25/03/10 (B543-B) Sud-Ouest / BORDEAUX. Un expert de la sécurité publique a assuré la formation des enquêteurs à Djibouti
La police technique et scientifique s’exporte à Djibouti
Ce n’est pas un hasard si le capitaine Christophe Carpentier a été désigné par sa hiérarchie pour se rendre à Djibouti afin d’accomplir une mission confiée par le Service de coopération technique internationale de police. Le chef de l’unité d’enquête criminalistique de la Direction départementale de la sécurité publique de la Gironde est, en effet, reconnu au plus haut niveau pour la qualité de son travail en matière de police technique et scientifique.
Ce quadragénaire discret, en fonction au commissariat central de Bordeaux, est un spécialiste pour relever et ensuite exploiter les traces et indices laissés par un malfaiteur. Son expérience et son savoir-faire ont donc intéressé la police de Djibouti, qui dispose, pour l’instant, de faibles moyens. « Il n’existe pas de véritable délinquance ou criminalité là-bas, commente Christophe Carpentier.
On compte moins de 10 homicides par an. Mais le gouvernement souhaite redynamiser la police technique et scientifique, en prévision d’une évolution probable de la donne géopolitique du pays. Les Américains y sont implantés et, à tout moment, ils peuvent être pris pour cible. »
Travail sur le terrain
Les Djiboutiens veulent donc asseoir leur souveraineté et être en mesure de réagir rapidement si nécessaire. Une dizaine de policiers locaux, dont une partie de la brigade criminelle, se sont ainsi familiarisés aux pratiques utilisées en France. « Ils avaient quelques notions », confie Christophe Carpentier, qui a mis l’accent sur la signalisation et le traitement des empreintes digitales, la révélation des traces papillaires par des moyens mécaniques ou physiochimiques ou encore l’importance des relevés photographiques et le prélèvement de sang sur des scènes d’infraction.
Les autorités djiboutiennes, conscientes de l’apport d’un tel service au sein de la police, devraient prochainement financer la construction d’un laboratoire. Le pays devrait aussi se doter du Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED).
« Si aujourd’hui un événement grave se produisait, ils feraient appel à la France, dit encore l’expert bordelais. Ils savent qu’ils ont accumulé beaucoup de retard et ils veulent désormais le rattraper pour, peut-être, passer après à la biologie. »
Aux cours théoriques, le capitaine Christophe Carpentier a privilégié la pratique sur le terrain. Les policiers djiboutiens ont revêtu les combinaisons des techniciens. Rachid Abdi, leur responsable, sait qu’il y a encore du pain sur la planche, mais il est décidé à mettre les bouchées doubles pour arriver un jour, pourquoi pas, à la trace d’ADN.
Auteur : Jean-Michel Desplos