07/05/07 (B394) Amnesty International : les Somaliens privés du droit de chercher refuge (Info lectrice)

Des milliers de
demandeurs d’asile et réfugiés somaliens se sont retrouvés
livrés à eux-mêmes lorsque le Kenya a décidé
de fermer sa frontière avec son voisin dévasté par la
guerre. Cette décision les expose à de graves violations des
droits humains.

Le Kenya a fermé sa frontière avec la Somalie le 3 janvier 2007,
invoquant des «préoccupations en matière de sécurité»
à la suite de la résurgence du conflit armé en Somalie.
Le jour même, les autorités kenyanes ont expulsé au moins
420 Somaliens, qui avaient déjà franchi la frontière
et attendaient dans le centre de transit de Liboi.

Depuis, des milliers d’autres demandeurs d’asile somaliens sont
dans l’impossibilité de se rendre au Kenya pour y exercer leur
droit de solliciter l’asile afin d’échapper à la
flambée de violence qui touche la Somalie depuis juin 2006.

De leur côté, les quelque 2 000 demandeurs d’asile ayant
réussi à passer la frontière ne sont pas au bout de leurs
peines, les risques et les obstacles étant encore nombreux. Lorsqu’elles
se déplacent dans la brousse, les familles s’exposent aux homicides,
viols et tortures commis par les groupes armés. Celles qui réussissent
à gagner les camps de réfugiés à Dadaab vivent
dans la peur d’être renvoyées si les autorités kenyanes
découvrent qu’elles sont arrivées après la fermeture
de la frontière.

Khadija, vingt-quatre ans, est mère de quatre enfants. Elle
a essayé de fuir la Somalie le jour où la frontière a
été fermée.

Elle raconte à Amnesty International: «On nous a reconduits
en Somalie, où on nous a abandonnés au milieu de nulle part.
Certains d’entre nous ont décidé de revenir au Kenya illégalement,
en passant par la brousse.»

Lorsque son groupe a vu un hélicoptère qui volait à
très basse altitude, il a pensé qu’il s’agissait
des forces de sécurité kenyanes: «Il y a eu de la confusion
et de la panique, chacun a commencé à courir pour aller se cacher.
J’ai été séparée de tous mes enfants et
je n’ai pas réussi à retrouver la trace d’un seul
d’entre eux», déclare Khadija, qui a aussi perdu contact
avec son mari, parti à la recherche de leurs enfants.

Le droit de rechercher une protection internationale
dans un autre pays est inscrit dans le droit international.

En refusant d’autoriser les Somaliens à traverser sa frontière,
le Kenya agit en violation de ses obligations internationales, et notamment
de la Convention relative au statut des réfugiés (ONU, 1951),
à laquelle le Kenya est partie.

Le gouvernement kenyan doit rouvrir sa frontière immédiatement
et veiller à ce que toutes les personnes demandant asile bénéficient
d’une protection adéquate et effective.