18/09/08 (B465-B) Les Echos / Pauvreté et piraterie dans le golfe d’Aden

« Auréolé par la bravoure de l’élite des forces navales françaises » qui ont libéré, mardi, un couple de navigateurs français pris en otages au large de la Somalie, le président Sarkozy a menacé les bandits des hautes mers d’utiliser tous les moyens nécessaires pour réprimer la résurgence de la piraterie.

Dans un éditorial, « The Times » de Londres approuve très largement l’appel du président de la République à durcir le combat contre la piraterie moderne.

Mais, souligne le journal, il faut aussi s’attaquer à ses origines.

Plus de 50 navires ont été l’objet d’actes de piraterie cette année et la navigation dans le golfe d’Aden est devenue l’une des plus dangereuses au monde. Alors que quelque 48.000 bateaux par an passent par ces eaux, les terroristes armés aujourd’hui de missiles et de rockets ont trouvé abri dans le nord de la Somalie.

Le journal fait ainsi une corrélation entre pauvreté et piraterie.

Plus la Somalie, un pays qui n’a pas eu de véritable gouvernement depuis dix-sept ans, s’enfonce dans la pauvreté, plus la violence, le règne de la terreur, et les attaques se multiplient et deviennent de plus en plus téméraires. Les butins de cette piraterie moderne sont devenus la principale source de revenus des gangs qui terrorisent le pays.

Actuellement, des rançons sont demandées pour quelque 150 otages de toutes nationalités et 15 navires arraisonnés se trouvent dans le port sauvage d’Eyl, à 800 kilomètres au nord de Mogadiscio.

Pour le journal, la France et l’Espagne ont eu raison de proposer une coordination internationale pour combattre ce terrorisme de haute mer. « Les armées apprennent aujourd’hui à mener des guerres asymétriques contre des guérillas et des terroristes.

Les marines doivent faire la même chose. »

Mais le journal estime que plus doit être fait en s’attaquant aux racines. Car la pauvreté et le chaos politique en Somalie sont la cause du crime, de la violence et du fondamentalisme religieux. La piraterie d’ailleurs, en s’attaquant à tous les navires, empêche les efforts des Nations unies visant à fournir de l’aide alimentaire à une population déshéritée.

« Cet Etat failli est l’exemple même des dangers de la négligence de la communauté internationale. Si ce pays n’est pas sauvé de l’enfer, le monde entier en paiera chèrement les conséquences », conclut l’éditorial.