04/02/11 (B590) WebManagerCenter / Grande répétition de la révolution tunisienne en Égypte

Il est indéniable que la révolution tunisienne et surtout son aboutissement par la fuite de Ben Ali et sa famille le 14 janvier 2011 ont servi de détonateur à tous les mouvements observés dans plusieurs pays arabes, l’Algérie, l’Egypte, le Yémen et la Jordanie.

La révolution spontanée du peuple tunisien pour sa dignité, pour la démocratie et contre la corruption a certainement provoqué les consciences des peuples arabes, les a rassurés sur la possibilité de renverser les dictatures installées par la répression et la peur. Le dépassement du mur de la peur a certainement été l’une des premières victoires de la rue en Tunisie, en Algérie, en Egypte, au Yémen et en Jordanie.

Les jeunes tunisiens qui ont très rapidement trouvé les bons reflexes pour exploiter les moyens dont ils disposaient sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter), malgré la censure sur Internet, pour créer une gigantesque salle d’opérations de gestion des informations sur les révoltes dans les différentes régions du pays ainsi que dans la diffusion de slogans, d’appels aux rassemblements et/ou à la communication d’alertes.

Certains parmi les jeunes les plus actifs sur les réseaux n’ont probablement pas dormi pendant plusieurs jours ou ne dormaient que quelques petites heures.

Révolution Tunisienne-Égyptienne, même scénario

Si le déclencheur a été la révolution tunisienne, l’Egypte présentait des similitudes, notamment, l’importance du problème du chômage, la mainmise des pouvoirs par un nombre limité de familles avec des élections manipulés avec des scores de plus de 90% aussi bien en Tunisie qu’en Egypte, le développement de la corruption et de l’enrichissement illégal, alors que la pauvreté s’accentue et la liberté restait sous contrôle, bien que l’espace des liberté d’expression était beaucoup plus important et sans commune mesure avec la situation en Tunisie.

En analysant la chronologie des événements en Egypte, on retrouve des similitudes :

– des manifestations volontaires et spontanées de jeunes
– exploitation de l’Internet et des réseaux sociaux pour assurer la diffusion des informations, pour suggérer des slogans, lancer des appels ou alertes,
– existence de la censure, et coupure des communications téléphoniques et de l’Internet, chose que le pouvoir tunisien n’a pas osé faire. Cette décision a, probablement, joué dans l’aggravation de la situation en poussant des internautes dans la rue,
– reprise de slogans entendus en Tunisie: dignité, liberté, emploi – DEGAGE (Irhel) – ou la reprise du poème de Abou El Kacem Cehbbi, la volonté de vivre (lorsque le peuple un jour veut la vie, Force est au destin de répondre),
– les victimes qui ont été la cible de tirs de cartouches réels,
– une armée présente, tout en évitant d’intervenir ou de tirer sur les manifestants,
– des manifestants qui fraternisent avec l’armée,
– le poids de la couverture des événements par les chaines de télés satellitaires, Al Jazeera (plus tard Al Jazeera verra son bureau fermé), Al Arabiya, et les chaînes internationales, avec des émissions en continu, avec des interventions de personnalités, de correspondants sur place,
– les USA qui assurent une veille suivi de l’évolution des événements, avec des déclarations invitants les pouvoirs de gérer calmement la situation, tout en s’inquiétant de l’évolution de la situation,
– les soupçons d’existences de snipers et de milices manipulés par les autorités,
– «Bikol Hazm» (avec vigueur), une autre erreur de Ben Ali et de Moubarak et qui n’a fait que renforcer la volonté des manifestants d’aller jusqu’au bout,
– les décisions de révoquer des ministres et des conseillers dans le cas tunisien, et de dissoudre le gouvernement dans le cas Egyptien, puis de nommer un vice-président,…
– les rumeurs de fuite de membres de la famille du Président,
– l’apparition de bandes de casseurs, le saccages de plusieurs immeubles, notamment, des sièges de partis ou des locaux de la police, les vols, l’apparition de bandes organisées,
– insécurité et panique des habitants,
– l’apparition d’un vide sécuritaire et l’absence des unités de police,
– la mobilisation des habitants en groupes de protections civiles, pour se protéger et protéger leurs biens,
– l’instauration du couvre-feu,
– La fuite de prisonniers,
– L’importance de l’impact sur l’économie, notamment sur l’activité touristique
– L’arrêt des cotations sur la Bourse Egyptienne,
– Mise sous surveillance de la note souveraine du pays,…

Aux dernières nouvelles, la situation semble évoluer, effectivement, dans le sens des développements observés dans le cas tunisien.

Dans son dessin quotidien sur le journal tunisien La Presse, Lotfi Ben Sassi ne croyait si bien dire en écrivant «pour une fois, un feuilleton tunisien cartonne en Egypte», et si Libération titrait, en pleine révolte tunisienne « A qui le tour », aujourd’hui c’est plutôt « Au suivant ».