09/10/09 (B520) Yémen Express (4 articles en Français) (Restructuré le 11/10)

____________________________ 4 – HNS Info

Yémen : les proches d’un journaliste demandent sa libération

Les proches d’un journaliste yéménite « au franc parler » que le gouvernement est soupçonné d’avoir arrêté ont demandé sa libération, a appris Amnesty International.

La famille de Muhammad al Maqalih et des militants des droits humains sont convaincus que celui-ci est détenu par les responsables de la sûreté nationale pour avoir critiqué ouvertement le gouvernement au sujet des affrontements armés dans la capitale Saada, dans le nord du pays.

Âgé de 49 ans et père de sept enfants, le journaliste a été enlevé dans les rues de la capitale le 17 septembre par un groupe d’hommes se déplaçant dans une camionnette blanche banalisée. Personne n’a eu de ses nouvelles depuis lors.

Au cours des deux dernières semaines, la famille de Muhammad al Maqalih a organisé devant le bureau du président trois manifestations de protestation auxquelles se sont joints des journalistes et de simples citoyens.

« Notre première demande est que les autorités nous disent où il se trouve et qu’elles nous autorisent à voir comment il se porte, a déclaré à Amnesty International Bilal al Maqilah, un des enfants du journaliste. Notre demande ultime est qu’il soit libéré. »

La famille de Muhammad al Maqalih s’est enquise du sort de ce père de famille auprès du ministre de l’Intérieur et du ministre de la Justice. Bilal al Maqilah a dit à Amnesty International que le ministre de la Justice avait alors écrit au responsable de la Sécurité politique pour lui demander de faire toute la lumière sur le lieu de détention de Muhammad al Maqalih.

« Cela montre que le ministre de la Justice pense que mon père est détenu par la Sécurité politique », a déclaré Bilal al Maqilah.

Ceux qui s’opposent à l’État yéménite ou qui le critiquent risquent souvent d’être arrêtés et placés en détention, en particulier durant les périodes de crise politique.

La région de Saada, dont les habitants sont majoritairement des membres de la minorité chiite zaïdite du pays, a connu plusieurs périodes de conflit ces dernières années. Un certain nombre d’affrontements armés ont eu lieu entre les forces de sécurité gouvernementales et les disciples d’Hussein al Huthi, dignitaire zaïdite tué en 2004.

La dernière vague de violences a débuté à la mi-août lorsque la région a été mise pratiquement en état d’urgence et que les forces gouvernementales ont procédé à une série d’attaques d’intensité croissante.

Rédacteur en chef d’al Ishtraki, site web affilié au parti d’opposition socialiste, Muhammad al Maqalih rédigeait régulièrement des articles sur le conflit.

« Nous pensons qu’il a été arrêté en raison des inquiétudes qu’il exprimait sur plusieurs questions épineuses … comme Saada », a dit Bilal al Maqilah.

« Il ne mâchait pas ses mots et avait fait état de ses inquiétudes dans différents forums. Nous sommes très inquiets de ne pas savoir où il est, comment il passe la journée, s’il est soumis à des actes de torture ou des humiliations. Nous éprouvons un sentiment de grande injustice. »

____________________________ 3 – Centre Info ONU

Le chef de l’humanitaire de l’ONU en visite au Yémen

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, John Holmes, est arrivé jeudi au Yémen pour une visite de trois jours afin d’évaluer la situation humanitaire dans le nord du pays, où 150.000 personnes ont été déplacées depuis le début du conflit entre les forces gouvernementales et les rebelles Al Houthi en 2004.

« Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées par la dernière vague d’affrontements dans le nord du Yémen, et leur nombre augmente chaque jour », a dit M. Holmes. « Je suis ici pour constater sur la place la situation et galvaniser le soutien pour les hommes, les femmes et les enfants dont les vies ont été bouleversées par ce conflit ».

Lors de sa mission, M. Holmes se rendra dans un des cinq camps qui ont été établis pour accueillir des déplacés et rencontrer des représentants de haut niveau du gouvernement et des acteurs humanitaires afin d’examiner comment améliorer la réponse humanitaire, a précisé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) dans un communiqué.

Le 2 septembre, la communauté humanitaire a lancé un appel pour 23,7 millions de dollars destinés à financer des activités d’assistance immédiates. L’appel n’a reçu que 16,2% (3,8 millions de dollars) de la somme demandée, avec 3,5 millions de dollars supplémentaires promis.

« L’argent n’arrive pas assez vite pour répondre aux besoins. J’appelle les donateurs à augmenter leurs contributions. Le Fonds central d’intervention humanitaire (CERF) a déjà alloué 7 millions de dollars pour des projets au Yémen cette année et pourrait faire plus mais les donateurs individuels doivent aussi augmenter leur part », a dit M. Holmes.

_____________________________ 2 – CICR

Yémen : faire davantage pour que l’aide parvienne à la population

Le conflit qui sévit dans le nord du Yémen met en danger de plus en plus de vies civiles, privant des dizaines de milliers d’habitants d’une aide vitale et forçant toute une population à fuir les zones de conflit. Si des mesures plus efficaces ne sont pas prises pour protéger les civils et faire en sorte qu’ils puissent recevoir l’aide qui leur permettra de survivre, la situation ne cessera d’empirer, a déclaré aujourd’hui le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

« La situation s’est considérablement détériorée ces dernières semaines », a expliqué Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation du CICR au Yémen. « La population bloquée dans des zones de combat – notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées – est surtout inquiète pour sa sécurité. Mais son accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé est presque aussi vital, et la question de l’abri est également préoccupante parce que les nuits deviennent plus froides. »

La plupart des habitants du nord du Yémen ont déjà connu des années de conflit, qui n’ont fait qu’ajouter au fardeau de conditions d’existence difficiles et d’une pauvreté croissante. « Beaucoup de gens nous ont dit que leur maison avait été endommagée ou complètement détruite par les combats intenses qui ont commencé le 12 août, a précisé M. Marti. Ils ont dû laisser derrière eux la plus grande partie ou la totalité de ce qu’ils possédaient. Ils ont perdu leur emploi ou leur commerce, ont dépensé l’argent qui leur restait en nourriture et autres biens de première nécessité, et n’arrivent plus maintenant à se procurer d’autres produits nécessaires, soit parce qu’on ne les trouve plus sur le marché, soit parce que les prix sont montés en flèche. »

Les familles qui avaient trouvé refuge dans des bâtiments scolaires, par exemple à Khaiwan, doivent partir parce que l’année scolaire commence. D’autres familles vivent dans les ruines de maisons détruites, ou n’ont d’autre possibilité que de dormir en plein air en se protégeant à l’aide de couvertures et de feuilles de plastique.

En collaboration avec le Croissant-Rouge du Yémen, le CICR fournit de la nourriture et d’autres articles indispensables à la population locale et aux personnes déplacées dans la ville de Saada et le gouvernorat d’Amran. Cependant, il reste très difficile de pouvoir accéder sans risque à d’autres secteurs, en particulier dans le gouvernorat de Saada.

Au cours de ces deux dernières semaines, le CICR et le Croissant-Rouge du Yémen ont distribué des vivres à près de 16 000 personnes déplacées et aux familles qui les accueillent à Wadi Khaiwan, Bani Sureym et Hawazat Hashed, dans le gouvernorat d’Amran. Dans ce même gouvernorat, ils ont aussi approvisionné en eau quelque 8 500 personnes déplacées et résidents qui en avaient un besoin urgent. Enfin, les deux institutions ont fourni, à Wadi Khaiwan, des médicaments et du matériel médical à deux établissements de soins du ministère de la Santé traitant en moyenne 200 patients par jour.

Le CICR appelle tous ceux qui peuvent influencer la situation sur le terrain à faire le maximum pour que la population civile soit protégée et que l’aide humanitaire puisse être acheminée immédiatement et sans risque. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour épargner la vie des civils et leurs biens, permettre aux blessés et aux malades de recevoir un traitement médical, et faire en sorte que le personnel, les installations et les véhicules sanitaires ne subissent pas les effets des hostilités. L’emblème du croissant rouge doit être respecté en tout temps.

________________________________ 1 – Sources RSF

Yémen : une journaliste témoigne de la répression

« Le pouvoir a aujourd’hui révélé son visage. Chaque semaine, tous les mardis depuis le mois d’avril, notre ONG Women Journalists Without Chains organise un sit-in, place de la Liberté à Sanaa.

Chaque semaine, plusieurs centaines de citoyens, journalistes et intellectuels se rassemblent pour défendre la liberté d’expression, en évoquant tous les sujets qui leur sont chers. Sans relâche, malgré les violences policières, nous luttons pour obtenir des informations sur le journaliste kidnappé Muhammad Al-Maqalih et soutenir sa famille.

Nous avons également demandé la réouverture du journal indépendant Al-Ayyam et la libération des journalistes Fouad Rachid, directeur du site Al-Mukalla Press, et Salah Al-Saqladi, directeur du site d’informations Adengulf-website. La police a violemment mis fin, le 6 octobre, à notre manifestation pacifique sous le motif que nous n’avions pas d’autorisation délivrée par le ministère de l’Intérieur.

Des policiers ont tenté de confisquer nos appareils photo et cassé notre caméra.

Nous sommes plusieurs à avoir été blessés. Les autorités considèrent nos actions comme un appel à la révolution qui met en péril la République. Les sit-in ont été empêchés durant le mois de Ramadan. Tout cela est inadmissible. Ces méthodes insultent la Constitution du pays.

Allons-nous continuer les sit-in ?

Oui, avec encore plus de force.

Nous résisterons pour rétablir les libertés fondamentales et celles des journalistes car le pouvoir a fermé tous les moyens d’expression et d’information existant au Yémen », a témoigné Tawwakol Karman, présidente de l’organisation Women Journalists Without Chains.

« Nous nous approchons de la fin de la presse indépendante au Yémen. La volonté des autorités d’interdire ce sit-in hebdomadaire constitue l’ultime étape dans la persécution des journalistes afin d’imposer le black-out médiatique sur ce qui se passe dans le pays », a déploré Reporters sans frontières.

« Nous exprimons notre inquiétude sur le sort du journaliste Muhammad Al-Maqalih, enlevé depuis trois semaines », a ajouté l’organisation.

Les autorités refusent de divulguer des informations concernant sa situation actuelle ou de coopérer dans l’organisation des recherches.