24/03/07 (B388-A) AFP Somalie : après trois jours d’échanges de tirs, le calme revient à Mogadiscio (Info lectrice)
Par Ali MUSA
ABDI
MOGADISCIO (AFP) –
La vie reprenait ses droits samedi à Mogadiscio, où aucune violence
n’avait été signalée en fin de journée après
trois jours consécutifs d’échanges de tirs qui ont transformé
la capitale somalienne en ville morte et fait au moins 24 morts.
Samedi, les magasins ont rouvert et les transports en commun ont repris la
route après trois jours d’interruption, marqués par des combats
à l’arme lourde impliquant les forces somaliennes et éthiopiennes
à des assaillants non identifiés.
Le gouvernement accuse les islamistes, qui ont perdu il y a deux mois et demi
les régions somaliennes qu’ils contrôlaient, de fomenter les
violences dans ce pays en guerre civile depuis 1991.
Aucune attaque n’avait été signalée en fin de journée
samedi dans Mogadiscio, où soldats de la force africaine de paix en
Somalie (Amisom), militaires somaliens et éthiopiens alliés
veillaient à la sécurité.
Au niveau du carrefour K4, un endroit stratégique de la capitale où
l’Amisom a commencé à se déployer la veille, des soldats
ougandais de la paix étaient installés sur les toits avec des
mitrailleuses lourdes et des AK47.
D’autres militaires de l’Amisom sont sortis dans les rues pour assurer
une présence visible, mais n’ont pas érigé des barrages.
En revanche, des militaires somaliens ont installé un point de contrôle
au niveau du carrefour K4, en face du bâtiment principal du dispositif
ougandais, où ils contrôlaient tous les véhicules, faisant
descendre les passagers et fouillant les paquets, parfois avec agressivité.
Quand la foule curieuse était trop nombreuse, les soldats la
dispersaient en tirant un coup de feu en l’air, sous le regard impassible
des militaires de l’Amisom.
Ce dispositif vise à prévenir les attaques quasi quotidiennes
qui ensanglantent Mogadiscio depuis la chute des tribunaux islamiques fin
décembre 2006-début janvier. Au total, ces violences ont fait
une centaine de morts depuis deux mois et demi, selon un décompte de
l’AFP.
Vendredi, un avion de la compagnie bélarusse Transaviaexport s’est
écrasé peu après son décollage de l’aéroport
de Mogadiscio. Selon le porte-parole du gouvernement Hussein Mohamed Muhamoud,
l’appareil a été abattu par une roquette. Mais pour le ministre
somalien de l’Intérieur, Muhamoud Hamed Gulled, le gouvernement « traite
ce crash comme un accident, jusqu’à plus amples indications de la part
d’experts ».
Les onze personnes à bord de l’appareil, toutes de nationalité
bélarusse, ont été tuées. Les passagers de l’Iliouchine
étaient venus réparer en Somalie un avion affrété
par l’Amisom.
« Nous adressons nos condoléances aux familles des victimes tuées
dans le crash, alors qu’elles (les personnes tuées) servaient l’Union
africaine et la paix en Somalie », a déclaré samedi à
l’AFP le porte-parole du gouvernement somalien, Hussein Mohamed Muhamoud.
M. Gulled a par ailleurs demandé aux familles des victimes l’autorisation
d’enterrer les corps en Somalie. « Nous n’avons pas de morgue pour garder
les corps des 11 » personnes tuées, alors que la température
à Mogadiscio dépasse les 40 degrés, a-t-il expliqué.
Enfin, à Kampala, l’armée ougandaise, qui a fourni la totalité
des quelque 1.500 soldats de l’Amisom déployés actuellement
à Mogadiscio, a affirmé samedi ne pas avoir peur des attaques
qui secouent la capitale somalienne.
« Nous ne sommes pas menacés (…). La situation est sous contrôle »,
a déclaré à la presse le chef de l’armée ougandaise,
le général Aronda Nyakairima.
Depuis le début du déploiement de l’Amisom, le 6 mars, trois
soldats de la paix ont été blessés, selon des sources
militaires ougandaises.