28/02/09 (B488) La Croix : La France cherche une voie entre l’ingérence et l’indifférence.

Alors que Nicolas Sarkozy doit se rendre dans un mois en Afrique, la remise à plat des accords de défense conclus avec les anciennes colonies françaises permet la signature de nouveaux traités modernisés

«Nos partenaires traditionnels en Afrique ont parfois le sentiment d’un abandon et d’un désintérêt de la France à leur égard. (…) Aujourd’hui, l’ancien modèle de relations entre la France et l’Afrique n’est plus compris par les nouvelles générations d’Africains, comme d’ailleurs par l’opinion publique française. » Il y a un an jour pour jour, devant le Parlement sud-africain réuni au Cap, Nicolas Sarkozy dressait un tableau lucide et cru des relations entre la France et le grand continent.

Contrastant avec le discours prononcé à Dakar en juillet 2007, dont les envolées ethno-philosophiques avaient fait scandale, celui du Cap attaquait de front la relation franco-africaine. « Nous nous trouvons dans une situation où notre engagement politique, militaire ou économique aux côtés de l’Afrique est perçu par beaucoup non comme une aide sincère, mais comme une ingérence néocoloniale ; mais où, dans le même temps, une indifférence, un retrait ou une absence d’engagement nous sont reprochés comme un abandon ou une ingratitude », résumait Nicolas Sarkozy. Dans la foulée, le président annonçait la remise à plat des accords de défense liant la France à certaines anciennes colonies et lançait une « initiative de soutien à la croissance économique ».

Objet de bien des spéculations en raison de leurs clauses secrètes – réelles ou supposées –, les accords de défense ont, depuis un an, fait l’objet de consultations avec chaque pays concerné. Un dialogue mené indépendamment de celui sur les réductions d’effectifs militaires français sur le continent, assorties de fermetures de bases comme celle déjà effectuée à Abidjan. Le premier traité « rénové » doit être prochainement signé avec le Togo.

Un nouveau fonds d’investissement de 250 millions d’euros

Les clauses les plus caricaturales de ces accords de défense conclus après les indépendances devraient être supprimées. Celles prévoyant l’intervention pour le maintien de l’ordre intérieur, existant actuellement pour la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Togo, seront abrogées, assure l’Élysée.

Djibouti devrait toutefois garder un statut particulier en raison de son contentieux frontalier avec l’Érythrée, qui a justifié l’an dernier encore un appui de l’armée française.

Par ailleurs, vont disparaître les annexes aux accords de défense prévoyants que les États africains « réservent par priorité » à la France la vente de leurs « matières premières et produits stratégiques », tels que l’uranium.

Sur le plan économique, le démarrage du fonds de garantie bancaire de 250 millions d’euros annoncé par Nicolas Sarkozy a été timide : 23,7 millions d’euros ont été émis en 2008 pour faciliter l’accès des PME africaines au crédit, mais l’Agence française de développement (AFD) prévoit que ce montant passe à 150 millions en 2009, puis 200 millions en 2010.

Un nouveau fonds d’investissement de 250 millions d’euros, destiné à des investissements en fonds propres, va démarrer en 2009. Par ailleurs, Promotion et participation pour la coopération économique (Proparco), filiale de l’AFD, a vu son capital tripler en 2008, ce qui devrait lui permettre de tenir la promesse présidentielle d’engager plus de deux milliards d’euros de prêts et de prises de participation sur cinq ans en faveur du secteur privé africain.

Laurent d’ERSU