16/06/07 (B400) Nouvel Obs : Nicolas Sarkozy recevra mardi la veuve du juge Borrel
La
veuve du juge assassiné avait demandé mercredi une audience
au président de la République pour que « soient connus et
punis les assassins » de son mari.
Elisabeth Borrel, veuve du juge mort en 1995 à Djibouti, sera reçue
mardi à l’Elysée, apprend-on vendredi 15 juin. Selon le porte-parole
de l’Elysée David Martinon, « Le président de la République
recevra à sa demande Elisabeth Borrel, mardi matin ».
Elisabeth Borrel avait lancé, mercredi à Paris, un appel à
Nicolas Sarkozy pour qu’il fasse respecter l’indépendance de la justice
dans l’enquête sur les circonstances du décès de son mari,
après la publication de documents montrant des interventions politiques
présumées dans ce dossier.
Devant la presse, Elisabeth Borrel a lu la lettre qu’elle a adressée
à Nicolas Sarkozy. « En votre qualité de Chef de l’Etat
Français et Président du Conseil Supérieur de la Magistrature
(CSM), garant à la fois de la souveraineté de la France (…)
et de l’indépendance de l’autorité judiciaire, je vous demande
de prendre auprès de moi l’engagement de faire respecter les principes
qui seuls permettront l’aboutissement de mon combat pour que soient connus
et punis les assassins de mon mari », a-t-elle déclaré.
Les deux avocats de la veuve du juge, Mes Olivier Morice et Laurent De Caunes,
étaient présents lors de la conférence de presse.
La magistrate a demandé à être reçue par Nicolas
Sarkozy auquel elle réclame « l’assurance que l’Etat français
demandera à la Cour internationale de Justice de (l’) entendre comme
témoin dans la procédure en cours devant elle ».
Par ailleurs, elle a saisi la présidente de la CIJ, Rosalyn
Higgins, en lui demandant un entretien.
Soutenue par le SM
David de Pas, secrétaire général adjoint
du syndicat de la magistrature (SM-gauche), a annoncé mercredi à
la presse avoir demandé à la garde des Sceaux de recevoir Elisabeth
Borrel à la Chancellerie.
« Le syndicat de la magistrature a demandé
à la garde des Sceaux de recevoir Mme Borrel et ses avocats »,
a expliqué David de Pas lors d’un point presse organisé à
Paris par Elisabeth Borrel et ses avocats, en précisant qu’aucun ministre
de la justice n’avait reçu cette magistrate depuis la mort de son mari
en 1995 à Djibouti.
Le représentant de ce syndicat, partie civile dans le dossier Borrel,
a également souhaité que « la garde des Sceaux fasse en
sorte que ses services adoptent un langage moins ambigu sur les circonstances
de la mort de Bernard Borrel », et disent clairement que ce juge « a
été assassiné ».
Indépendance de la justice
Le SM s’est également inquiété de l’absence
de réaction de la Chancellerie, alors occupée par Pascal Clément,
après le refus des gendarmes d’assister des juges d’instruction lors
de perquisitions réalisées mi-avril au quai d’Orsay et à
la Chancellerie en marge de l’affaire Borrel. Il a indiqué qu’il allait
écrire au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à
ce propos.
« L’indépendance de la justice n’est pas garantie si l’on tolère
que des officiers de police judiciaires (OPJ) décident eux-mêmes
de l’opportunité des perquisitions, contre les voeux des magistrats
en charge d’une enquête », a estimé David de Pas.
Le SM, qui ne peut pas directement saisir le CSM, compte malgré tout
l’interroger également sur le rôle joué par Jacques Chirac
dans l’affaire Borrel.
« Comment est-il possible de garantir l’indépendance
de la magistrature lorsque le président de la République, gardien
de cette indépendance, est susceptible d’avoir uvré contre
l’intérêt de l’enquête », s’est-il interrogé.