10/06/09 (B502) « Biens mal acquis…. », le décès d’Omar Bongo relance le débat sur la « Françafrique » et sur le reste …..(par Bouh Warsama)

Décédé, fausse information………cette fois-ci c’est officiel le président Bongo est décédé et j’oserai même dire enterré ; bien enterré politiquement parlant alors que la polémique sur l’affaire des « Biens mal acquis……… » est plus que jamais relancée.

Procédure dans laquelle le président gabonais, des membres de sa famille et deux autres Chefs d’Etat africains sont mis en accusation. Tout ceci n’étant qu’une première porte ouverte vers d’autres procédures judiciaires diligentées par la Justice française et qui pourraient réserver bien des surprises quant aux complicités « occidentales » et sur l’utilisation pour le moins très particulière des Aides au titre de la Coopération française.

A l’origine de cet affaire figurent bon nombre de plaintes pour :
– recel de détournement de fonds publics,
– abus de bien social,
– abus de confiance et complicité .etc

Plaintes déposées par des ONG dont l’association anti-corruption Transparence Internationale France.

Cette procédure, pour laquelle la doyenne des Juges d’Instruction financiers de Paris a donné son feu vert début mai de cette année à l’ouverture d’une enquête judiciaire, s’est vue être opposée par le Parquet de Paris qui a saisi la Cour d’appel en vue de son annulation.

Le tribunal devant dire très bientôt si la justice peut ou non enquêter sur cette affaire des « bien mal acquis.. » au détriment des populations des pays concernés.

Se pose toujours le problème du bien fondé ou pas d’une action publique à l’encontre de tout Chef d’Etat qui dispose d’une immunité la plus totale jusqu’à ce jour pour tout « délit » lié à sa fonction.

En clair, un Chef d’Etat peut TOUT FAIRE EN TOUTE IMPUNITE………

– VGE lance un pavé dans la mare aux « Canards »

Jamais avare de « coups de poignard » à l’égards de son ancien Premier Ministre, le président français Valéry Giscard d’Estaing a rompu le silence « diplomatique » entourant habituellement un tel sujet, affirmant que « le président gabonais avait financé en 1981 la campagne de Jacques Chirac » qui se présentait contre lui au premier tour des présidentielles.

VGE a déclaré à la presse française : « J’ai appelé Bongo et je lui ai dit « Vous soutenez actuellement la campagne de mon concurrent », alors il y a eu un temps mort et il m’a dit « Ah vous le savez.. » ………………..A partir de ce moment-là j’ai rompu mes relations personnelles avec lui »

Il fut dit à cette époque que la réélection de VGE aurait été plombée par l’affaire des « diamants offerts par le dictateur Bokassa » sur intervention discrète de Jacques Chirac………..

Le nouveau président François Mitterrand renvoyant « la balle » à M Chirac en écartant plus tard son propre PM Michel Rocard et candidat socialiste à ces mêmes élections présidentielles.

– Omar Bongo : « Si je veux détruire la classe politique française, je le peux »

Interrogé sur les affirmations de l’ex président VGE, le bureau de M Chirac n’a pas réagi alors que l’ancien Ministre Charles Pasqua nous a rejoué la scène de la grande indignation à laquelle il nous avait habitués déjà.

Oubliant un peu trop vite que lui-même est la grande figure française de la « Françafrique » et qu’il bénéficia d’un salvateur non-lieu judiciaire dans l’affaire Elf de financements occultes aux ramifications gabonaises.

Dans la matinée d’hier Charles Pasqua avait lâché quelques phrases à double sens dont il a le secret du genre :

« S’il (VGE) a des éléments de preuve, il faut qu’il leur donne (justice) » tout en utilisant son habituelle langue de bois « Je n’ai jamais entendu parler, y compris par Bongo, qu’il aidait financièrement………….tel ou tel » en ajoutant « Si jamais il a aidé financièrement tel ou tel, c’est plutôt au niveau des présidents de la République qu’il faudrait s’adresser. Il y en a qui sont encore en vie….. » confirmant ainsi qu’il n’a toujours pas digéré d’avoir été écarté par M Chirac de toute possibilité d’être candidat à la magistrature suprême en France.

En politique, la rancune n’est que la preuve de l’impotence et de l’apathie des faibles. C’est une maladie qui ne pardonne pas.


Caricature Roger Picon

– Ismaïl Omar Guelleh : « Chirac me doit tout, j’ai financé ses élections »

Que devrait-on penser des affirmations d’IOG qui n’hésiterait pas à déclarer à son entourage qu’il aurait financé les élections de Jacques Chirac ?

A la condition que ces faits soient avérés exacts (témoignages dignes de foi), on serait alors en droit de poser la question de savoir si derrière le « maintien de la présence française à Djibouti par TOUS les moyens » ne se cacheraient pas d’autres intérêts personnels inavouables.

Dès lors, on comprendrait le pourquoi de cette indigne collusion et les motivations profondes de toutes les oppositions à la poursuite de la recherche de la vérité par la Justice française dans l’affaire du meurtre du Juge Bernard Borrel en octobre 1995 à Djibouti.

Il y a hélas loin de la fable quelque peu théâtrale – que l’on cherche à nous faire ingurgiter et digérer – à la vérité vécue.

A Djibouti, en France et ailleurs dans le monde comment peut-on admettre que l’on puisse laisser assassiner impunément la Justice d’un pays ?

Les silences du « Politiquement correct »

Globalement, les politiques ont couvert le défunt Omar Bongo de louanges avec, toutefois, de rares exceptions comme le député vert Noël Mamère dénonçant une « crapule » ou l’ex juge Eva Joly.

La nouvelle eurodéputée et ancienne juge de l’affaire Elf, exécrée par le président gabonais de son vivant, a dénoncé à maintes reprises la mal- gouvernance au Gabon et assuré « qu’il avait bien servi les intérêts……..des hommes politiques français ».

En près de 42 ans, Omar Bongo aura connu tous les présidents de la 5ème république. Ancien agent des services de renseignements français, il fut installé au pouvoir par la France et il a continué..

Selon M Comi Toulabor, Directeur de recherches au Centre d’étude d’Afrique noire à Bordeaux «………. les accusations de VGE n’ont rien d’étonnant. C’est quelque chose que l’on sait depuis très longtemps, mais très difficile à prouver.
Bongo a souvent dit ; si je veux détruire la classe politique française, je le peux……….

Jusqu’à sa mort, et même après, on a jamais entendu un politique français le critiquer………. »

Après la Françafrique la Sarkoafrique ?

Ce décès signera t-il la vraie fin de la « Françafrique » ? Rien n’est moins certain.

Si, comme nous l’avons écrit, « l’évolution de ce monde ne connaît pas la marche arrière » malgré tous les murs qu’on lui oppose, on est partagé quant aux promesses du président Sarkozy et les réalités sur le terrain.

Ce dont nous sommes quasiment certain, c’est que quel que peut être le procédé utilisé, il convient de bousculer véritablement toutes les mauvaises habitudes instaurées par la tyrannie mafieuse car c’est encore le meilleur moyen de faire évoluer les choses.

Faute de quoi ce serait alors indubitablement non point une évolution constructive et gage d’un changement dans le calme mais une révolution menée par le peuple avec toutes les conséquences catastrophiques que l’on a pu mesurer par le passé, ailleurs et de par le monde.

Le marasme en Somalie étant le meilleur exemple de ce que nous affirmons.

La guerre est une forme de jeu qui rapporte beaucoup d’argent à quelques-uns au détriment d’un grand nombre. Vouloir la Paix c’est avant tout avoir la volonté de s’en donner les moyens.

– Nous ne porterons pas le deuil des tyrans et de …leurs amis et complices

Fort de sa longévité hors du commun mais surtout de l’immense fortune amassée par tous les moyens au sommet du Gabon, « Le Hadj » Omar Bongo s’était octroyé le luxe (tout comme le firent Hassan Gouled puis Ismaïl Omar Guelleh) de financer des campagnes électorales en France notamment celles de François Mitterrand comme l’a écrit le journaliste enquêteur Pierre Péan dans « Affaires africaines » …….

Bongo laisse un gigantesque parc mobilier et immobilier en France mais aussi un peu partout dans le monde. Mobiliers d’époque et tableaux agrémentant de grandes propriétés, des immeubles et de somptueuses maisons de maître classées, des châteaux de renom ainsi que des comptes bancaires secrets qui bien évidemment feront le bonheur des paradis fiscaux qui les hébergent.

A l’instar de Djibouti sous le régime tyrannique d’IOG, pendant ce temps le peuple gabonais est logé à la même enseigne que les Djiboutiens, manquant de tout et rêvant à l’avènement d’une démocratie et d’un mieux vivre.

Avec un tel bilan, la terre dans laquelle seront ensevelis Bongo, IOG, Mugabé et consorts… ne leur sera pas légère du tout alors que les lieux de leur sépulture seront bien vite désertés ; y compris et surtout par leurs « amis et complices ». De même, les portes du paradis de Dieu leur seront fermées à tout jamais.

Les Africains qu’ils prétendent ou prétendaient cyniquement représenter ne se mettront pas en deuil, et ne verseront pas de larmes eux non plus.

Certes par décence nous n’applaudirons pas au décès de ces tyrans mais TOUT nous autorisera à jeter sur leur dépouille, tout le moins, un regard d’indifférence.
Le véritable mal des tyrans n’est pas l’affaiblissement du corps, c’est l’indifférence que leur opposera le peuple affamé et humilié.

Le décès d’Omar Bongo n’apporte pas de grands changements dans la vie quotidienne du peuple gabonais, car les héritiers du « royaume Bongo » – Ali et Pascaline Bongo – seraient déjà politiquement positionnés pour la succession après les élections qui auront lieu dans 45 jours.

L’un et l’autre sont dors et déjà « parrainés » par Bolloré – ami personnel du président Sarkozy – et par Christophe de Margerie de TotalFinaElf et par bien d’autres, déjà « dans la place depuis que la Françafrique existe », pour « protéger… » à leur manière le pouvoir en place mais plus assurément leurs propres intérêts.

– Djibouti dans la tourmente !

Pour prévenir l’implosion sociale qui se profile à l’horizon sous des pouvoirs tyranniques actuels et éviter que le roi Ismaïl Omar Guelleh ne meure pour que vive le roi Aïnaché Ismaïl Omar ……….. si l’indifférence ne suffit pas, la seule solution qui reste au peuple, à la jeunesse africaine en général et djiboutienne en particulier est celle qui consiste à opposer à Ismaïl Bobard comme à tous les tyrans une résistance farouche. Une résistance menée par une solide organisation de la jeunesse éclairée par toutes les leçons à tirer de l’histoire récente des jeunes Républiques qui de « république » n’ont que le nom.

Une sédition politique ouverte, mobilisant tout ce qui peut l’être vers un même but qui est la chute du tyran Guelleh et qui doit incontestablement puiser sa force dans les valeurs endogènes africaines – locales et régionales.


Caricature Roger Picon
Avec une large opposition en mouvement permanent et sincère, dirigée par des femmes et des hommes altruistes, humains et de grand courage, foncièrement animés par l’esprit du bien commun ; celui du patriotisme sans aucune trace de compromission.