07/10/08 (B468) XINHUA : La piraterie dans le golfe d’Aden alimente les craintes au Yémen

Le président yémenite, Ali Abdullah Saleh, a effectué une visite surprise en Jordanie et en Egypte pour discuter de la piraterie qui règne dans le golfe d’Aden.

Le golfe d’Aden, une étroite bande d’eau longue de 885 km entre le Yémen et la Somalie, a récemment été le théatre d’une avalanche d’actes de piraterie, plus de 50 navires et 250 marins y ayant été enlevés depuis le début de l’année.

Le président yémenite s’est rendu dans les deux pays entre le 1er et le 4 octobre, à la tête d’une délégation comprenant son Premier ministre, Ali Muhammad al-Mujawa, et le président de la Chambre des représentants, Yahia Al Ra’i.

Cette visite montre les préoccupations croissantes du Yémen sur le plan américano-européen visant à internationaliser la mer Rouge, a fait savoir un responsable yémenite sous le couvert de l’anonymat.

Le président Saleh a discuté avec ses homologues des deux pays, faisant part de son souci à l’égard de la présence renforcée des forces multinationales au débouché sud de la mer Rouge, ainsi que des risques qu’elle représente pour la sécurité nationale du pays.

Le Yémen a aussi émis sa crainte que cette situation pourrait ouvrir la voie vers l’adoption d’un projet d’internationalisation de la mer Rouge, initié par Israël et rejeté par les Arabes, a fait remarquer le responsable.

La tournée de M. Saleh a pour objectif de coordonner les efforts parmi les pays bordant la mer Rouge : l’Arabie saoudite, Djibouti, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Soudan et le Yémen, pour veiller à l’éventualité de toute tentative internationale visant à combattre la piraterie maritime sous le couvert de l’internationalisation de la mer Rouge, du détroit de Bab el-Mandeb et des îles aux alentours.

En outre, le ministre yémenite des Affaires étrangères, Abu Bakr Abdullah al-Kurbi, a souligné l’importance de coordonner les efforts pour lutter contre la piraterie croissante dans le sud de la mer Rouge et le golfe d’Aden pour garantir la sécurité de la navigation internationale.

Il a appelé les nations concernées à assumer la responsabilité et coordonner leurs efforts pour neutraliser le fléau, au lieu de s’appuyer sur les pays étrangers.

Les pirates somaliens ont détourné 13 navires et enlevé plus de 200 marins à leur bord, dont un navire ukrainien chargé de 13 chars, faisant de ces eaux l’une des zones maritimes les plus dangereuses du monde.

En septembre, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Somalie, Ahmedou Ould-Abdallah a donné l’alerte sur la piraterie somalienne, qui pose toujours une menace sérieuse au commerce maritime, à la navigation et à la sécurité internationale.

Aux yeux des responsables humanitaires, la piraterie endémique dans la région est alimentée par la pauvreté aggravée en Somalie.

Les approvisionnements alimentaires, transportés par voie de mer, ont été sérieusement perturbés, exacerbant ainsi la famine et l’anarchie.

Pour leur part, des pirates somaliens ont justifié leurs activités par la nécessité d’endiguer les navires internationaux se livrant à des pratiques nuisibles à l’environnement naval.

Le Yémen compte organiser dans le courant du mois une conférence internationale consacrée à la lutte contre la piraterie avec la participation des Etats riverains de la mer Rouge.