18/04/2012 (B652 -B ) Dissparition de Jean-Paul Noël Abdi – Message de condoléances de Mahdi Ibrahim God

HOMMAGE
A mon grand frère
Jean-Paul NOEL ABDI.

Jean-Paul n’est plus.

L’annonce de son décès le vendredi 13 avril 2012 à Marseille m’a personnellement secoué. Depuis, je n’arrive pas à accepter son décès qui fait partie pourtant de la destinée de chaque être humain.

Je me demande encore aujourd’hui si notre récente rencontre à Djibouti, après 7 ans, était pour quelque chose dans le retour de cet ami très cher vers notre Créateur.

Je l’appelai JP et lui son jeune frère Mahdi. Ami de longues date de ma famille et enfant de quartier 5, comme moi, ce grand frère était devenu au fil des années un ami intime et plus tard un compagnon de lutte. Il était pour moi une archive vivante de notre histoire surtout celle des années de lutte pour notre indépendance ou sous le pseudonyme de Baxwell,

il combattait aux côtés d’hommes de conviction et de constance idéologique comme nos regrettés Ahmed DINI et Mohamed Ahmed Issa dit CHEIKO.
De notre rapprochement dans cette lutte pour la démocratie et les Droits de l’Homme, je ne souhaiterai pas m’y étalé plus sauf pour dire qu’à l’approche des élections présidentielles de 1999, nous avions décidé après discussions et mûres réflexions, l’indispensable nécessité de créer une association défendant les droits de nos concitoyens.

Car, à cette époque, la situation du pays était marquée par l’amplification de la répression du régime et la mise à mal des partis et mouvements politiques, ouvrant ainsi la voie à l’instauration d’un régime plus fort dirigé par le dauphin de Gouled,

Ismail Omar Guelleh dont la réputation dans l’arsenal répressif n’était plus à faire.
Le choix des membres fondateurs pour la nomination du Président de la LDDH avait naturellement porté sur celui de Jean-Paul NOEL ABDI car, non seulement il fut législateur depuis l’indépendance jusqu’en 1997, mais aussi répondait à plusieurs critères et qualités comme le dévouement, l’intégrité, le courage et les devoirs de responsabilité.

Dès sa prise de fonction il fut victime d’une grenade lancée par les agents du nouveau régime pour avoir dénoncé des exécutions et autres sévices à l’encontre de victimes civiles à Meldeho. Un acte lâche qui, loin de le décourager, a fait l’effet inverse Jean-Paul, Président de la LDDH ayant réussi cette fois à convaincre les instances parlementaires européennes de la répression et de l’emprisonnement, le 23 septembre 1999, à l’encontre du candidat de l’Opposition Djiboutienne Unifiée Monsieur Moussa Ahmed Idriss et de plusieurs membres de sa famille.

Ceci pour dire que Jean-Paul fut cette homme dont le courage et la détermination ont permis à la toute nouvelle LDDH sa reconnaissance internationale en un temps record.
De 1999 jusqu’au dernier souffle, mon grand frère n’a jamais failli à ses responsabilités pour dénoncer les crimes et autres exactions et répressions du pouvoir dictatorial en place, malgré les risques et les atteintes sur sa propre personne.

Sa dernière apparition officielle et en public fut la table ronde du 29 février 2012 tenue et organisée par l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique, en présence des Chancelleries de France, d’Allemagne, du Japon et de l’Union Européenne.
Lors de cette rencontre à laquelle j’avais participé pour représenter mon parti l’ARD, Jean-Paul, à peine sorti de l’hôpital et très mal au point, avait tout de même honoré de sa présence pour lire et remettre un mémorandum de la LDDH.

A cette occasion et lors des discussions qu’il dénonçait entre autres, «la mascarade des récentes élections régionales, surtout et une fois encore la persistance du refus obstiné du régime pour l’attribution des pièces d’identité aux véritables Djiboutiens et la recrudescence intolérable des distributions de cartes d’identité à des étrangers venus des pays de la région. Jean-Paul dénonçait cette situation dangereuse pour la stabilité et l’avenir du pays, dont les dirigeants actuels étaient opposés à l’émergence de la Démocratie et des Droits de l’Homme ».

Oui, cher frère ainé, tu n’es pas mort, tu fais partie de cette race d’hommes dont les œuvres les maintiennent vivant à jamais. Tu es un Monument du pays : par ta constance et ton courage, tu avais énormément contribué à l’avènement de l’indépendance et depuis plus de 16 ans tu fus en première ligne pour combattre toute forme d’injustice perpétrée par la dictature.

Oui cher JP ton œuvre en faveur de la Démocratie et des Droits de l’Homme tiendra l’importante place qu’elle mérite.

Repose en paix grand frère et que Dieu t’ouvre tout grand son Paradis Eternel. Amin

Toutes mes condoléances les plus sincères à toute la famille de Jean-Paul NOEL ABDI.

De la part de ton jeune frère.
MAHDI IBRAHIM GOD

Vice-Président de l’ARD