27/10/2011 (B627) Les chroniques du Sergent Ariko : Tardives larmes de crocodile.

Le petit président de la république de Djibouti a bien cherché partout … et il a identifié le seul pays qui pourrait encore lui donner un peu d’argent !

Suite au décès du prince Sultan ben Abdelaziz d’Arabie saoudite, le chef du régime s’est fendu d’un communiqué qui a été lu à sa RTD (*) pour annoncer trois jours de deuil national sur l’ensemble du territoire national.

Parallèlement, le dictateur, qui est toujours persuadé que le pays est sa propriété, a demandé à l’armée et a sa garde républicaine de mettre les couleurs en berne.

A croire qu’IOG a pris exemple sur Aden Robleh Awaleh, qui avait demandé en 1995, dans un communiqué de décréter trois jours de deuil national avec mise en berne des drapeaux, lors de la disparition de l’Ougas Hassan Hersi en Éthiopie.

L’opposition avait vivement critiqué Aden Robleh Awaleh pour cette prise de position, en affirmant que le pays n’était pas seulement peuplé par les Issa mais aussi par d’autres tribus. Aden Robleh avait du faire marche arrière.

– Le contexte n’est plus le même aujourd’hui.

Hier c’était pour l’Ougas Hassan Hersi Issa mais aujourd’hui c’est pour trouver des sous. Djibouti manque cruellement d’argent. Les salaires des militaires de l’AND et de la garde républicaine ont été virés.

Restent à payer ceux de la police et la gendarmerie.

Pour IOG l’urgent est de trouver un remède à la situation économique et sociale qui se dégrade chaque jour. IOG sait que c’est par les actions des étudiants que les despotes ont été virés de leurs fauteuils.

La récente manifestation des « papys » a sonné comme un signal de fin de règne. Selon les informations qui m’ont été transmises en toute discrétion, il aurait reçu à sa résidence d’Haramous une délégation de retraités encadrée par le secrétaire général de la présidence, Ismail Hussein Tani.

IOG veut calmer à tout prix les vieux, qui peuvent lancer contre lui toute la population, ce qui accélérerait sa chute. Il a du certainement distribué des billets pour amadouer les vieux qui ne lui font plus confiance.

Mal lui en a pris !

Après seulement un jour de réflexion (au lieu des trois prévus) il est rentré en catastrophe de sa résidence d’Arta : les temps ne sont plus à la méditation solitaire. Son chef de la sécurité est plus que préoccupé. Les récents signaux envoyés par les élèves qui réclament le changement et la multiplication des manifestations (comme jamais encore) ne sont pas de bons augures pour la survie de son régime.

Même son de cloche du côté du général Zakaria, qui ne s’était même pas déplacer pour le saluer ni à son départ pour Riyad en Arabie saoudite, ni à son retour.

Le départ du contingent pour la Somalie est retardée à une date ultérieure, pour cause d’incapacité à regrouper des effectifs, qui préfèrent la désertion à la mort programmée …

Il rencontre le plus grand mal du monde pour rassembler les soldats qui avaient déserté, pour échapper à la mission suicide en Somalie. Les militaires et les policiers sont hostiles à cette mission, qu’ils refusent dans leur grande majorité.

Normalement la date du départ était fixée au 23 octobre : nous sommes le 26 et personne n’est parti.

Pour calmer le président de la Somalie qui ne croit plus aux promesses du régime, le général Zakaria a envoyé en catastrophe dans un hélicoptère de l’AND, le colonel Dahir Aden Abrar qui est le chef de corps de l’armée de l’air.

Le colonel « Kourougmen » Dahir Aden Abrar a été reçu à la villa Somalia par le président Sharif en présence de l’ambassadeur Dubad Waiss.

Il a du certainement calmer Sharif, qui est hué dans son propre pays, à cause d’une nouvelle ingérence étrangère (une de plus !) : celle des troupes kenyanes qui combattent les fidèles des Al Shebabs.

Le dernier attentat commis contre des étudiants à Mogadiscio n’est pas pour rassurer les militaires djiboutiens qui refusent d’aller en Somalie et qui trainent les pieds. Même les officiers comme le colonel Abdo Abdi Dembil, le colonel Osman Doubad Sougouleh patron du régiment d’action rapide, le commandant Abdourahman de la police nationale ainsi que le lieutenant Amina Moussa ne sont nullement intéressés à participer à cette guerre qui n’est pas la leur.

– Asmara refuse de relâcher nos prisonniers de guerre …

D’autant plus qu’Asmara a refusé de relâcher les derniers prisonniers de guerre détenus par ses troupes. Deux soldats s’étaient évadés des geôles érythréennes mais il reste encore pas mal de prisonniers et en particulier le colonel Aden Ali Ahmed qui est le chef de corps du camp Cheik Osman.

Asmara a refusé la proposition de sortie de crise que Djibouti avait envoyée au Qatar par l’intermédiaire de l’ambassadeur de Djibouti à Doha, Hassan Moumin.

Asmara subit de plein fouet le dur embargo qui lui a été imposé. La rencontre entre Afeworki et Ban Ki Moon a porté ses fruits. Le secrétaire général de l’ONU a demandé au dictateur érythréen de relâcher la totalité des soldats djiboutiens détenus et de porter le problème du contentieux djibouto-érythréen devant le conseil de paix et de sécurité de l’union africaine.

– Le paradoxe djiboutien

Or et c’est là le paradoxe, Djibouti n’est nullement disposé à accueillir ses prisonniers car les hautes autorités redoutent que des langues ne se délient. Le général Zakaria a beaucoup à craindre en cas de libération du colonel Aden Ali Ahmed qui n’a jamais supporté qu’on le sacrifie de cette façon.

On se rappelle que le colonel Aden Ali Ahmed avait été envoyé à Doumera alors qu’il était dans sa maison sur la route de la zone industrielle sud. A l’époque, le général Zakaria le soupçonnait de vouloir le remplacer au cas où le dictateur voudrait rajeunir les cadres.

Il s’est donc débarrassé du Colonel Aden Ali, comme il s’était aussi débarrassé du général Soubagleh et du lieutenant colonel Abdouljabar (officier formé à Saint-Cyr en France dans la même promotion que le colonel Mohamed Ali Absieh qui est actuellement patron de l’académie militaire d’Arta).

– A Djibouti tout sent mauvais

Le régime n’est pas pressé d’entendre les langues de nos prisonniers, se délier en public.

IOG, qui a le diable en tête, a cherché à détourner les sujets de conversation des Majliss et des cafés vers d’autres sujets ….

– Une évasion spectaculaire a eu lieu à la prison de Gabode .

Selon les informations que j’ai reçues, les détenus, dont certains étaient enfermés au bloc 13 parce qu’ils étaient considérés comme dangereux, auraient neutralisé des agents du service pénitencier de Djibouti pour se rendre ensuite à l’armurerie de la prison.

La sécurité des lieux avait été confiée au capitaine Ali Aden Bouraleh dit Ali Hore, ancien patron de la Section de recherche et de documentation de la gendarmerie nationale (la fameuse S R D) (le premier a partir de la droite en uniforme de la pénitencière).

Chassé de son poste, en 2008, par le colonel Abdi Bogoreh après une altercation violente au sein de la caserne Hamadou de la gendarmerie, il avait mis à la retraite anticipée.

A sa sortie, ayant perdu son pouvoir, pas mal de gens l’attendaient au virage, y compris ses propres cousins. Pour leur échapper, l’ancien capitaine s’était réfugié à Hargeisa pour quelques jours de repos.

Sachant que cet ancien tortionnaire de la gendarmerie coloniale française, puis djiboutienne était à Hargeisa, ses victimes ont voulu se faire justice elles-mêmes. Il a du sa survie, grâce à une intervention de la police somalilandaise qui l’avait protégé avant de le renvoyer à Djibouti.

Informée de ce qui s’était déroulé à Hargeisa, la dernière dame de Djibouti l’avait fait nommer au sein du nouveau corps en cours de constitution dans la caserne Omar Aline de la garde républicaine. Comme cela il avait repris de l’activité et on lui a confié la sécurité de Gabode.

Mais le mari président ne l’avait pas accepté. De son côté, il a nommé Salah Djama, un homme à lui, à la tête de la prison de Gabode. Même pour une vieille prison construite par les colons français et qui n’est qu’un centre de coût pour le budget, sans espoir de détournement, le couple voyou de la république s’est affrontée par clans interposés.

C’est alors que l’ancien ministre Saïd Barkhat est entré dans la danse en nommant un jeune flic, comme Commandant en second de la sécurité de la prison de Gabode. Sur la photo c’est celui qui se tient les reins.

Mais le véritable patron reste Ali Aden. C’est lui qui avait déjà envoyé pas mal de djiboutiens derrière les barreaux.

– Mais cette fois, c’est un film de fiction qu’on nous sert.

Les détenus de Gabode se font la belle ! Mais contrairement aux Dalton (célèbre bande dessinée) ils n’ont pas eu à escalader les hauts murs surmontés de barbelés de la prison. Comme par hasard deux taxis les attendaient devant la porte.

N’allez surtout pas nous faire croire que cette évasion n’a pas été souhaitée par le régime.

Maintenant les anciens détenus sont en ville avec des armes.

La caserne Omar Aline de la garde républicaine est deux pas de la prison de Gabode. Les gardes ont bien arrêté quelques fugitifs mais « les cerveaux » courent toujours. La gendarmerie a reçu l’ordre de les ramener sains et saufs et à défaut d’arrêter leur mères jusqu’à ce qu’ils se rendent !!

Pendant que la surveillance de sa prison est en pleine déroute, le chef du régime s’est déplacé sans crainte à Ryad pour verser ses larmes de crocodiles devant un vieux roi qui ne peut même plus se lever.

Les images racoleuses de la RTD qui est aux ordres de la présidence nous montrent qu’IOG est accueilli du bout des lèvres par le roi Abdallah d’Arabie saoudite. A Djibouti l’évasion des détenus a donné du fil à retordre à une gendarmerie qui est privée de moyens.

Tout Djibouti croit maintenant que c’est une nouvelle pièce de théâtre qu’IOG joue à la population afin de prévenir toute tentative d’insurrection.

  • Certains affirment que le régime a laissé filer des voyous pour qu’ils terrorisent la population en cas de besoin.
  • D’autres prétendent qu’un grand règlement de compte est en préparation au sommet de l’état. Ces hommes ne se sont pas évadés pour rien, en emportant des armes. Ils ne pouvaient pas le faire sans des complicités au sein même de la prison.
  • D’autres disent que ce serait un motif pour faire éliminer les deux procureurs Djama Souleiman et Maki par les condamnés qu’ils avaient envoyés dans le couloir de la mort à Gabode.
  • D’autres personnes, enfin, croient savoir qu’il y aura un règlement de comptes au sein même du RPP avec des gens qui vont être exclus ou rayés des contrôles (de la vie ?).

Profitant de ce grand désordre, les jeunes ont repris eux leurs bagarres quotidiennes. Comme ils n’ont plus rien à espérer d’un régime aux abois, ils s’affrontent du matin au soir dans les artères de la capitale.

La police est fatiguée d’intervenir, d’autant plus que leur patron, Abdillahi Abdi souffre et qu’il se remet difficilement de sa blessure, avec la balle toujours logée dans le corps.

Avec tout le surcroit de travail que lui causent ces jeunes livrés à eux-mêmes par la faute du régime, il n’a pas eu le temps de venir saluer le dictateur, à son départ ni à son retour.

Comme la Police, la gendarmerie est fatiguée elle aussi d’intervenir pour séparer ces jeunes désespérés.

A tel point que les taxis et les chauffeurs de bus craignent pour leur sécurité.

– L’état a déjà démissionné.

Le régime d’ina Omar Guelleh ne sait plus quoi chanter à la population djiboutienne. Plus d’argent et peu d’espoir d’en obtenir de l’étranger : c’est la fin d’un long régime de plus de 34 ans qui se profile à l’horizon de 2012.

À Djibouti la population a compris que ce régime criminel était prêt à tout, y compris à mettre auparavant le pays à feu et à sang, si jamais on lui demandait de se retirer.

Le pouvoir RPP ne veut rien céder sous aucun prétexte.

Tous les gens qui sont susceptibles d’agir directement ou indirectement contre le régime sont immédiatement éliminés par les renseignements djiboutiens qui a plusieurs méthodes : accident (de voiture), empoisonnement, torture, ou enfin exil forcé.

Personne à Djibouti n’ose défier l’implacable machine à détruire, mise en place par Omar Guelleh, qui écrase tout sur son passage.

Pour beaucoup : espionnage et délation sont devenus des moyens de survie et de subsistance dans le pays du gros fou. Aujourd’hui tout le monde espionne tout le monde, même les femmes s’y sont mises.

C’est la même méthode qui avait utilisée par Ben Ali, le sanguinaire, en Tunisie.

Ignorait-il qu’Allah vient toujours au secours des populations menacées par ses tortionnaires formés à l’école coloniale. Hier, ils étaient puissants et ils régnaient en maitre. Aujourd’hui nombre de ces dictateurs déchus sont soit en prison, soit ils ont été liquidés en public devant les caméras du monde entier, soit envoyés en exil forcé.

– Ni Kadra, ni IOG n’échapperont pas à la règle.

Tout dictateur est passible de la sanction d’Allah. Tout Djibouti attend le jour où Allah va décider du sort de ce dictateur et de sa femme. Sachant que le bateau va couler, Kadra Haid joue profil bas et elle préfère se faire oublier de cette population qui était soumise hier et qui se révolte aujourd’hui.

Les anciennes premières dames de la Tunisie, de l’Égypte ainsi que de la Lybie vivent des moments particulièrement difficiles. Kadra Haid peut constater la punition d’Allah pour celles qui ont soutenu leur mari dictateur ou pire qui ont participé au détournement des biens du pays.

Kadra, tu n’échapperas pas à la colère d’Allah ni à la justice. Toi et ton mari vous devriez réfléchir rapidement à votre départ, avant que la population ne vous lynche dans la rue.

Bientôt, la suite

Sergent Ariko
Londres

(*) A la RTD, les employés ont perdu le moral depuis que la dernière dame a mis sur la touche un certain Abdi Atteyeh Abdi, ancien patron et demi-frère de l’ancien ministre Yacin Elmi Bouh.