21/06/09 (B504) Le Mague : Oussama Ben Laden en Somalie ou au Yémen ?
par Sarah Connor
Acculé à l’intérieur des enclaves islamistes au nord-ouest du Pakistan, Oussama Ben Laden est confronté à un problème auquel il a été habitué : Où s’en aller ensuite ? La réponse pourrait être en Somalie ou au Yémen, à cause de la récente agitation des partisans de al-Qaida dans la région de la Corne de l’Afrique.
Les attaques de drones américains et l’offensive de grande ampleur de l’armée pakistanaise dans les zones tribales du nord-ouest contre les insurgés considérés comme alliés à al-Qaida ont alimenté les spéculations sur le départ de Oussama Ben Laden pour un nouveau refuge, moins risqué pour sa campagne terroriste anti-occidentale.
D’un autre côté, délaisser aussi facilement les zones tribales administrés par le gouvernement fédéral du Pakistan (FATA) pourrait exposer l’homme le plus recherché de la planète et ses gardes du corps à leur détection par les satellites d’observation et à la curiosité des populations locales à la fidélité incertaine. « Le moment où al-Qaida choisira de quitter les FATA sera celui de la fin de al-Qaida en tant qu’organisation », a déclaré Thomas Hegghammer, un chargé de recherches à l’Université de Harvard.
Le Yémen est demeuré un asile vraiment sûr pour les militants subalternes de al-Saida, pourvu que l’organisation n’y devienne pas trop puissante et ne songe à y organiser ses opérations« , présente-t-il. »La présence de personnalités aurait pour conséquence une réaction très dure du gouvernement et les États-Unis en matière de sécurité. Les Américains se sont déjà engagés dans une force de frappe au Yémen et en Somalie auparavant, et n’hésiteraient pas à y recourir à nouveau dans dans l’un ou l’autre des deux pays.
En première analyse, le Yémen et la Somalie, peuvent apparaître comme des refuges appropriés pour les dirigeants d’al-Qaida, tout comme certaines régions de l’Asie centrale et de l’Afghanistan. Un contexte insurrectionnel en Somalie et au Yémen sont des exemples réussis de cette organisation pour faire prospérer des branches filiales sur plusieurs continents en vue de déstabiliser l’Occident impie et ses alliés locaux. Jeudi, des islamistes extrémistes affiliés à al-Qaida ont tué le ministre de la Sécurité somalien Omar Hashi Aden avec 30 autres personnes dans un attentat suicide à la bombe.
Le Yémen voisin, le pays arabe le plus pauvre, a déploré une nouvelle vague d’attentats diligentés par al-Qaida cette année, avec en particulier la mort de quatre touristes sud-coréens en mars dernier. Le Yémen est le pays d’origine de Oussama Ben Laden et des Yéménites figurent au sommet de l’organigramme de son organisation. Par ailleurs, Oussama Ben Laden rendu hommage aux lions musulmans en Somalie pour avoir fait mordre la poussière à la fierté de l’Amérique au cours d’un combat avec les forces armées américaines en 1993.
Organiser un camp volant ne serait pas une nouveauté pour Oussama Ben Laden, son numéro deux Ayman Al-Zawahri ou d’autres de ses principaux séides. Oussama Ben Laden a passé quatre ans au Soudan avant d’être expulsé en 1996 et de retourner en Afghanistan, où il avait combattu les troupes d’occupation soviétiques dans les années quatre-vingt. Ayman Al-Zawahri s’est réfugié dans plusieurs pays, y compris au Yémen. C’était toutefois avant l’attentat du 11 septembre 2001 et les efforts occidentaux se sont beaucoup développés pour contrer le terrorisme islamiste.
Les deux hommes ont par exemple dû fuir quand les États-Unis ont attaqué les talibans à la fin de l’année 2001. Raphael Perl, un officiel de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération Européenne (OSCE), a estimé qu’un départ de la zone des FATA mettrait al-Qaida en danger en augmentant les risques pour ses militants au cours de leur transfert. Selon ses mots, Oussama Ben Laden « est comme un poisson sorti de l’eau ».
Des sources américaines ont assuré à des journalistes que des combattants de al-Qaida ont commencé à se déplacer vers le Yémen, un voisin du géant pétrolier saoudien, et en Somalie, un pays de la Corne de l’Afrique situé juste en face et crucial pour le contrôle du trafic maritime, parce que le Pakistan leur était devenu trop risqué.
En revanche, d’autres spécialistes expliquent le retour au Yémen de militants ayant participé aux soulèvements islamistes en Irak et en Arabie Saoudite entre 2003 et 2006, et que d’autre part, al-Qaida « encourage les gens à faire des choses, mais ne leur en donne pas nécessairement l’ordre de les faire », fait valoir David Claridge, un expert en assurances.
Enfin, le Pakistan conserve en débit de l’augmentation du danger à s’y cacher plusieurs avantages, et en premier lieu la proximité de l’Afghanistan. Les combattants d’al-Qaida y sont habitués depuis des années, on y trouve des armes en nombre et les lois fédérales du Pakistan ne sont pas très rigoureuses à leur égard. « Le défi est de garder de l’avance dans son processus d’adaptation deux pas d’avance, et pas simplement un seul », considère Raphael Perl