25/09/2024 (Brève 2431) Déclaration du FRUD sur le recensement à Djibouti

Bruxelles, le 25 septembre 2024

Déclaration du FRUD  sur le recensement à Djibouti

Le FRUD condamne et déclare nul et non avenu le recensement de la population réalisé en 2024.
Ce pseudo recensement s’inscrit clairement dans une volonté sans équivoque du régime clanique qui règne à Djibouti de réduire le poids démographique de l’une des principales composantes du pays

++ Contexte national

La situation en République de Djibouti est dans une impasse totale sans aucune perspective de sortie de crise.  Elle est devenue aussi le réceptacle des milliers de personnes fuyant les affrontements interétatiques ou intercommunautaires en Ethiopie, en Somalie et au Yémen.
La République de Djibouti est habité par des Afar, des Arabes et des Somali-(Gadaboursi , Issas et Issack), administrativement divisé en régions :
Les régions de Dikhil, Tadjourah et Obock  forment la  région Afar avec une superficie de 20 300 Km2  (87% du territoire).
La région d’Ali-Sabieh qui est reconnu comme région Somali-Issa s’étend sur 2 400 km² (10% du pays),
– Djibouti-ville, cosmopolite et où sont concentrés les Afar, Arabes, Gadaboursi, Issas et Issack,  représente  600  km²  ( 3% de la superficie du pays).
Deux mois après l’indépendance du pays, le chef de l’Etat Djiboutien, tournant le dos à  la création d’un Etat national, a  confisqué le pouvoir au profit de  son clan et a marginalisé toutes les autres composantes et principalement les Afar.  Durant 47 ans, la majorité de la population de Djibouti sera traitée en  ennemis intérieurs. La région du Nord et du Sud-Ouest est soumise à un blocus économique et sanitaire, interdite aux ONG humanitaires et traitée en zone militaire.

++ Historique des recensements à Djibouti

La République de Djibouti a réalisé trois recensements, depuis son accession à l’indépendance (1977) en 1983, 2009 et 2024.

Ces recensements ont tous pour objectifs de:

  • marginaliser les Afar en réduisant leur nombre,
  • renforcer le pouvoir clanique en place,
  • contrôler les processus électoraux.

Le pouvoir a commencé en 1981 à radier massivement les électeurs des districts de Tadjourah et d’Obock, les réduisant arbitrairement, respectivement de 50% et de 52%.

En 1983, un simulacre de recensement a été entrepris pour justifier ces radiations en réduisant le nombre de la population. Le Bureau Central de Recensement, crée à cet effet, s’est d’ailleurs mélangé les pinceaux en publiant un nombre irréaliste de 273.974 (dont 60 000 Afar) pour la population de Djibouti, chiffre abandonné pour reconnaître 510.000 habitants, tout en maintenant le pourcentage de 20% pour les Afar.

Le recensement de 2009 a été dénoncé par les responsables des districts du Nord et du Sud-Ouest comme étant une mascarade, dans la mesure où les habitants de plusieurs zones de leurs districts n’ont pas été recensés, et ont exigé un recensement fiable.

++ Recensement de 2024 : une grossière manipulation.

 L’institut de la statistique de Djibouti (INSTAD) a publié les résultats provisoires du 3ème recensement (RGPH-3). Ces résultats indiquent  un naufrage démographique des régions de Tadjourah et de Dikhil avec une baisse des populations respectivement de 50% et 40%, et une augmentation anormale de la population de Djibouti-ville.
Ces baisses particulièrement suspectes, ont provoqué des nombreuses contestations et la colère. Des responsables des régions de Tadjourah, Obock et Dikhil  ont manifesté publiquement leur incompréhension et exigé des explications claires sur l’érosion des populations de leurs régions respectives.

Le FRUD :

  • considère  le recensement d’avril 2024 comme nul et non avenu,
  • dénonce les modalités du recensement et conteste la réalité de ces chiffres qui  marginalisent la population des zones de conflit qui n’ont pas été couvertes par les opérations de recensement,
  • demande à tous les Etats  et aux organisations internationales de ne pas  prendre en compte ce pseudo recensement  et de le considérer pour ce qu’il est, c’est à dire une grossière opération frauduleuse des chiffres pour  pérenniser un pouvoir clanique ultra minoritaire et contesté.

Pour le FRUD

    • Mohamed Kadamy , Président
    contact : medkadamy@hotmail.com