08/11/02 (B171) ALERTE DE SURVIE CONCERNANT LA SITUATION AU CONGO.

SURVIE « Donner
valeur de loi au devoir de sauver les vivants »


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C O M M U N I Q U É Paris, le 8 novembre 2002

Alerte Congo-Brazzaville : non à
la purification ethnique !
Tout dépend de votre silence

La Rue Meurt, courageux hebdomadaire de Brazzaville, est l’un des rares
médias à dire le sort terrifiant des populations de la région
du Pool, depuis la relance de la guerre civile fin 1998. Les exactions dont
il fait part le 29 octobre, confortées par d’autres sources précédemment
et depuis lors, prennent un sens de plus en plus angoissant : « Depuis
près de deux semaines, les villages du Pool, situés entre Nganga-Lingolo,
Linzolo et Kinkala, d’une part, et sur l’axe Nganga-Lingolo, Linzolo,
Mbanza-Ndoungaaa et jusqu’à Kimpanzou ou Voka d’autre part,
se vident de leurs populations qui convergent toutes vers la capitale. À
les entendre, une horde d’hommes en armes s’attaque, de nuit, aux
villageois, les rançonne et les oblige sous menaces de quitter les
lieux. Ils n’hésitent pas à tuer en cas de résistance.
Qui sont-ils ? Les [rebelles] ninjas sont les premiers à être
indexés. Habitués à prendre les populations en otage,
auraient-ils changé de tactique ? Que visent-ils ? De nombreux témoignages
affirment qu’ils sont équipés d’armes neuves. Seul
point d’ombre, aucun accrochage n’a été signalé
avec les éléments des FAC [forces gouvernementales] dont la
présence est pourtant constante dans cette zone… ».

Ceux qui ont vu le 4 novembre sur Canal+ l’émission 90 minutes
démontant la complicité entre la Sécurité militaire
algérienne et une partie des GIA massacreurs et terroristes seront
frappés des similitudes. Il y en a beaucoup entre les pétrodictatures
du général Sassou Nguesso et des généraux d’Alger
: le même pillage, la même terreur, le même goût pour
les “coups tordus”. S’y ajoutent, depuis bientôt quatre
ans, un acharnement contre les Laris de la région du Pool qui relève
au minimum d’une entreprise de purification ethnique, voire la dépasse
: massacres, viols systématiques, bombardements de civils, incendies
de villages, interdiction des secours humanitaires, etc. Comme si l’on
reprochait à cette population de “mal voter”, qu’il
fallait ruiner son poids démographique et donc électoral…

L’assassinat en 1999 de 353 jeunes réfugiés rentrant de
Kinshasa, les « disparus du Beach », n’est que la face émergée
d’un iceberg de crimes contre l’humanité. Les témoignages
que nous recevons font état d’une nouvelle et virulente poussée
criminelle, affectant la zone sud-ouest du Pool après la zone nord,
au printemps. Des dizaines de milliers de vies sont en jeu. Les témoins
(journalistes, humanitaires) sont tenus à l’écart. On nous
supplie de faire connaître au monde le sort de ces populations oubliées,
et pourtant si proches de Paris – quelques heures d’avion (avec
parfois des voyageurs aux mains couvertes de sang), quelques longueurs à
parcourir pour les milliards de litres d’essence destinés à
nos voitures.

Toute la société française, médias compris, va-t-elle
se rallier au silence organisé par la Françafrique ? Qui va
oser dénoncer la complicité confirmée de l’Élysée
avec l’un des pires régimes de la planète ?

Comment accepter que le silence tue pendant que le pétrole coule ?
« Est-ce ainsi que les Hommes vivent » ?