05/11/09 (B523) Le Journal de la Fibuste (4 articles en Français)

___________________________ 4 – Le Télégramme

Piraterie. Un cargo grec pris au piège au large de la Tanzanie

La cellule d’intervention de la police portuaire grecque vient d’indiquer qu’un cargo grec, le Delvina, venait d’être capturé par des pirates ce matin au large de la Tanzanie. L’équipage est composé de marins ukrainiens et philippins et transporte une cargaison de blé.

Le navire, qui venait de Méditerranée, se dirigeait vers le port de Mombasa au Kenya quand il a été capturé à 280 milles nautiques à l’est des côtes tanzaniennes.

Après avoir donné l’alerte, l’équipage n’a plus donné de nouvelles. Appartenant à des Grecs, le bateau bat pavillon des îles Marshall.

Un autre cargo repousse ses assaillants

Un autre cargo grec, le Théophoros 1, battant pavillon panaméen, a lui été victime d’une attaque aujourd’hui à l’aube dans le golfe d’Aden, mais l’équipage a repoussé les assaillants avec des lances à eau, a ajouté la cellule. La bateau a repris sa route pour Hong Kong, escorté de deux navires de guerre de la force internationale déployée dans la zone pour lutter contre la piraterie.

Deux morts dimanche dernier

Selon une information publiée par Le Figaro, un affrontement entre les commandos marines norvégiens et des hommes armés à bord d’un boutre, a fait deux morts à 20 km des côtes somaliennes, dimanche dernier. Les Norvégiens étaient basés sur la frégate Fridtjof Nansen, appartenant à la force européenne antipirates Eunavfor. Les vicitmes sont un Somalien et un Yéménite.

___________________________ 3 – Le Figaro avec AFP

Somalie/Pirate: des otages débarqués

Trois marins du thonier espagnol Alakrana, pris en otage depuis le 2 octobre au large de la Somalie, ont été transportés à terre par les pirates pour faire pression sur les négociations, a assuré aujourd’hui l’épouse de l’un des pêcheurs.

"Ils ont emmené trois membres d’équipage" sur la côte, a déclaré Maria Angeles, épouse de l’un des marins à la Radio nationale espagnole (RNE), rapportant le contenu d’une conversation téléphonique avec son mari. "Le gouvernement ne prend pas en compte les demandes des pirates. Leur principale demande est que les deux" pirates présumés soupçonnés d’avoir participé à cette attaque et transférés en Espagne "leur soient rendus", selon les propos rapportés par Maria Angeles.

Selon d’autres témoignages des proches des marins repris par les médias espagnols, les pirates auraient menacé ce matin leurs otages de les transférer à terre et de les remettre aux familles des deux pirates présumés emprisonnés en Espagne. Les pirates auraient aussi lancé une grenade à la mer afin de faire pression sur les familles et les autorités espagnoles pour accélérer les négociations.

Les deux pirates présumés détenus en Espagne avaient été capturés peu après avoir quitté l’Alakrana à bord d’une petite embarcation, par des militaires espagnols participant à l’opération internationale antipiraterie Atalante.

_____________________________ 2 – Portail des sous-marins

Il faut plus de frégates pour la mission Atalante

Par Rédacteur en chef.

Le président sortant du Comité militaire de l’Union européenne, le général Henri Bentegeat, veut plus de moyens pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie à cause de l’importance de la zone à protéger.

"Les pays de l’Union Européenne se sont engagés pour 3 ou 4 frégates pour 2010. Mais nous en aurons probablement besoin d’entre 6 et 10 pour couvrir une zone aussi étendue," a déclaré le général Henri Bentegeat lors d’une conférence de presse. Il soutient qu’il y a une coordination entre les moyens navals envoyés par l’Union Européenne et l’OTAN, et "certainement pas une duplication."

_____________________________ 1 – Le Figaro

La saison des pirates est rouverte

Pierre Prier

Depuis le début du mois d’octobre, ils s’aventurent de plus en plus au large des côtes somaliennes.

Et revoilà les pirates somaliens. Six attaques réussies depuis le début du mois d’octobre, avec kidnapping des équipages et demandes de rançon. Deux cargos, un porte-containers, deux bateaux de pêche et un voilier de plaisance, avec un couple britannique à bord. Ils font partie des quelque 150 marins aujourd’hui retenus en otages en Somalie. Dimanche dernier, ce sont les commandos marines norvégiens qui affrontent des hommes armés à bord d’un boutre, à 20 kilomètres des côtes somaliennes.

Les Norvégiens étaient basés sur la frégate Fridtjof Nansen, appartenant à la force européenne antipirates Eunavfor. Bilan : deux morts parmi les occupants du boutre, un Somalien et un Yéménite, affirment les autorités de la région autonome autoproclamée du Puntland.

Lundi, deux nouvelles attaques ont lieu à 670 km environ des côtes du Kenya. Un cargo américain, le Harriette, et un pétrolier néerlandais, le Jo Cedarqui, essuient des tirs d’armes automatiques de pirates montés sur de petits bateaux rapides. Ils arrivent même à lancer une échelle sur le Harriette, mais les deux navires les repoussent en accélérant.

Tout cela alors que le dernier dérournement réussi date du 12 juin. L’explication est simple : la météo. « Nous nous y attendions, explique le commander (capitaine de frégate) John Harbour, porte-parole de la force navale européenne (Eunavfor). «La mousson, qui règne de juin à octobre, rend la mer trop difficile pour les petits bateaux rapides des pirates. Ils ont recommencé dès que la mer est redevenue bonne.»

Seize marines de guerre

Face à ce fléau qui met en danger les 20 000 bateaux passant par la mer Rouge chaque année, représentant 30 % environ du commerce mondial, la riposte internationale s’est réactivée. Une trentaine de navires de guerre battant pavillon de seize pays différents sillonnent les zones à risques. En tête, l’opération «Atalante» de la force européenne Eunavfor, première mission conjointe des marines de l’UE, et son pendant américain la Task Force 151.

Les navires engagés dans l’opération de l’Otan en Afghanistan prêtent aussi main-forte, ainsi que plusieurs pays engagés à titre individuel, Russie, Japon, Malaisie, Corée du Nord, Arabie saoudite. La coopération fonctionne, assure le porte-parole de l’Eunavfor. «Les différentes forces se rencontrent désormais une fois par mois à Dubaï pour partager leur expérience et se répartir les secteurs.»

Mais que faire des pirates, une fois capturés ? Les juger dans les pays dont ils ont attaqué les bateaux ? La méthode s’avère peu concluante. Les seuls pirates somaliens actuellement détenus en France, pour la prise en otage du voilier de luxe Le Ponant en avril 2008, attendent leur procès depuis un an et demi.

Amateurisme policier

La solution trouvée par les pays occidentaux se trouve à Mombasa. En vertu d’accords passés entre le Kenya, l’UE et les États-Unis, s’appuyant sur le caractère universel du crime de piraterie, le tribunal de cette ville côtière a commencé à juger une centaine de suspects débarqués sur son sol par les marines de guerre, y compris les deux groupes de onze hommes chacun capturés par la frégate française Nivôse. Mais le système semble mal parti, selon la propre constatation de la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton.

Le 4 août, en visite au Kenya, elle met les pieds dans le plat : «Les États-Unis et l’UE exigent que le Kenya améliore son système judiciaire entaché de corruption, déclare-t-elle. J’entends souvent cette phrase :“Au Kenya, pourquoi engager un avocat quand on peut acheter un juge ?” Malheureusement, cela résume la réalité.»

D’autres écueils ralentissent les procès. L’amateurisme policier de certains officiers de marine ouvre des boulevards aux avocats. Le 13 octobre dernier, on juge sept Somaliens qui ont eu la mauvaise idée d’aborder un pétrolier de la marine de guerre allemande, le MV Spessart. Me Jared Magolo interpelle un témoin, caporal de l’équipe de protection. «Avez-vous dressé après leur capture une liste des armes que vous dites avoir saisies sur mes clients ? – Euh, non, répond le militaire. Personne ne l’a fait.»

Toutes les audiences ont été ajournées au 30 novembre. Des avocats internationaux, membres de l’association Avocats du monde, basée en France, se sont joints à leurs confrères kényans. Parmi eux, l’Indo-Américain Avi Singh, défenseur de l’ex-président libérien Charles Taylor devant le Tribunal international de La Haye. Il compte parmi ses clients somaliens les onze premiers prisonniers capturés par le Nivôse.

L’association veut aller plus loin et cherche des fonds pour établir un bureau permanent à Mombasa. «Notre but est d’injecter du professionnalisme à tous les niveaux, dit son responsable, Me Emmanuel Altit. Ce serait profitable pour tout le monde. Si on a des procès injustes et inéquitables, ça se retournera contre les Européens.»

En attendant, un deuxième champ risque de s’ouvrir aux avocats. Les Seychelles viennent à leur tour de signer une lettre ouvrant la voie à des procès de pirates sur leur territoire.