23/11/02 (B173 ) Hommage à Abdo Hamargod par Fouroun.

Feu Abdo hamargod, l’un
des génies de la culture djiboutienne, était un homme de théâtre,
comédien, acteur, et doué dans tous les registres. Abdo exprimait
avec passion l’originalité de ses oeuvres, tant par la profondeur que
par la connaissance de la culture djiboutienne. L’ampleur de ses chef-d’oeuvre
d’intelligence et d’esprit ne cesse de fasciner des générations.
Militant de l’indépendance, il a été inquièté
plusieurs fois, pour avoir attaqué le système colonial.

Après l’indépendance
Abdo, comme ce fut le cas de plusieurs artistes, a été condamné
à la misère et au chômage. Cela ne l’inquiétait
guère, car Abdo, enfant du pays, bon vivant, et joyeux comme un morceau
de vie, nous faisait rire et nous rendait triste et amoureux. Djibouti souffrait
d’une crise d’identité et particulier sa jeunesse : Abdo savait saisir
l’identité djiboutienne et la conscience africaine (dans sa chanson
"qarnii" il disait "qarni walibaa dhaqankisaa waa waa inuu
ku dhaartaa").

Au début des années
90, son devoir d’artiste appelle Abdo à présenter un film pour
éduquer les Djiboutiens sur le Sida. Il jouait un personnage typique
djiboutien atteint de cette maladie. Cependant, et tout à fait par
hasard, Abdo, qui souffrait du diabète, est tombé malade quelques
jours après cette projection. Très rapidement, il a perdu du
poids.

Aussitôt des rumeurs,
sans fondements, se sont propagées partout dans le pays, affirmant
qu’Abdo était atteint du sida. En réalité, Abdo était
diabétique. Face à cela, face à ce malheur, face à
cet abandon et à cette ignorance, il a du lutter. En effet il lui était
même difficile de prendre un bus. Tous le regardaient comme un sidaïque
et personne ne voulait plus l’approche. Abdo est mort malheureux et triste
quelques années plus tard.

Il a succombé non
au Sida mais au diabète.

Bref, la dénonciation
et la colère ne suffisent pas à décrire le comportement
de la société djiboutienne envers ce génie. Avant la
pandémie actuelle du Sida à Djibouti, Abdo avait voulu nous
prévenir de ce mal dont le pays allait affreusement souffrir. On a
ignoré ses conseil qu’il nous donnait. Coupables de silence et d’ignorance,
le peuple djiboutien a réservé un triste sort au génie
ABDO HAMARGOG.

Comme Abdo chantait lui
même, je vous laisse avec ses propres paroles "ha igu digan wallaley,
hadu ruuxu danyaroo yahay dadka lagama saaree" .

Que Dieu lui accorde les
clefs du paradis.

FOUROUN.