribué les récentes attaques "à des
résidus d’islamistes conduits par Aden Hashi Ayro", leader islamiste
extrémiste.

"Après que les terroristes ont consulté (le réseau
terroriste) Al-Qaïda, Ayro a été désigné
comme le chef d’Al-Qaïda à Mogadiscio", a-t-il accusé.

M. Jelle a exhorté la population de Mogadiscio "à quitter
les quartiers occupés par les résidus d’islamistes".

La Somalie, pays pauvre de la Corne de l’Afrique, est en guerre civile depuis
1991.

Les autorités somaliennes, mises en place en 2004, tentent de pacifier
le pays depuis la défaite des islamistes. L’armée éthiopienne
aide depuis décembre le gouvernement à tenter de stabiliser
le pays.

La force de paix de l’Union africaine (UA) en Somalie (Amisom), qui a entamé
son déploiement à Mogadiscio depuis le 6 mars, doit progressivement
prendre le relais de l’armée éthiopienne.

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2 – AP

Quatre
morts dans de nouveaux combats opposant soldats somaliens et éthiopiens
aux insurgés islamistes

MOGADISCIO (AP) – Des dizaines d’habitants ont fui leurs maisons jeudi
à Mogadiscio au deuxième jour de violents combats opposant les
soldats somaliens et éthiopiens aux insurgés islamistes. Au
moins quatre personnes ont été tuées et six autres blessées
dans ces affrontements.

Le vice-ministre de la Défense Salad Ali Jelle a déclaré
que le gouvernement somalien avait obtenu des renseignements indiquant qu’un
haut dirigeant des Tribunaux islamiques, Aden Hashi Ayro, dirigeait l’insurrection
dans la capitale et avait été récemment nommé
chef de la cellule d’Al-Qaïda en Somalie. Il a ajouté que le gouvernement
disposait d’informations selon lesquelles Ayro se trouvait à Mogadiscio.

Jeudi, des habitants sont montés à bord de camionnettes
ou de taxis, les plus pauvres transportant leurs biens sur la tête ou
dans des sacs en plastique, dans l’objectif de gagner des secteurs plus sûrs
de la capitale somalienne ou de quitter Mogadiscio.

Hadija Mad Osman, mère de sept enfants, a expliqué qu’elle avait
été contrainte de laisser son époux -blessé dans
l’explosion d’un obus de mortier- et deux de ses enfants souffrant de diarrhée,
car ils étaient trop faibles pour voyager.

Les insurgés ont lancé des grenades, des obus de mortier et
fait usage de mitrailleuses dans les combats contre les forces gouvernementales
qui ont répliqué par des tirs d’artillerie lors d’ affrontements
en cours de matinée dans le nord et le sud de Mogadiscio, selon des
témoins.

De mêmes sources, on a dénombré quatre corps dans différents
secteurs de la ville tandis que le Dr Ali Bile de l’hôpital Keysaney
a précisé que six blessés avaient été admis
dans l’établissement.

Des centaines de soldats somaliens ont été déployés
pour renforcer les militaires qui ont affronté les insurgés
mercredi, selon Fathi Mohamed Aden, qui a été témoin
des affrontements dans le nord de la capitale. Dans un quartier du sud de
Mogadiscio, des hommes armés ont attaqué des soldats somaliens
et éthiopiens basés dans l’ancien bâtiment du ministère
de la Défense, a de son côté déclaré Jamila
Isaq Roble, mère de six enfants.

Les combats font suite aux batailles de mercredi au cours desquelles les insurgés
ont traîné les corps de six soldats -quatre somaliens et deux
éthiopiens- dans les rues de Mogadiscio avant d’y mettre le feu. Ces
affrontements étaient parmi les plus violents à Mogadiscio depuis
que la milice radicale du Conseil des tribunaux islamiques a été
délogée de la ville en décembre après six mois
de contrôle. Le groupe a néanmoins juré de mener une guerre
semblable à celle qui meurtrit l’Irak et des attaques au mortier visent
la capitale pratiquement chaque jour.

Le leader du Conseil des tribunaux islamiques, Cheikh Hassan Dahir Aweys,
a déclaré au service somalien de la BBC que les insurgés
et les habitants étaient en droit de lutter contre les forces gouvernementales
somaliennes et leurs alliés éthiopiens, mais a démenti
toute implication.

AP

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3 – Le Potentiel de Kinshasa

Violence
à Mogadiscio, la Somalie sur les traces de l’Irak

By PIERRE EMANGONGO ET LUDI CARDOSO
Kinshasa

Au moins 14 personnes, dont 6 soldats, ont été tuées
et une centaine d’autres blessées hier mercredi dans de violents combats
ayant opposé des assaillants non identifiés aux forces somaliennes
et éthiopiennes dans plusieurs quartiers de Mogadiscio.

Cette flambée de violence a été provoquée à
l’aube, lors d’une attaque contre le quartier général de l’armée
éthiopienne.

« Les forces de sécurité somaliennes ont commencé
tôt ce matin, une opération militaire à Mogadiscio pour
exterminer (les) milices. Nous pensons qu’elles sont derrière les récentes
attaques au mortier », a déclaré l’ambassadeur somalien
au Kenya, Mohamed Ali Nur lors d’une conférence de presse à
Nairobi.

Selon des habitants cités par Reuters, des insurgés ont tiré
sur des blindés éthiopiens, qui ont répliqué.
Les forces éthiopiennes ont, par ailleurs, tiré plusieurs roquettes
en direction du stade de Mogadiscio où, d’après les témoins,
des insurgés se seraient retranchés.

Cette situation, pour le moins dramatique, inquiète plus d’une personne,
pour la simple raison que depuis la chute des islamistes à Mogadiscio,
cette ville devient le théâtre d’affrontements au quotidien.

Cette recrudescence de la violence dans la capitale somalienne suscite également
de nombreuses interrogations, au motif que l’arrivée des soldats éthiopiens
en terre somalienne et le soutien militaire américain portaient à
croire que ce pays de la Corne de l’Afrique, qui a vécu près
d’une décennie sans gouvernement central ,pouvait sortir de l’état
de la jungle pour retrouver la paix et la stabilité.

Mais, malheureusement sur le terrain, les observateurs constatent avec amertume
que les islamistes, chassés dernièrement de leurs positions,
ont changé de tactiques en utilisant une guérilla urbaine. Cette
nouvelle guerre fragilise à la fois le gouvernement et l’armée
nationale appuyée par l’Ethiopie et l’Amérique. Ce qui donne
à penser que la Somalie est sur les traces de l’Irak qui peine à
se débarrasser de la violence depuis l’occupation américaine.

Pire encore, les Etats qui sont derrière les tribunaux islamiques ne
sont pas clairement identifiés, quand bien même on cite l’Arabie
Saoudite, l’Erythrée, ennemi juré de la Somalie, l’Iran ainsi
que la nébuleuse Al Qaïda du millionnaire saoudien Ousama Ben
Laden.

C’est donc la guerre contre le terrorisme international qui s’installe désormais
dans la Corne de l’Afrique où l’option militaire a déjà
montré ses insuffisances. Reste que les protagonistes de cette crise
prennent langue avant la tenue d’une conférence internationale sur
cette région actuellement en proie à la violence.

__________________________________ 4 – REUTERS

Violents combats à Mogadiscio,
Al Qaïda accusé

Par Sahal Abdulle

MOGADISCIO (Reuters) – Pour la seconde journée consécutive,
de violents combats ont éclaté à Mogadiscio, où
le gouvernement somalien affirme avoir affaire à Al Qaïda par
anciennes milices islamistes interposées.

Salad Ali Jelle, vice-ministre somalien de la Défense, a déclaré
à la presse qu’Aden Hachi Ayro, un chef militaire islamiste formé
en Afghanistan, avait été adoubé par le mouvement d’Oussama
ben Laden en tant que responsable de la guérilla.

Ayro, qui est âgé d’une trentaine d’années, dirigeait
Chahab, la redoutable branche armée de l’Union des tribunaux islamiques,
chassée de la capitale fin décembre par les forces régulières
somaliennes soutenue par un corps expéditionnaire éthiopien.

"Ce gouvernement est la cible de ceux qui avaient l’habitude de collaborer
avec les terroristes, les soi-disant tribunaux islamiques. Et après
avoir longuement consulté Al Qaïda, Aden Hachi Ayro a été
nommé chef des opérations à Mogadiscio", a assuré
Jelle.

Ayro est soupçonné de longue date par les autorités américaines
et somaliennes d’entretenir des liens avec Al Qaïda, mais les observateurs
n’excluent pas que le gouvernement somalien force le trait pour obtenir un
engagement plus résolu de Washington à ses côtés.

Les forces somaliennes et leurs alliés éthiopiens font face
à des attaques quotidiennes de la guérilla dans la capitale,
dont les habitants fuient par centaines.

La journée de mercredi a été particulièrement
sanglante avec plus d’une quinzaine de tués. Parmi ces derniers figuraient
cinq soldats, dont les insurgés ont exposé les corps à
la vindicte populaire avant de d’y mettre le feu.

REAPPARITION DU CHEIKH AWEYS

Jeudi, les combats ont repris lorsque des chars éthiopiens de faction
devant un casernement somalien ont ouvert le feu sur des assaillants non identifiés.
Les tirs des chars ont été suivis de rafales de mitrailleuse,
autour de l’ancien siège du ministère de la Défense.

Des combats ont également été signalés par des
témoins dans le quartier nord de Ramadhan et une très forte
explosion a été entendue en milieu d’après-midi au Kilomètre-Quatre,
un faubourg de la capitale.

Celui-ci a été l’un des enjeux de l’offensive ayant abouti il
y a un an à la chute de la capitale aux mains des islamistes. Ceux-ci
en avaient chassé les chefs de guerre qui y faisaient régner
leur loi sanglante depuis 15 ans.

L’ancien siège du ministère de la Défense, attaqué
quasi quotidiennement, et le quartier de Ramadhan sont deux anciens bastions
de l’Union des tribunaux islamiques.

On ignore le bilan des affrontements de jeudi, mais l’intensité des
combats a incité des centaines d’habitants, principalement des femmes
et des enfants, à fuir par tous le moyens de locomotion avec leurs
maigres biens.

"Les combats se poursuivent. Ce sont les derniers islamistes et le gouvernement
qui se battent", a précisé un habitant souhaitant garder
l’anonymat pour des raisons de sécurité.

Si nombre de Somaliens pensent que les insurgés sont des miliciens
islamistes, les analystes estiment que d’anciens hommes de main des chefs
de guerre et de clan et des criminels ordinaires les ont rejoints contre un
gouvernement jugé aux ordres d’intérêts étrangers.

L’ancien chef de l’Union des tribunaux islamiques, le cheikh Hassan
Dahir Aweys, est réapparu pour la première fois depuis la chute
de Mogadiscio, il y a trois mois, pour affirmer dans une interview téléphonique
à la BBC qu’il se trouve toujours en Somalie et encourage l’insurrection.

"La Somalie est sous occupation et le peuple a le droit d’en
chasser les occupants. Les tribunaux islamistes auraient dû être
félicités pour avoir rétabli l’ordre, mais la communauté
internationale a manqué à son devoir."