17/05/07 (B395) Somalie : Recrudescence de la violence (Info lectrice)

par
Didier Samson

La
Force africaine de paix en Somalie (Amisom) est régulièrement
visée par des actes terroristes depuis son installation à Mogadiscio
en mars dernier. Le mercredi 16 mai, quatre de ses soldats ont été
tués et cinq autres blessés, lorsqu’une bombe a explosé
au passage de leur convoi.

«Quatre de nos soldats ont été tués et
cinq blessés par l’explosion qui s’est produite près
de l’hôtel Aruba, alors qu’ils étaient en mission»,
a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’Amisom,
le capitaine Paddy Ankunda.
La charge explosive, probablement de
fabrication artisanale, était enfouie sous terre reliée par
un câble, annoncent les autorités somaliennes.

Actionnée au passage du convoi de l’Amisom, la charge explosive
a tué quatre soldats et blessé cinq autres. Un enfant qui jouait
au football à proximité a aussi été tué.
Pour les autorités somaliennes, cet attentat porte la signature du
réseau terroriste «al-Qaïda» auquel sont «affiliés
des éléments somaliens», souligne Hussein Mohamud Mohamed,
le porte-parole du gouvernement somalien.

Les autorités somaliennes ont présenté leurs condoléances
à l’Amisom et aux soldats ougandais qui composent entièrement
la Force africaine de paix en Somalie (Amisom). De nombreuses arrestations
ont été opérées, mais aucun détail n’a
été fourni concernant le nombre de personnes interpellées,
ni sur leur identité.

Par ailleurs, les actes de violence sont quasi
quotidiens à Mogadiscio et dans certaines villes de province.

Le 15 mai, des hommes en uniforme ont ouvert le feu sur les bureaux de l’Onu,
de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Fonds des Nations
unies pour l’enfance (Unicef) à Mogadiscio, blessant trois personnes.

Le même jour, à Berdeera, dans le sud du pays, un homme a lancé
une grenade dans une salle de cinéma, tuant quatre spectateurs et en
blessant seize autres.

Quelques jours plus tôt, à Mogadiscio, quatre personnes ont été
tuées dans leur voiture qui a sauté sur une mine. Durant la
même période, le directeur général de l’Unesco,
Koïchiro Matsuura a eu à déplorer la mort d’un journaliste,
Mohammed Abdllahi Khalif, tué le 5 mai dans l’exercice de son
métier. Par ailleurs, dans la région du Puntand, au nord-est
de la Somalie, un Britannique et un Kényan, travailleurs humanitaires
de l’Ong, Care International, ont été libérés,
le 15 mai, après une semaine de détention.

L’armée éthiopienne invitée à rester

Dans cette recrudescence de violence, les soldats
ougandais ne sont épaulés que par les troupes éthiopiennes
mais qui, elles, n’ont pas reçu de mandat de l’UA.

Les Ougandais de l’Amisom ont repris, comme d’habitude, leurs
patrouilles dans les endroits stratégiques de la capitale somalienne,
avec leur maigre effectif de 1 500 hommes, alors que l’Union africaine
attend, en vain, 6 500 autres soldats des pays africains.

Le président de Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar
Konaré, a profité de ces événements pour lancer
un nouvel appel aux pays africains pour qu’ils fournissent à
l’Amisom des contingents dont elle a besoin pour participer au retour
de paix en Somalie. «Il est certain que s’il n’y a pas de
nouvelles troupes de l’UA aux côtés des Ougandais, on peut
avoir des problèmes. C’est une dimension bien comprise par la
partie éthiopienne que nous devons aider à s’extraire
de cette situation», a déclaré Alpha Oumar Konaré.

En effet, l’armée éthiopienne était intervenue,
en décembre 2006, pour chasser de Mogadiscio les «Tribunaux islamiques»
qui avaient instauré la charia et déclaré la guerre sainte
contre le gouvernement somalien de transition. Mais l’intervention des
troupes éthiopiennes n’a pas reçu une totale approbation
des autres pays de la région.

Certains ont parlé de «forces d’occupation»,
obligeant le gouvernement éthiopien à fixer un calendrier de
repli de ses troupes.

«Les troupes éthiopiennes à Mogadiscio vont se retirer
lorsque la force de paix de l’UA arrivera pour épauler les troupes
ougandaises», a déclaré Meles Zenawi, le Premier ministre
éthiopien. Dès la fin du mois de mars, il avait même annoncé
que son pays avait retiré «les deux-tiers de ses soldats déployés
en Somalie».

Mais il n’y a pas de chiffre précis du nombre de soldats éthiopiens
présents en Somalie.

Toutefois, «ne soyons pas naïfs, ne jouons pas aux apprentis
sorciers. Si l’Ethiopie se retire aujourd’hui de Somalie, c’est
la catastrophe», a prévenu le président de la Commission
de l’Union africaine.