26/06/09 (B504-B) Nouvelles de Somalie … (4 articles en Français)

_______________________ 4 – Afrik.com

Somalie : le gouvernement de transition en péril ‘Les islamistes radicaux gagnent du terrain ‘

L’insurrection des islamistes radicaux menace de plus en plus le gouvernement de transition somalien. Celui-ci ne contrôle plus qu’une petite partie du pays, malgré une contre-offensive de l’armée régulière et l’appel à l’aide lancé auprès des pays étrangers. L’état d’urgence a été déclaré le 22 juin par le président. Pour la population, la situation humanitaire s’aggrave, notamment dans la capitale que les habitants fuient massivement.

Les insurgés continuent de gagner du terrain en Somalie. Depuis le 7 mai, des islamistes radicaux menés par le groupe Al-Shabab (la jeunesse), un groupe de dissidents des tribunaux islamistes, et Hizbul islam (Parti de l’islam), combattent le gouvernement fédéral de transition (TFG) du président Sharif Cheikh Ahmed. A l’heure actuelle, il ne contrôle plus que quelques régions du centre du pays et des quartiers de la capitale.

Sharif Cheikh Ahmed a déclaré l’état d’urgence lundi 22 juin, quelques jours après avoir appelé à l’aide les pays voisins (le Kenya, Djibouti, l’Ethiopie et le Yémen). Seul le Kenya a répondu qu’il était prêt à intervenir. L’Ethiopie avoue avoir déjà mené des opérations de reconnaissance, mais elle attend un mandat international pour s’impliquer d’avantage.

Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine a déclaré lundi, dans un communiqué, que l’Etat somalien est en droit de demander un soutien militaire de la communauté internationale. Dimanche, les 57 membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) ont eux aussi appelé à une action urgente de la communauté internationale en Somalie. Les pays de la corne de l’Afrique ainsi que les Etats occidentaux craignent que la poursuite des violences n’aide le mouvement Al-Qaïda, probablement lié aux Shababs, à gagner du terrain. Pour l’instant, l’armée régulière bénéficie du soutien de 4 300 soldats de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), pour la plupart issus de contingents ougandais et burundais, soit près de la moitié seulement des 8 000 hommes initialement prévus.

Les shababs ne craignent pas les troupes étrangères

Les insurgés ont répondu en intimidant les pays qui pourraient intervenir : « Nous disons à nos ennemis que nous n’avons peur d’aucune invasion de l’extérieur. Nous avons forcé l’Ethiopie à se retirer de Somalie en début d’année, et nous recommencerons, a déclaré Cheikh Ali Mohamud Rage, porte-parole des shebab. Nos chiens et nos chats s’amuseront à dépecer le corps de vos soldats si vous tentez de répondre à l’appel de ces marionnettes ».

Cheikh Hassan Dahir Aweys, chef des Shababs, a déclaré il y a quelques jours à l’AFP qu’il « appelle cheikh Sharif Sheikh Ahmed à abandonner son poste autoproclamé de président afin d’épargner les vies des Somaliens » avant d’ajouter que les Somaliens n’ont « pour ainsi dire pas de vrai gouvernement, mais des marionnettes étrangères qui se proclament responsables de la Somalie ».

Il y a un mois, l’Etat somalien avait lancé une contre-offensive, mais celle-ci est en train de s’effondrer. La semaine dernière, trois responsables du gouvernement ont été tués dans des attentats, dont Omar Hachi Aden, ministre de la sécurité, un des principaux acteurs de la contre-offensive gouvernementale.

Une situation humanitaire dramatique

Les combats ont fait au moins 300 morts, combattants et civils, depuis le début des violences, le 7mai. Plus d’une centaine de milliers de personnes ont fui leurs domiciles depuis le début des violences. La population souffre notamment du manque de nourriture dans les hôpitaux de la capitale. Selon l’ONU, 3,2 millions de Somaliens, soit près de la moitié de la population du pays, ont actuellement besoin d’aide humanitaire.

Les islamistes radicaux mettent en application une forme très stricte de la Charia, la loi islamique. Il y a trois jours, quatre hommes ont été condamnés à une double amputation de la main et de la jambe pour avoir volé des téléphones portables et des fusils. En mai dernier, Amnesty International avait déjà dénoncé les amputations, lapidations et exécutions illégales, courantes dans les régions contrôlées par les insurgés.

L’Amisom prévoit de lancer une station de radio destinée à promouvoir la paix dans ce pays de la Corne de l’Afrique, sans fixer de date. Elle diffusera des programmes éducatifs en anglais, en somali et en kiswahili.

_______________________ 3 – Note de l’ARDHD

De nombreux articles relatent l’amputation publique de quatre jeunes gens accusés de vols de portables et peut-être de pistolets. Bien que probablement conforme à l’application
des règles religieuses au sens le plus strict, nous condamnons de toutes nos forces, cette démonstration inutile et d’un autre âge.

D’abord comme le souligne Amnesty, ces jeunes ont été condamnés au supplice extrême, sans véritable jugement et sans avocat pour assurer leur défense.

Cette amputation a été commise en public pour ajouter l’humiliation à la douleur. Quatre jeunes n’ont pas perdu la vie, mais ils ont perdu tout leur avenir. Que deviendront-ils ? Des mendiants écloppés !

Beaucoup d’observateurs voient dans ce geste insoutenable, une provocation et la volonté d’affirmer un sens religieux qui motive les résistants des milices islamistes.

A notre avis, c’est une fausse route. La résistance a tout à perdre de la communauté internationale, en appliquant de telles sactions, que ce soit en termes d’image ou de soutien

L’incarcération est réversible. On peut sortir de prison. L’amputation physique, c’est le refus de toute possibilité de remord et de rachat de l’individu. Ces délits commis ou qui ont peut-être été commis, par ces jeunes, jusitifiaient-il qu’ils soient devenus des handicapés à vie et dans l’incapacité de se racheter ?

Nous ne publierons qu’une seule dépêche sur le sujet

_______________________ 2 – AFP

Somalie: les shebab procèdent à l’amputation publique de quatre voleurs

Des insurgés islamistes radicaux encagoulés ont amputé de la main droite et du pied gauche quatre voleurs jeudi devant environ 200 personnes dans le nord de Mogadiscio, ont rapporté des témoins.

Les quatre hommes avaient été reconnus coupables lundi du vol de téléphones portables et de fusils d’assaut par un tribunal mis en place par les shebab, un des principaux groupes de l’insurrection islamiste radicale en lutte contre l’actuel gouvernement.

« Les amputations se sont déroulées comme prévues », a expliqué à l’AFP un responsable des shebab sous couvert de l’anonymat.

Des habitants du quartier de Sukahola ont assisté à la scène, jeudi peu après 09H00 (06H00 GMT). Aucun appareil photo, caméra ou téléphone portable n’y était autorisé.

Les shebab, qui contrôlent une grande partie du sud et du centre de la Somalie, ont commencé à y mettre en application une forme très stricte de la charia.

En octobre 2008, une adolescente de 13 ans avait été enterrée vivante jusqu’au cou puis lapidée à mort par 50 hommes à Kismayo, plus grande ville portuaire du sud somalien, contrôlée par les insurgés islamistes depuis le 22 août 2008.

Elle avait été jugée coupable d’adultère par un tribunal islamique après avoir fait part aux autorités qu’elle avait été violée par trois hommes.

Lundi, Amnesty International avait appelé dans un communiqué les shebab à ne pas appliquer la condamnation.

« Nous appelons les shebab à ne pas exécuter ces châtiments cruels, inhumains et dégradants », avait déclaré Tawanda Hondora, le responsable adjoint de la branche Afrique de l’organisation de défense des droits de l’Homme installée à Londres.

Les shebab et la milice Hezb al-Islamiya ont lancé depuis le 7 mai une violente offensive contre le gouvernement du président somalien Cheikh Sharif Ahmed.

_______________________ 1 – Paris Match

Mogadiscio prête à basculer
Les Chababs sont déterminés à poursuivre la lutte jusqu’au renversement du président.

Le président somalien Sharif Ahmed, en péril depuis que les islamistes radicaux ont intensifié leur offensive il y a près de deux mois, a décrété l’Etat d’urgence hier et appelé à l’aide la communauté internationale. Mais sa situation semble inextricable.

Marie Desnos – Parismatch.com

Le gouvernement fédéral transitoire de la Somalie joue ses dernières cartes. Acculé dans son Palais de Mogadiscio, le président Sharif Ahmed a décrété lundi l’Etat d’urgence, et appelé à l’aide de la communauté internationale pour lutter contre la rébellion islamiste qui a intensifié son combat depuis le 7 mai.

Cette mesure extrême, qui accroît provisoirement les pouvoirs des autorités et notamment de l’armée, est toutefois dérisoire étant donné l’état des forces gouvernementales, affaiblies par cette guérilla qui a fait entre 200 et 300 morts dans les rangs des civils, et plus de 126 000 déplacés selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Selon l’ONU, quelque 3,2 millions de Somaliens, soit près de la moitié de la population du pays, ont actuellement besoin d’aide humanitaire.

Concernant l’intervention militaire des pays voisins de la Somalie (le Kenya, l’Ethiopie, Djibouti et le Yémen), Mogadiscio n’a pas grand chose à espérer. Le gouvernement kenyan a fait savoir lundi qu’il ne comptait pas envoyer de troupes, et aucun autre pays n’avait réagi à cet appel. Il faut dire que les insurgés ont sévèrement mis en garde dimanche, ces pays contre toute velléité de solidarité. «Nous adressons une mise en garde claire aux pays voisins; si vous voulez que vos soldats reviennent dans un cercueil, alors envoyez-les sur notre sol», a ainsi prévenu le porte-parole des Chababs, Sheikh Ali Mohamoud Rage.

«Les jeunes prêts
à se sacrifier»

Ce groupe (Al-Chabab Al-Mujahideen, qui signifie «Les jeunes prêts à se sacrifier»), est le leader du mouvement de rébellion qui sévit en Somalie –il est d’ailleurs placé sur la liste américaine des groupes soutenant le terrorisme. Il combat aux côtés du Hizbul islam (Le Parti de l’islam) dans le but de renverser le gouvernement fédéral de transition (TFG), qui ne doit aujourd’hui sa survie, qu’aux 4 300 soldats de la mission de l’Union africaine (UA) en Somalie (Amisom).

Aussi insuffisants soient ces effectifs (8000 hommes devaient initialement être dépêchés), et limitées soient leurs prérogatives -leur mandat ne prévoit que la protection des installations gouvernementales-, l’UA est un soutien vital pour le gouvernement de Sharif Ahmed depuis son déploiement en mars 2007. Mais la situation semble désormais devenue irrécupérable pour le pouvoir somalien.

L’Occident redoute un nouvel afflux de djihadistes, ce qui risquerait de déstabiliser le pays et plus généralement la Corne de l’Afrique.