24/11/10 (B579) Le Journal de la Flibuste – Les Pays-Bas arrêtent 20 pirates présumés – Le Conseil de sécurité de l’ONU reconduit les autorisations pour lutter contre la piraterie somalienne – sept pêcheurs sauvés après avoir été pris en otage par des pirates somaliens – Des pirates somaliens jugés en Allemagne – La lutte anti-pirates en Somalie sera-t-elle privatisée ? (5 articles)

____________________ 5 – Europe 1

Les Pays-Bas arrêtent 20 pirates présumés

La marine néerlandaise a interpellé au large de la Somalie 20 pirates présumés soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement début novembre de deux Sud-Africains sur un voilier au large des Seychelles, ont annoncé mercredi des sources concordantes.

"Ils sont soupçonnés d’avoir participé à l’attaque d’un voilier sud-africain, le Choizil, et à l’enlèvement de deux Sud-Africains qui étaient à bord de ce bateau", a indiqué Wim de Bruin, un porte-parole du parquet néerlandais.

Les pirates présumés, qui se trouvaient notamment à bord d’embarcations rapides, ont jeté leurs armes à l’eau avant d’être interpellés, au large de la côte somalienne, a déclaré Marloes Visser, une porte-parole du ministère néerlandais de la Défense.

____________________ 4 – Radio Chine avec XINHUA

Le Conseil de sécurité de l’ONU reconduit les autorisations pour lutter contre la piraterie somalienne

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté mardi une résolution autorisant pour une nouvelle année les Etats et organisations régionales qui coopèrent avec le gouvernement fédéral de transition somalien à participer à la lutte contre la piraterie et le banditisme à main armée en mer.

Selon la résolution adoptée à l’unanimité lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la Somalie, le Conseil a souligné que "le gouvernement fédéral de transition somalien a émis plusieurs demandes d’aide internationale pour lutter contre la piraterie au large de ses côtes".

La résolution appelle une nouvelle fois les Etats et organisations régionales "qui ont la capacité de le faire, à prendre part à la lutte contre la piraterie et le banditisme à main armée" conformément au droit international, en déployant des navires, des armes et des avions militaires.

Le Conseil de sécurité s’est déclaré "profondément inquiet de l’actuelle menace que la piraterie et le banditisme à main armée en mer contre les navires posent à l’acheminement rapide, efficace et sûr de l’aide humanitaire" pour la Somalie.

L’instabilité continue en Somalie contribue au problème de la piraterie et du banditisme à main armée en mer au large des côtes somaliennes, a indiqué le Conseil, en soulignant la nécessité d’une "réponse globale" de la communauté internationale.

"La tendance à la hausse du niveau de violence des pirates ainsi que son étendue sont inquiétantes", a indiqué le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans son dernier rapport sur la piraterie et le banditisme à main armée au large des côtes somaliennes présenté au Conseil de sécurité.

____________________ 3 – L’Express (Maurice) avec XINHUA

Seychelles : sept pêcheurs sauvés après avoir été pris en otage par des pirates somaliens

La garde côte seychelloise a sauvé samedi sept pêcheurs seychellois pris en otage par des pirates somaliens pendant quelques heures, a annoncé le ministre seychellois de l »Intérieur Daniel Morgan.

Le ministre a indiqué sur la télévision seychelloise que la garde côte était intervenue après que les pêcheurs eurent lancé l’alerte. Ces pécheurs étaient à bord d’un bateau de pêche dans les eaux seychelloises quand 11 pirates somaliens les ont attaqués.

L’opération de sauvetage a eu lieu à environ 240 miles nautiques de mahé, l’île pricipale de l’archipel des Seychelles. Les 11 pirates somaliens, de même que 5 autres qui avaient attaqué un bateau français un peu plus tôt, ont été capturés. L’un d’entre eux est mort des suites de ses blessures.

« Nous venons de démontrer notre capacité à nous défendre, et surtout le courage de nos forces armées », a déclaré le président seychellois, James Michel, lors d’une rencontre avec les 7 pêcheurs et leurs familles, lundi, a Victoria, capitale des Seychelles.

Pour rappel : le bateau de pêche seychellois, La Confiance, long de 33 pieds, et ses sept membres d’équipage, avait été détourné vendredi par des pirates somaliens. Le bateau se dirigeait vers la côte somalienne après avoir été détourné vendredi.

Les pirates somaliens détiennent plus de 30 navires et environ 400 otages, selon les statistiques de la Force navale de l’Union européenne. La plupart des détournements se sont soldés par des libérations consécutives au versement d’une rançon, intervenant suite à plusieurs mois de négociations.

Les attaques sont commises par les gangs armés somaliens équipés d’armements automatiques et de grenades propulsées par roquette. La Somalie, située dans la Corne de l’Afrique, est privée d’un gouvernement efficace depuis 1991 et demeure l’un des pays les plus violents et anarchiques du monde.

___________________ 2 – RFI

Des pirates somaliens jugés en Allemagne

Par Pascal Thibaut

Pour la première fois depuis 400 ans, la ville de Hambourg abrite depuis ce lundi 22 novembre 2010 un procès pour piraterie. Dix Somaliens qui avaient attaqué un cargo allemand début avril au large de la corne de l’Afrique risquent jusqu’à quinze ans de prison.

Leur action avait été rapide et de courte durée Les dix hommes avaient pris d’assaut au printemps le « Taipan », un navire appartenant à la compagnie Komrowski de Hambourg et qui transportait des containers. L’équipage du cargo allemand avait eu le temps de se retrancher dans un endroit sûr du bâteau et n’avait pas été blessé.

L’objectif des pirates était d’exiger, comme dans de nombreux cas, une rançon des armateurs. Leur montant est en moyenne d’après les experts de quatre à cinq millions de dollars. Beaucoup de compagnies maritimes se protègent contre ces agressions par des mesures de sécurité, recourent à la protection des forces internationales présentes dans la région ou concluent des assurances. D’après les experts, 290 actes de piraterie ont été recensés durant les neuf premiers mois de cette année. La plupart d’entre eux ont eu lieu au large des côtes somaliennes.

La décapitation des accusés

L’acte de piraterie de ce printemps jugé à Hambourg n’avait pas été couronné de succès. Quelques heures plus tard, un navire néerlandais y mettait fin. En juin, les autorités de La Haye remettaient les dix Somaliens à la justice allemande. Leur procès s’est donc ouvert ce lundi. Il s’agit du premier du genre dans ce port important de la mer du Nord depuis 400 ans.

Mais il sera sensiblement plus long que ses prédecesseurs qui s’achevaient rapidement par la décapitation des accusés. Des auditions sont prévues jusqu’à la fin du mois de mars. Les dix hommes risquent jusqu’à 15 ans de prison pour « attaque sur le trafic maritime et tentative d’enlèvement en vue d’obtenir une rançon. »

Mais la procédure n’a rien de simple. D’abord, parce ce que les accusés ne se sont pas exprimés sur les faits qui leur sont reprochés. Le tribunal a dû tirer au clair –avec un succès relatif- des données de base qui en Europe ne posent pas problème, à commencer par l’identité et l’âge des accusés.

« Je suis né sous un arbre », a déclaré l’un des hommes lundi. Un autre a affirmé être venu au monde « pendant la saison des pluies ». Ils n’avaient aucun papiers sur eux lors de leur arrestation ce qui est de toute façon une gageure dans un pays aussi troublé que la Somalie.

L’un des accusés n’est âgé que de treize ans

Autre difficulté pour la justice allemande, déterminer l’âge des dix hommes et surtout celui des plus jeunes. S’ils sont mineurs, les sentences seront plus clémentes et les procédures différentes. Les défenseurs peuvent exiger que le public ne participe pas au procès.

Lundi, un des avocats a affirmé que l’un des accusés n’était âgé que de treize ans. Or, on ne peut être responsable de ses actes au pénal en Allemagne qu’à partir de 14 ans. La justice, faute de papiers, a eu recours à des examens médicaux pour déterminer l’âge des hommes. La défense met en doute certaines conclusions des médecins.

Au-delà de cette affaire proprement dite, le procès de Hambourg est également l’occasion pour les vingt avocats comme pour différentes organisations, présentes en partie devant le bâtiment, d’évoquer la situation en Somalie. Un Etat défait, une guerre civile qui dure depuis des années, une prise en charge médicale largement déficiente : tous ces aspects ont été évoqués par les défenseurs pour mettre en perspective la situation de leurs clients et éviter qu’ils soient uniquement jugés à l’aune des principes et des réalités prévalant en Europe.

___________________ 1 – Bruxelles 2

La lutte anti-pirates en Somalie sera-t-elle privatisée ?

par Nicolas Gros-Verheyde

La firme privée Drum Cussac pourrait former la force anti-pirates somalienne.

Et le Foreign Office britannique a été impliqué dans des discussions avec elle.

C’est ce que révèle du Sunday Telegraph

Le plan du groupe de contact

Drum Cussac, bien établi sur le marché très lucratif en ce moment de la protection privée des navires, est dirigé par un ancien officer des Scots Guards, Jeremy Stampa Orwin, et emploie nombre d’anciens des Special Boats Service (l’unité des nageurs de combat et commandos marine britannique).

Le chef adjoint du Foreign Office, Chris Holtby, qui préside également une des composantes du groupe de contact international sur la lutte anti-piraterie, les a rencontré dans le cadre du plan global qu’il prépare pour renforcer la lutte anti-piraterie en Somalie. Celui-ci couvrirait aussi bien le « renseignement contre les bases pirates » que la « préparation d’actions contre elles« , ou l’envoi de formateurs « si les autorités sont incapables d’arrêter les kidnappings« .

Ce projet serait financé essentiellement par le gouvernement américain qui met 25 millions $ sur la table. Et des financements britanniques seraient fournis, de manière indirecte, via la ligne « Etat de droit, contre-terrorisme et migrations ». Mais la constitution d’une force de gardes-côtes somaliens – avec 8 bateaux, 96 marins et un bataillon de 130 Marines chargés de la reconnaissance et l’action offensive -, est pour l’instant suspendue, suite à des désaccords entre la province autonome du Puntland et le gouvernement transitoire somalien (GFT), sur la composition de cette force.

Une affaire Dreamline bis

Ce projet suscite certaines difficultés. Premièrement, le risque du passage du policier au bandit est avéré. Il semble que certains pirates actuels (au moins l’encadrement) ont pu être formés par des formations financées sur fonds internationaux ; formations qui se sont interrompues quand les fonds se sont interrompus. Ainsi les gardes-côtes, qui avaient commencé à être formés par des anciens des SAS britanniques, ont fini par se servir de leur instruction et leur uniforme pour aller capturer un bateau de pêche thaïlandais et réclamer une rançon de 800.000 $.

D’autre part, elle n’est pas sans rappeler l’affaire Sandline, du nom de cette firme accusée d’avoir rompu l’embargo des armes à destination du Sierra Leone, et dans lequel le Foreign Office aurait été impliqué. Malicieusement notre confrère du Sundya Telegraph rappelle que Stampa Orwin partageait ses bureaux avec Sandline… quand il travaillait chez Lifeguard.

Pour l’instant, malheureusement, aucune autre solution que celles des forces privées n’a la cote. Car aucun pays n’a vraiment envie de risque des hommes en Somalie (les Français ont toujours un otage, de la DGSE, détenu depuis près de 18 mois maintenant)