10/04/05 (B293) ALERTE : la situation pourrait devenir rapidement explosive à Djibouti. La France et les USA pourraient-elles avoir à défendre des intérêts contradictoire en cas de crise politique majeure à Djibouti ? (JLS – ARDHD)

Tous les ingrédients
pour des mouvements populaires répétées et de grande
ampleur semblent avoir été réunis.

D’un côté,
un dictateur qui a asservi la population, ruiné l’économie,
aboli toutes les libertés, violé les Droits de l’Homme, dénaturé
la Justice, anéanti les système éducatifs et sanitaires.
Une famille régnante qui s’est enrichie honteusement en trafiquant les
comptes publics, en vendant le patrimoine national et en accaparant toutes
les richesses.

De l’autre, le Peuple
exsangue, dont le niveau de pauvreté n’a cessé de s’accroître
dans des conditions dramatiques, depuis des années. Ce même Peuple
toujours contraint par la force de voter et de faire semblant de soutenir officiellement, habillé en petits hommes verts (par décision d’IOG), le dictateur unaniment détesté, qui ne bénéficie
plus que de quelques rares supporters, issus :

– soit de la famille et
des proches : Djama le procureur, Djama Ali Guelleh à l’EDD, le directeur
de la Banque nationale, les généraux Fathi et Zakaria, Hassan
Saïd, etc..,

– soit des grands repentis
: Me Aref, Aden Robleh, Moumin Bahdon, Kiffleh, Gabayo et autres … certainement
moins solidaires avec le pouvoir, dès lors que les effets de la débacle
se feront sentir …

Aujourd’hui, le dictateur
ne dispose plus d’aucune marge de manoeuvre ; il n’a plus d’autre choix que
de radicaliser, si cela est possible encore, son régime et de le durcir
pour réprimer les manifestations d’opposition à son système,
qui n’a aucun avenir de toutes les façons.

Le Peuple, qui a dépassé
depuis longtemps les limites du supportable, n’en peut plus et il prend brutalement
la mesure de ses droits légitimes et de sa force, face à l’injustice
promue au niveau de règle de Gouvernement. Il a mesuré l’impact
de ses démonstrations pacifiques et il ne va pas s’arrêter en
chemin. Le Peuple sait que d’autres peuples ont réussi à chasser
leur tyran : Ukraine, Portugal, etc… et qu’il peut licencier Guelleh et
sa bande pour fautes professionnelles graves …

Mais le dictateur et sa
bande de sbires : Généraux, SDS, FNP, ne vont pas se laisser
faire sans résister et ils ne peuvent que tenter de gagner une dernière
bataille antidémocratique afin de conserver leurs avantages et d’éviter
de prévisibles poursuites judiciaires pour crimes, viols, destruction
et expropriation forcée, et pour exécutions arbitraires et extrajudiciaires.

Tous les ingrédients
sont réunis pour que l’on risque d’assister à des événements
d’une gravité exceptionnelle à Djibouti. Les appels de l’opposition
sont clairs et les dirigeants savent qu’ils ne faut pas relâcher la
mobilisation, car l’occasion ne se représentera pas tous les jours.

Le Peuple djiboutien a le soutien des grandes associations internationales qui sont informées
régulièrement de la situation et des conditions dramatiques
que lui impose le Dictateur. Il faut absolument qu’il puisse être appuyé par l’opposition en exil, pour qu’elle multiplie les actions comme celles du 8 avril, afin de conforter et de crédibiliser/ médiatiser ceux qui vont conitnuer à manifester au pays (à l’exemple du peuple Togolais et des manifestations d’exilés) . Le Peuple dispose aussi d’un soutien militaire
avec les forces de la résistance qui sont sur le pied de guerre, ayant
reçu le renfort de nombreux jeunes qui l’ont spontanément rejoint
: militaires déserteurs, privés d’emploi, …

La question qui se pose
encore est de savoir quelle sera l’attitude des forces militaires étrangères
présentes sur le territoire.

La France, comme d’habitude,
serait certainement tentée d’intervenir en faveur du maintien de la
dictature et de l’oppression populaire, en prétendant que les actions
sont dirigées depuis l’étranger et que son intervention serait
légitime, dans le cadre des accords de défense. Mais heureusement
il y a aussi les américains qui observent … ce qui compliquerait
probablement une tentative d’intervention française.

Les américains
n’ont aucun intérêt à défendre le système
de Guelleh :

– d’abord, ils se doivent
de protéger leur image de marque et une intervention en faveur d’une
dictature de notoriété publique, ferait vraiment mauvais effet
à l’heure actuelle où ils cherchent surtout à démontrer
qu’ils n’agissent que pour l’instauration de véritables démocraties
et pour libérer les peuples … de leurs bourreaux,

– ensuite, ils ont compris
que le régime de Guelleh ne tiendrait pas longtemps (affaire de jours,
de semaines, de mois ?) et qu’à terme l’opposition prendra les choses
en main. Pour conserver leur position stratégique, ils ont intérêt
à ne rien faire, s’ils ne décident pas discrètement de
soutenir l’opposition et ses actions. Donner du fil à retordre à
la France, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire ne déplairait
certainement pas aux américains qui veulent s’imposer dans une Afrique
encore partiellement sous influence française.

Bref, la situation se
tend un peu plus chaque jour. La fraude électorale et les mensonges
de Guelleh et de son Ministre de l’Intérieur sont-elles la goutte d’eau
qui fera déborder le vase ? Rapidement, Guelleh sera contraint de multiplier
la répression, qui a déjà commencé avec de nombreux
prisonniers, dont de très nombreuses femmes. Comment pourra-t-il éviter de commettre dans un proche avenir
les plus grandes bêtises de sa carrière (peu recommandable). Fatalement, les
institutions internationales seront obligés de prendre position : U.E.,
ONU, etc… La France devra s’incliner face aux critiques et elle tentera, sans y croire, de sauver les meubles, enfin
ce qui restera de ses positions.

Le Peuple djiboutien a
toujours été ami des Français mais il s’est fait « avoir »
à de nombreuses reprises par les politiques. Il en a « marre »
de « subir » la politique de la France, de ses gouvernants et de sa
diplomatie qui prend toujours position contre lui. L’amitié et la confiance
entre les populations sont intactes, mais la France, en tant que Gouvernement,
n’a plus la même place dans le coeur des Djiboutiens et personne ne
pourrait leur donner tort.

D’où un paradoxe
qui pourrait se révéler consternant :

– la France aura intérêt
à soutenir Guelleh pour tenter de sauver des positions fortement compromises, contre les intérêts du Peuple,

– les USA auront intérêt
à soutenir l’opposition pour consolider leurs positions stratégiques
à Djibouti, avec l’aval des habitants.

Comme dommage collatéral,
on pourrait assister à une tension grandissante entre les deux pays
: France et USA. L’opposition aura tout intérêt à jouer
de cette situation, à l’instar de ce qu’a fait Guelleh depuis plusieurs
années, le terrassant avec ses propres stratégies.

Ensuite, il ne restera
plus à la France qu’à établir le bilan de toutes les
erreurs commises par sa diplomatie et de son refus d’écouter les nombreuses
mises en garde qui lui ont été adressées par les opposants
et par les Associations, dont la nôtre qui ne cesse d’alerter le Gouvernement
français sur le danger qu’elle fait courir à une population
au bord du désarroi.

Bref, les jours du régime
de Guelleh sont comptés, à condition que le Peuple conserve
l’initiative et qu’il tienne les choses en main sans ne jamais désarmer,
multipliant manifestations pacifiques et actions de dénonciation des
crimes et de la fraude manifeste.

Nous sommes très
inquiets au sein de l’Association des risques de dérapage qui seraient
la responsabilité du régime aux abois, prêt à n’importe
quelle action pour gagner du temps, y compris à prendre la décision
de commettre l’irréparable et d’ordonner un bain de sang et des massacres
généralisés.

Jean-Loup
Schaal