10/07/2013 (Brève 152)  Point sur la situation des réfugiés djiboutiens en Ethiopie et en particulier à Addis Abeba par Omar Gabasse

20ème année de la présence des réfugiés djiboutiens sur le sol d’Éthiopie.
 
Avant de commencer, je voudrais souhaiter un très bon ramadan aux musulmans du monde et plus particulièrement aux réfugiés Djiboutiens qui vivent leur 20ème année d’exil en Éthiopie. Qu’Allah acceptent leurs prières et exaucent leurs vœux.
 
L’histoire des réfugiés est disponible sur le site de l’ARDHD (dossier disponible en intégralité) mais je tiens à retracer leur tragédie à l’occasion de ce 20 ème anniversaire de leur arrivée en Éthiopie.

En juillet 1993, le gouvernement tribal avait recruté des mercenaires en Éthiopie et en Somalie pour lancer une grande offensive dans le nord et le sud-ouest de la République de Djibouti. Au lieu d’affronter les résistants du FRUD qui s’étaient repliés dans les montagnes, les mercenaires, qui avaient reçu l’ordre de ne point faire de différences entre résistants et populations civiles, se sont acharnés ces derniers, plus vulnérables. Des milliers de civils, pour la plupart des femmes et des personnes âgées ont été exécutés, des cheptels ont été détruits, de nombreuses femmes ont été violées. Jusqu’à aujourd’hui ni les commanditaires, ni les exécuteurs de ces crimes n’ont été traduits en Justice. Bien au contraire, certains occupent des postes importants dans le gouvernement tandis que les autres se sont  déguisés en partisans de l’opposition politique.
 
Donc en juillet 93 plusieurs milliers de civils ont trouvé refuge en Éthiopie et en Érythrée. En Éthiopie, ils se sont installés dans la régions 2 Afar (Manda, Eli-daar, Ayssaita) où des milliers de gens vivent toujours sans aucune reconnaissance ni de la part des autorités locales, ni du HCR. Ils ne survivent que grâce à la solidarité des Afar de ces zones. Des centaines sont morts par absence de soins médicaux. Ceux qui vivent, souffrent dans l’indifférence de la communauté internationale. Ceux qui s’étaient installés en Érythrée ont été contraint de regagner l’Éthiopie car les autorités érythréennes voulaient les enrôler de force dans l’armée nationale du pays.

Aujourd’hui seules 20 familles bénéficient du statut officiel de réfugié. Elles vivent à Addis Abeba, Quatre familles ont été réinstallées en France en 2010, grâce aux démarches de l’ARDHD, mais les autres espèrent toujours une réinstallation vers un pays susceptible de les accueillir. Elles multiplient les démarches auprès du HCR d’ADDIS ABEBA.

De par leur statut, il est interdit à ces personnes d’avoir une activité rémunérée en Ethiopie. La vie est très chère pour ces personnes au regard des maigres allocations sociales attribuées par le HCR. Dans ces conditions, il est difficile de subvenir aux besoins familiaux.

En majorité, ces hommes, anciens résistants, ont fondé des familles : l’assistance mensuelle pour une famille quelque soit le nombre d’enfants est de 2500 birrs. Un loyer dans une banlieue très éloignée du centre ville, coûte au minimum 1.500 birrs et pour ce prix, ils bénéficient d’une chambre et d’une cuisine avec des sanitaires partagés.

Avec les 1.000 birrs restant ils doivent se nourrir, se vêtir et assurer les frais de transport, en particulier pour rejoindre le bureau du HCR.

Un célibataire ne perçoit que 1.500 birrs et son loyer est de 800 birrs au minimum.

Voilà la situation financière des réfugiés djiboutiens à Addis, Moralement, ils sont épuisés et désespérés. A ces problèmes s’ajoute celui de l’insécurité quotidienne, des bagarres avec des voyous dans les rues  d’Addis Abeba.
 
Je lance un cri d’alarme au bureau du HCR d’Addis Abeba pour qu’il étudie le sort des familles régularisées et de leur proposer des solutions de réinstallation dans des pays susceptibles de leur offrir une vie décente, comme ce fut le cas pour les quatre familles accueillies en France et qui s’intègrent sans problème.

Je ne terminerai pas avant d’adresser tous mes remerciements et toute ma gratitude, en mon nom personnel et au nom des réfugiés djiboutiens, à Jean-Loup Schaal pour tous les efforts qu’il a entrepris depuis qu’il a été mandaté par les réfugiés djiboutiens. A chaque rencontre avec des journalistes de radio et dans chaque réunion, il a toujours rappelé la situation de ces familles et mis l’accent sur le sort tragique des réfugiés djiboutiens d’Addis Abeba,

Mille mercis.

 
Ramadan Karim

 
Omar Gabasse
Co-représentant
des réfugiés Djiboutiens en Europe.