14/09/03 (B212) L’avenir incertain de Roun, immigrée somalienne qui fuit Djibouti et les menaces à peine déguisées formulées par le Ministre de l’Intérieur. (AFP)

LOYADA (Djibouti), 13
sept (AFP) – « En Somalie, Dieu seul sait quel travail je vais trouver »,
se lamente au poste frontière de Loyada. une immigrée clandestine
somalienne Roun Ahmed Yusuf qui vivait à Djibouti depuis quinze ans.

« Je suis arrivée
à Djibouti avec ma famille à l’âge de treize ans. Maintenant
on nous demande de sortir »,
poursuit cette jolie jeune femme voilée
de rose, en levant les bras au ciel.

Comme Roun, quelque 70.000
étrangers vivant en situation irrégulière à Djibouti
ont plié bagage depuis la fin juillet, après l’ultimatum des
autorités leur intimant de quitter l’ancienne colonie française
le 31 août.

L’écheance, reportée
au lundi 15 septembre à minuit, expire dans un peu plus de quarante-huit
heures.

« A Djibouti, je travaillais
comme femme de ménage dans la cité saoudienne », raconte-t-elle.

Un travail correct, estime
la jeune femme, car « la situation est plus difficile en Somalie ».
Son pays est ravagé par des affrontements entre clans armés
et dépourvu d’un Etat depuis la chute du président Siad Barre,
en 1991.

Roun a choisi d’obéir
à l’ultimatum du gouvernement djiboutien, principalement pour sa sécurité.

« Je suis célibataire, et ma famille qui était venue avec
moi de Somalie est partie en Europe. Il n’y aura personne pour me protéger
en cas de problème »
, explique-t-elle.

Mais de retour en Somalie,
sa situation ne sera pas facile non plus. « Je ne vais pas retourner à
Afgoye, ma ville d’origine, non loin de Mogadiscio, à cause des problèmes
de sécurité », murmure-t-elle.

« Dans un premier
temps, je trouverai refuge chez de la famille », poursuit-elle.

Avec neuf autres passagers,
Roun, qui a payé son trajet « entre 4.000 et 5.000 francs djiboutiens »
(entre 23 et 29 dollars) selon le chauffeur, est descendue du 4X4 pour traverser
le poste frontière à pied, avant de remonter dans la voiture
un peu plus loin.

Elle est partie de Djibouti-ville
samedi vers 16h00 locales. Elle arrivera vers 4h00 ou 5h00 dimanche matin
à Hargessa, la principale ville du Somaliland.