15/01/09 (B481) Romandie News avec AFP / L’ONU exige que l’Erythrée se retire de la zone disputée avec Djibouti
Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné mercredi cinq semaines à l’Erythrée pour retirer ses forces de la zone frontalière disputée à Ras Doumeira et dans l’île de Doumeira, où s’était produit un incident armé avec Djibouti en juin dernier.
Dans sa résolution 1862 rédigée par la France et adoptée à l’unanimité, le Conseil "se félicite que Djibouti ait retiré ses forces afin de revenir au statu quo ante (…) et condamne le refus de l’Erythrée de le faire".
Il "exige de l’Erythrée qu’elle retire ses forces et tout leur matériel sur les positions du statu quo ante", (…) qu’elle reconnaisse l’existence du conflit frontalier avec Djibouti à Ras Doumeira et dans l’île de Doumeira et qu’elle se prête activement au dialogue afin d’apaiser la tension".
Il exige qu’Asmara se conforme à cette demande "immédiatement et, en tout état de cause, au plus tard dans cinq semaines".
Il "exhorte Djibouti et l’Erythrée à régler d’urgence leur différend frontalier pacifiquement et conformément au droit international, et souligne qu’il incombe au premier chef aux parties d’établir le cadre diplomatique et juridique approprié à cette fin".
Le Conseil de sécurité avait condamné le 12 juin, dans une déclaration, "l’action militaire de l’Erythrée contre Djibouti à Ras Doumeira et dans l’île de Doumeira" à la frontière entre les deux pays.
Cette déclaration, restée lettre morte, appelait les deux parties à s’engager à un cessez-le-feu et les exhortait, "en particulier l’Erythrée", à ramener leurs forces à leurs positions d’avant l’incident.
L’Union africaine (UA) avait elle aussi exigé fin juin le retrait "immédiat et inconditionnel" de l’Erythrée des territoires au nord de la République de Djibouti.
La tension entre l’Erythrée et Djibouti est très forte depuis une incursion, le 16 avril, de troupes érythréennes vers Ras Doumeira (nord de Djibouti), promontoire stratégique surplombant l’entrée de la mer Rouge. Les deux pays s’étaient opposés à deux reprises en 1996 et 1999 pour cette zone.
Le 10 juin, des échanges de tirs avaient eu lieu entre troupes érythréennes et djiboutiennes à Ras Doumeira, faisant au moins neuf morts côté djiboutien.
L’Erythrée n’avait fourni aucune indication sur ses pertes.
Asmara avait nié toute velléité hostile envers son voisin, mais le gouvernement djiboutien avait vu dans cet accrochage une volonté délibérée de l’Erythrée de déstabilisation de toute la Corne de l’Afrique.
Une mission d’information de l’ONU a remis en septembre un rapport dans lequel elle affirme que "la situation sur la frontière entre Djibouti et l’Erythrée, en particulier la militarisation de Doumeira, constitue une menace pour la stabilité et le développement de Djibouti".
La frontière entre les deux pays n’a jamais été très précisément définie en dépit d’accords anciens entre les puissances de l’époque: la France et l’Ethiopie en 1897, la France et l’Italie en 1901. Cependant, la "neutralisation" de l’îlot de Doumeira était acquise.
Aujourd’hui l’îlot est occupé par l’armée érythréenne qui entretient déjà un conflit frontalier avec l’Ethiopie.
L’Erythrée, qui nie l’existence d’un contentieux territorial avec Djibouti, a protesté contre la résolution du Conseil avant même son adoption.
Dans une lettre à la présidence du Conseil, assurée ce mois-ci par la France, son ambassadeur, Araya Desta, réaffirme que "l’Erythrée n’a occupé aucune terre qui appartienne à Djibouti et ne peut accepter une résolution qui demande de retirer ses forces de son propre territoire".