19/10/03 (B217) Encore un autre subterfuge pour le régime corrompu : détourner davantage de deniers publics et d’argent privé.

Que d’institutions
créées pour quelque chose qu’on ne croit plus : le développement.

Après la Banque
de Développement de Djibouti – qu a disparu entre temps – voilà
qu’on annonce une nouvelle institution. La dénomination est différente
; il s’agit d’un Fonds.

Que ce soit une Banque
ou un Fonds, l’important n’est pas la dénomination, mais les résultats
atteints par l’institution. Comme si le développement socio-économique
de la République de Djibouti était vraiment lié à
l’existence de telles institutions, voilà qu’on annonce le13 octobre
dernier la création d’un Fonds de Développement de Djibouti.

Pourquoi la création
d’une telle institution ? Qu’est-ce qui explique l’importance de son existence
en ce moment ? Et en quoi est-elle vraiment différente dans l’idée
comme dans ses interventions par rapport à des institutions qui existent
? D’où vient le montant de son crédit, 1060 milliard de Francs
Djibouti ?

Le Premier ministre annonce
la création de ce Fonds, mais n’explique pas pourquoi est-il créé.
Donc il est légitime de douter la raison qui a conduit le gouvernement
à le créer. Personnellement, je ne vois pas son importance pour
le développement de ce pays. Parce que je considère que la mission
qu’elle est supposée (théoriquement) jouer peut être remplie
par un ministère ou l’ancienne Banque de Développement de Djibouti.

Quant à la dernière
question, il s’agit d’une répétition de quelque chose de déjà
vu.

L’argument selon lequel
sa vocation est le financement des projets productifs privés dans les
secteurs prioritaires est fallacieux, parce que s’il y avait une volonté
politique du gouvernement djiboutien depuis 1977 il n’y aurait pas besoin
de créer un tel fonds.

L’ancienne Banque de Développement
de Djibouti avait ce rôle, mais la mal gestion et la corruption institutionnelle
de la classe politique djiboutienne ont conduit à sa perte et donc
à sa fermeture. Beaucoup de Djiboutiennes et Djiboutiens se rappellent
la principale activité de cette dernière : faire des prêts
aux hommes politiques (députés, ministres, conseillers, espions
en tout genre…). Et ceux-ci n’avaient pas des idées innovantes
en matière industrielle et commerciale, leurs investissements se limitaient
à la construction des villas et autres tristes palais de la honte.

On ne peut douter donc
sur l’objectif principal de ce fonds pour deux principales raisons, premièrement
le fait que ce soit de la volonté d’IOG et deuxièment qu’elle
soit une « entreprise publique à caractère commerciale ».
Dans un pays où tout ce qui est fait résulte de l’humour d’un
seul monsieur, il est normal que les institutions ne fonctionnent pas du tout,
qu’il n’y ait pas de résultats concrets. Et puis comme les citoyens
de ce pays savent bien qu’une institution publique est le lieu privilégié
de la corruption, que ce soit le détournement des fonds publics ou
dans la nomination des fonctionnaires et autres travailleurs invisibles.

Elle a pour mission, écrit
l’ADI, de promouvoir la création d’entreprises à travers l’octroie
des crédits pour la réalisation des projets de développement
dans les domaines tels que le tourisme, l’industrie, le commerce, l’agriculture,
l’élevage et la pêche. Mais voyons qui se moquent-ils ces messieurs,
qui font croire qu’à travers de la création de ce fonds il y
a une innovation dans la mentalité de la classe politique dirigeante.
Cette classe politique dirigeante, qui est attardée dans son développement
intellectuel et obnibulée par la corruption, tente d’introduire des
institutions inutiles pour le développement des activités économiques,
commerciales et industrielles.

Les entrepreneurs djiboutiens
ne sont pas habitués à suivre des démarches administratives
complexes ; ils ont toujours compté sur son entourage familial ou le
ministre, quand celui-ci pouvait leur apporter financièrement à
travers le détournement des deniers publics. Je n’entends pas par « ne
pas être habitués à…  » comme une impossibilité
pour s’ouvrir aux bonnes innovations dans leurs professions. Il y a déjà
certains commerçants qui emploient des systèmes informatiques
de gestion de leurs affaires commerciales.

Les domaines d’intervention
du Fonds sont des lieux juteux pour le système de corruption institutionnalisé
depuis 1977.

Le tourisme est un secteur
de l’économie nationale qui ne fonctionne pas. Il y a un Office du
tourisme, mais qu’a-t-il fait pour promouvoir ce secteur : juste des posters,
quelques cartes postales, quelques objets d’art traditionnel. Ceci n’est pas
faire une promotion du tourisme. C’est un secteur en crise depuis les fameux
attentats du 11 septembre 2001 à New York.

Et il est hypothétique
que l’exploitation des pistes caravanières des siècles passés
et le Lac Assal comme site stratégique pour le développement
du tourisme à Djibouti drainent des milliers de touristes occidentaux
et asiatiques. Parce que je doute que les familles djiboutiennes aient le
pouvoir d’achat et les matériels nécessaires qui leur permettent
de passer une fin de semaine dans ce fabuleux site.

L’industrie, la principale
question qu’il se faut poser est de savoir quelles activités industrielles
peuvent fonctionner dans ce pays ?

Les quelques usines nationales
comme celles de l’eau minérale, de la laiterie de Djibouti, des produits
du bétail ont fermé leurs portes et il est inutile de répéter
la mal gestion, la gabegie et la corruption comme principales causes de leur
fermeture. Mais il faut ajouter aussi que même quand elles ont passé
dans les mains d’entrepreneurs privés, leur gestion n’a pas été
meilleure que celle de l’Etat.

Le commerce, c’est un
secteur constitué par des petits entrepreneurs et des entreprises familiales.
Les grands groupes, encore que l’expression est quelque peu exagérée,
ont comme base la famille. Donc les activités commerciales de ces petites
gens ne demandent pas des investissements importants pour beaucoup de raisons.
Il faut cependant insister sur la particularité dans l’organisation
des femmes qu’on appelle Charcharis, je pense à ces bonnes mères
de famille qui vont jusqu’en Asie du Sud Est.

Elles paient une forte
contribution au système de corruption de l’administration publique
(aéroport et port) et de la classe politique dirigeante.

L’agriculture, c’est à
croire que les Djiboutiens, ex nomades, se sont mis à l’agriculture.

Et que celle-ci est devenue
pour beaucoup d’entre eux une principale source de revenu.

A peine,
Guelleh nommé Docteur Honoris Causa en Agriculture, au Japon, son Ministre,
l’oeil vif et intelligent, se serait cru obligé d’en rajouter sur le
sujet, en termes simples et compréhensibles par tous :

« (…
Le programme) a pour objectif principal de réduire le déficit
vivrier grâce un accroissement de la production nationale ( animale
et végétale ) et à un meilleur contrôle des causes
de fluctuation inter annuelle de cette production. »

Peut-on
traduire en ces mots ? « Avec la production du PK1, nous pourrons nourrir,
non seulement tous les Djiboutiens qui restent, mais aussi une partie de l’Afrique
de l’est …! »

Faut
pas rêver quand même !

Le secteur agricole a
toujours été minoré dans les projets gouvernements. Jugez-en
l’échec du projet du PK 20 où l’Etat a perdu des millions de
nos francs ; millions qui ont été retirés des caisses
publiques, mais qui ont rempli les poches individuelles des ministres et autres
coopérants étrangers. Le principal problème, que les
courageux entrepreneurs de ce secteur sont confrontés, est l’eau. Le
problème de la formation technique peut être pallié.

La pêche, comme
l’agriculture, est délaissé par les différents gouvernements
de ce pays. Une illustration : le port de pêche qui a été
construit à Djibouti n’a jamais fonctionné comme tel sinon comme
dépôt et parking aux produits et voitures de transport éthiopiens.

L’élevage, il y
a un type d’élevage lié au pastoralisme de nos sociétés
afar et somali. Un secteur fermé aux innovations, c’est ce qui explique
l’échec de l’usine des produits du bétail de Djibouti.

La forte dotation financière
du Fonds, 1060 milliards de FD indique bien la provenance de son crédit
: l’accumulation des deniers publics détournés par les hommes
politiques. Parce que je pense que le secteur bancaire local ne pas crédit
à l’Etat compte tenu ce qui est arrivé à certaines banques
qui ont fermé. Les prêts faits à certains politiques en
fonction dès nos jours n’ont jamais été remboursés
et celles-ci ne veulent plus prendre un autre risque.

Quelle conclusion faut-il
tirer de cette présentation ?

Personnellement le fonds
n’est autre qu’une manière de donner un nouveau souffle au système
corruptif de la classe dirigeante et de lui permettre de se maintenir pour
beaucoup de temps. Parce que je ne vois pas ce qui interdirait à un
ministre, par exemple le ministre de tutelle, celui de l’économie et
des finances, de ponctionner directement sur les caisses de ce fonds comme
il a l’habitude de faire pour celles du ministère ou de l’ancienne
caisse nationale des retraites. Ou encore d’IOG, puisque c’est sur sa volonté
qu’il a été créé, de se servir directement.

Aussi en finançant
des projets privés ambitieux, c’est une manière de contrôler
l’économie nationale, de surveiller davantage les deniers privés
et ainsi d’augmenter les malversations financières régulières
et publiques, puisque les aux futurs entrepreneurs doivent payer des intérêts
et c’est là que la manipulation va jouer beaucoup à la faveur
de ceux qui administrent le fonds.

Ce fonds s’ajoute à
une autre technique : les licences accordées aux exportateurs djiboutiens.
C’est qui est mal sain dans le fonctionnement de d’un tel fond, ce sont les
critères arbitraires pour élire un projet et ainsi de constituer
une élite économique à la bote du régime en place
sinon d’un homme. Ce qui permet de créer un autre type de clientélisme.
Je risque qu’on introduise de manière lâche des taux d’intérêts
variables et à la tête du client qui n’existent pas pour le moment
ou que ceux-ci n’ont pas intégré dans leur vie professionnelle
ou encore que le Fonds s’approprie la propriété d’une entreprise
quand l’entrepreneur ne peut plus satisfaire ses obligations contractuelles.

Dernière question
pour conclure, à quoi sert un tel Fonds quand IOG accorde des avances
sur les deniers publics à son ministre de l’économie et des
finances, lequel pourrait demander un prêt aux banques de la place :
maintenir le système corruptif.

Elmi
Awaleh