24/04/08 (B444-B) La TRIBUNE avec Reuters / Projet de résolution à l’Onu contre la piraterie en mer

NATIONS UNIES (Reuters) – La France et les Etats-Unis, avec le soutien de la Grande-Bretagne, rédigent à l’Onu un projet de résolution du Conseil de sécurité qui autoriserait des pays tiers à combattre la piraterie au large de la Somalie et dans d’autres mers du globe, a annoncé mardi l’ambassadeur de France aux Nations unies.

"Nous, Français et Américains, avec le soutien des Britanniques et d’autres, voulons une résolution sur la piraterie", a dit Jean-Maurice Ripert à Reuters.

Après le dénouement de l’affaire du Ponant, un voilier de luxe pris d’assaut début avril par des pirates au large de la Somalie, les autorités françaises avaient souhaité la création d’une force internationale sous mandat de l’Onu pour lutter contre la piraterie maritime.

Les eaux baignant la Somalie, dans le Golfe d’Aden, sont parmi les plus affectées par ces nouvelles formes de piraterie.

L’arrestation la semaine dernière de six des pirates impliqués dans la prise d’otage du Ponant, et leur transfert en France où ils ont été écroués, n’ont visiblement pas dissuadé d’autres groupes armés.

Cette semaine, des pirates somaliens ont abordé un thonier espagnol avec 26 membres d’équipage à son bord. Mardi, l’armée somalienne a repris un autre navire, battant pavillon émirati, capturé la veille au large des côtes nord-est de la Somalie.

Jean-Maurice Ripert a précisé que la rédaction de la résolution nécessitait de régler des questions juridiques complexes, mais que le projet pourrait être prêt d’ici la fin de la semaine.

"L’idée est de donner un mandat, de demander aux Etats membres de l’Onu de s’attaquer à la piraterie en organisant des patrouilles, en réagissant aux actes de piraterie, de prendre autant de mesures préventives que possible", a-t-il dit.

"Nous sommes vraiment soucieux de ne rien entreprendre qui pourrait mettre en danger le droit de la mer", a-t-il ajouté.

UN MANDAT DE L’ONU, PAS UNE FORCE DE L’ONU

L’idée de base, a insisté l’ambassadeur de France, réside dans la mobilisation des Etats membres, et non de l’Onu en tant que telle. "L’Onu ne l’organiserait pas, mais l’autoriserait, la demanderait, donnerait le mandat à des Etats membres de le faire et de le faire collectivement autant que possible."

Il y a dix jours, en déplacement au Japon, le Premier ministre français, François Fillon, avait annoncé que Paris allait "demander que, sous mandat de l’Onu, une force internationale à laquelle, naturellement, la France est prête à participer, puisse oeuvrer à la sécurité du transit maritime dans cette région du monde comme dans le détroit de Malacca (ndlr, entre l’Indonésie et la Malaisie)".

Richard Grenell, porte-parole de la représentation des Etats-Unis à l’Onu, a souligné que la piraterie maritime était un "sujet très important". "A la lumière des événements récents, il est crucial que le Conseil de sécurité s’en empare immédiatement", a-t-il ajouté.

Les actes de piraterie en mer ont progressé de 20% au cours des trois premiers mois de l’année, les côtes du Nigeria étant les eaux les plus dangereuses au monde, selon des statistiques publiées la semaine dernière par le Bureau maritime international (BMI).

Plus de 90% des échanges mondiaux de marchandises se font sur les océans.