14/01/09 (B481) La crise en Somalie et les conséquences du départ des Ethiopiens ( 5 articles en Français du 3 au 10/01/09)

___________________________ 5 – Afrique en Ligne (09/01/09)

L’ONU pourrait fournir un soutien militaire à la Somalie

Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, l’ambassadeur Ramtane Lamamra, doit rencontrer une délégaion d’experts du maintien de la paix des Nations unies pour discuter d’un soutien militaire lourd à apporter à la Somalie. L’ambassadeur Lamamra a déclaré que l’ONU préparait un plan global de soutien de la paix pour aider à sauver le fragile processus de paix en Somalie et pour soutenir les efforts visant à mettre en place une autorité centrale dans ce pays de la Corne de l’Afrique.

« L’ONU préparer un soutien global à la Somalie. Il y aura un soutien important des Nations Unies et nous estimons que l’implication de l’ONU va signifier une plus grande capacité d’être opérationnelle pour la Mission de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) », a-t-il déclaré à Addis-Abeba vendredi.

Les Etats-Unis sont à l’avant-garde des efforts pour ramener la stabilité en Somalie en encourageant les états africains à s’engager militairement en Somalie, et en apportant un soutien militaire direct au Burundi, au Nigeria et en Ouganda.

« Certains partenaires internationaux fournissent des équipements », a déclaré l’Ambassadeur Lamamra à la presse à Addis-Abeba, quand on lui a demandé de donner des détails spécifiques sur les progrès de l’Union africaine dans le maintien de ses troupes sur le terrain.

Les efforts pour soutenir les initiatives de paix en Somalie nécessitent des financements importants. Le Commissaire à la paix et à la sécurité a déclaré que l’organisation mettait en place un budger de 68 millions de dollars pour soutenir la force de paix de janvier à mars de cette année.

« Nous avons bon espoir de pouvoir réunir ces fonds », a déclaré l’ambassadeur Lamamra.

Le Nigeria, qui a promis le déploiement de troupes en Somalie, envisage d’envoyer trois bataillons dans ce pays de la Corne de l’Afrique, après avoir initialement accepté de déployer un bataillon.

L’UA a indiqué n’avoir que deux bataillons sur le terrain en Somalie et qu’arriver à en déployer cinq pourrait aider à sauver le pays d’une crise avant le déploiement total d’une force de maintien de la paix des Nations Unies, qui devrait être autorisé.

Le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a déclaré vendredi que le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon a confirmé il y a trois jours qu’une requête serait déposée devant le puissant Conseil de Sécurité de l’ONU pour l’examen de l’envoi d’une force en Somalie.

Précédemment, le patron de l’ONU aurait déclaré que l’éventualité de voir les principales puissances mondiales accepter d’envoyer des troupes en Somalie étaient minces.

Mais M. Ping semblait plus optimiste vendredi et son Commissaire à la sécurité a annoncé que des discussions auraient lieu samedi avec une délégation en visite d’experts de la sécurité des Nations Unies.

M. Lamamra a ajouté que l’UA envisageait de placer les propres troupes entraînées de la Somalie sous le commandement de l’AMISOM pour renforcer cette mission.

___________________________ 4 – Le Monde (09/01/09)

L’armée éthiopienne se retire de Somalie sur un constat d’échec

Sur la pointe des pieds, l’Ethiopie s’apprête à se retirer de Somalie. Deux ans après avoir lancé chez son voisin somalien une opération militaire d’envergure (près de 15 000 hommes à son pic), avec le soutien des Etats-Unis, pour chasser du pouvoir les Tribunaux islamiques, dont les éléments les plus radicaux hébergeaient une poignée de membres d’Al-Qaida, les soldats d’Addis-Abeba se préparent à abandonner le terrain sur un constat d’échec.

Leurs ennemis se sont renforcés et le pays est dans un état désastreux. La Somalie, sans pouvoir central digne de ce nom depuis 1991, n’avait pas attendu l’Ethiopie pour s’autodétruire. Mais le génie somalien des affaires avait suppléé progressivement à l’absence d’Etat, développant une forme limitée de prospérité, entre commerce et trafics.

L’intervention armée éthiopienne, fin 2006, devait chasser les Tribunaux islamiques, qui avaient pris le pouvoir six mois plus tôt, en soutenant la structure faible et contestée du Gouvernement fédéral de transition (TFG). Les Tribunaux étaient traversés par plusieurs courants religieux, dont une version fruste et violente du salafisme, en contradiction avec la tradition des confréries somaliennes. Washington, voyant en la Somalie l’une des tranchées de sa guerre mondiale contre le terrorisme, avait apporté un soutien matériel.

L’ENFER DE MOGADISCIO

L’opération avait déclenché un mécanisme simple, d’une redoutable efficacité, scellant entre groupes somaliens prompts à la division une union sacrée contre « l’Abyssin », l’ennemi séculaire ayant le tort d’apparaître comme chrétien. Les plus extrêmes des insurgés, regroupés dans l’organisation Al-Shabab (« la jeunesse »), étaient devenus le fer de lance d’un djihad proclamé à de nombreuses reprises.

Leurs bases visées par des attaques-suicides, leurs convois sautant sur des dispositifs enterrés et commandés à distance, leurs positions frappées par des tirs de mortier, les troupes éthiopiennes ont vécu l’enfer à Mogadiscio, dont certains quartiers ont été ravagés, en vain, par leurs tirs d’orgues de Staline.

Près du tiers de la population éthiopienne dépend à présent de l’aide humanitaire laborieusement distribuée par des organismes devenus eux aussi la cible d’assassinats et d’enlèvements. Les pertes éthiopiennes, jamais avouées, se monteraient à plusieurs centaines d’hommes.

Après leur départ, planifié au cours du dernier trimestre 2008, et qui n’a formellement pas encore eu lieu, les troupes éthiopiennes laisseront à Mogadiscio la force de l’Union africaine (UA), l’Amisom, composée de 3 400 hommes mal équipés, qui risquent de remplacer l’Ethiopie comme cible idéale et comme prétexte au djihad pour les shababs.

Quant aux troupes d’Addis-Abeba, elles devraient être ramenées derrière leur frontière, prêtes à intervenir ponctuellement en Somalie. Parallèlement, l’Ethiopie compte sur des alliés locaux somaliens pour continuer à combattre les shababs, comme Bare Hirale, chef de faction actuellement engagé dans une offensive pour reprendre le grand port de Kismayo, à 500 km au sud de Mogadiscio.

Jean-Philippe Rémy

____________________________ 3 – XINHUA (08/01/09)

L’UA appelle l’ONU à jouer pleinement son rôle en Somalie

Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, a fortement invité le Conseil de sécurité des Nations-Unies a jouer le rôle qui est le sien dans le déploiement d’une force internationale de maintien de la paix en Somalie.

Dans une déclaration publiée mardi par le siège de l’UA, Ping a indiqué qu’il aimerait une fois de plus souligner la responsabilité primaire du Conseil de sécurité des Nations-Unies dans le maintien d’une paix et d’une sécurité internationales.

Il a vivement recommandé, dans la déclaration, au Conseil de sécurité « d’assumer pleinement ses responsabilités en autorisant le déploiement d’une force internationale de stabilisation en Somalie ».

La force internationale devrait être suivie « par une opération onusienne de maintien de la paix qui succédera à l’AMISOM (mission de l’UA en Somalie) et soutiendra la reconstruction à long-terme et la stabilisation en Somalie », a -t- il estimé.

Jean Ping a aussi demandé au Conseil de sécurité des Nations- unies d’approuver de manière urgente les propositions soumises par le secrétaire général de l’ONU sur le plan de soutien de l’AMISOM.

Environ 3.400 soldats de la paix de l’Ouganda et du Burundi sont actuellement déployés à Mogadiscio, faisant partie de l’AMISOM qui doit compter, selon le projet, 8.000 hommes. D’autres pays africains qui ont promis de contribuer n’ont pas envoyé jusqu’ici leurs contingents en raison des difficultés logistiques.

Les troupes éthiopiennes, qui étaient intervenues en Somalie il y a deux ans pour appuyer le gouvernement de transition, ont commencer à se retirer du pays.

____________________________ 2 – XINHUA (07/01/09)

Le Kenya annonce qu’il n’enverra pas ses troupes en Somalie

Le gouvernement kényan a déclaré qu’il n’enverrait pas ses soldats en Somalie, pays dépourvu de gouvernement central efficace depuis près de deux décennies.

« Nous ne déploierons pas de troupes en Somalie, mais nous souhaitons contribuer à la construction de la Somalie », a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères, Moses Wetangula, lors d’un entretien avec le président du parlement fédéral de transition de Somalie, Adan Mohamed Nuur Madobe à Nairobi.

Selon un communiqué de son bureau, M. Wetangula a expliqué que le Kenya continuera à former les responsables douaniers somaliens, les agents de l’immigration, le personnel de l’armée et les gardes frontaliers pour les aider à protéger leur pays.

M. Madobe, qui est actuellement le président par intérim de la Somalie, a déclaré à M. Wetangula qu’il ne souhaite pas diriger son pays tombé dans l’anarchie, mais « respectera la charte de transition et suivra ses stipulations pour élire un nouveau président ».

Le gouvernement appuyé par les Nations Unies contrôle seulement la ville de Mogadiscio et le si ège du parlement, Baidoa.

____________________________ 1 – XINHUA (3/01/09)

Les combattants islamistes prennent le relais dans les commissariats de Mogadiscio

Les insurgés islamistes ont pris le contrôle de plusieurs commissariats de police dans la capitale Mogadiscio, un jour après le début du retrait des troupes éthiopiennes du pays ravagé la guerre.

Les combattants insurgés ont pris contrôle de trois commissariats de police sur les 14 que compte Mogadiscio dans le sud et le nord-est de la ville.

« Nous avons déployé nos forces dans certains commissariats de police à Mogadiscio parce que nous voulons garantir la sécurité des personnes autour de ces zones, » a affirmé à Xinhua Abdurahim Isse Adow, porte-parole de l’Union des tribunaux islamiques.

Le groupe islamiste qui domine la coalition de l’opposition, l’Alliance pour la re-libération de la Somalie (ARS), conduite par le leader islamiste modéré Cheik Sharif Ahmed, signataire de l’accord de paix avec le gouvernement somalien de transition l’année dernière. Le dirigeant islamiste a déplacé le quartier général de sa faction à Mogadiscio suite à l’accord de paix avec le gouvernement.

Adow a déclaré que le déploiement des forces islamistes dans les commissariats de police est une réaction au retrait des troupes éthiopiennes de Mogadiscio et pourra être « élargi si nécessaire ».

Selon un accord signé entre l’Alliance pour la re-libération de la Somalie (ARS) et le gouvernement de transition à Djibouti, après le retrait des troupes éthiopiennes du pays, la sécurité de Mogadiscio sera co-assurée par les forces gouvernementales et les combattants de l’opposition.

Les deux parties se sont aussi accordées sur le partage du pouvoir et la formation d’un gouvernement d’unité nationale.

L’accord a été rejeté par les groupes insurgés somaliens, dont les combattants al-Shabaab et une faction dissidente de l’Alliance pour la re-libération de la Somalie (ARS).